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plus qu'il est probable que beaucoup de ces habillements avaient dû appartenir à la fameuse Héluyse de Joinville, vicomtesse de Vesoul et dame de Faucogney, sœur de Jean de Joinville l'historien de St-Louis. D'après cet inventaire on comptait dans les garde-robes du donjon, au second étage : une robe de laine croisée d'Irlande de couleur vert-plombé avec la cotte, le surcot fourré de menu-vair et le corset; une robe écarlate claire avec ses cinq garnitures dont quatre fourrées de menu-vair; une robe de moire rouge avec ses cinq garnitures dont quatre fourrées de menuvair; un surcot de moire noire fourré de menu-vair; deux pans de manteau, l'un d'hermine et l'autre de menu-vair; vingt-deux aunes de moire rouge (dont on disposa en faveur des enfants de Jean de Faucogney, petits-enfants de Héluyse de Joinville); un pan d'étoffe dite crépon; un demipan de menu-vair; un manteau de femme en moire jaune ; un chapeau de velours vert; un pourpoint piqué en laine de couleur vert foncé; un chapeau fourré de vair; un petit corset de tartanne fourré de menu-vair; une cotte en laine vert-plombé; trois garnitures en laine écrue, trois en laine rouge et quatre en tartanne verte, toutes simples; sept surcots en cotonnade des Indes jaune, fourrés de menuvair; une cotte de velours rouge; deux courtes-pointes de laine rouge; trois serges neuves; une serge écrue; une cotte de bougran; une serge rayée neuve ; une autre serge rayée; une serge échancrée; une serge blanche; une serge rouge foncée; une vieille serge rayée; une vieille serge verte; une vieille couverture verte fourrée de vair ; un lit complet avec quatre couvertures (tapis) armoriées aux armes des Faucogney; quatre couvertures vertes ; une couverture rouge neuve fourrée de petit-gris; six aunes de moire rougeâtre ; un lit garni en serge brune; une serge ouvrée; une vieille couverture en peau de lapin; trois vieilles couvertures ouvrées ayant perdu leurs fourrures; une grande serge écrue et échancrée; une cotte de bou

gran; trois tapis bruns; une vieille couverture verte fourrée de vair; une couverture verte fourrée en martre ; une vieille couverture en peau de lapin; une serge rayée; deux vieilles couvertures rayées; deux cottes de bougran ; une vieille serge échancrée; une vieille serge rayée; un petit tapis à bord rayé ; une courtine en toile écrue; six carrés de soie; treize cuillères d'argent ; un chapeau en fourrure; sept petites ceintures d'argent; deux vieillès ceintures d'argent garnies de fourrure; huit ceintures d'argent neuves; une petite bourse en velours jaune ; quatre aunes de laine; une image d'ivoire; trois petites aumônières d'argent; un chapeau de fourrure; une coiffe et un petit surcot de fourrure ; deux draps de laine écrue; un chapeau de castor; un petit flacon et trois images en ivoire; un tressoir (ornement de tête) en fourrure; de vieilles ferrures de ceinture d'argent du poids d'un demimarc; deux douzaines de cuillères d'argent ; un hanap en onyx; une ceinture d'argent ; quinze anneaux d'or; deux fermaux d'or; six hanaps d'onyx à pied d'argent; un drageoir et une buire; un pied d'argent ; une coupe d'argent sans couvercle; quatre vieilles ceintures d'argent; un couteau en jaspe à viroles d'argent; un autre couteau ; une buire d'argent ; quatre grands plats de cuivre ; dix petits pots de cuivre ; deux chaudières; sept pelles dont une de fer; trois grands bassins à mains et trois à barbe ; un petit coffre; trois échelles; trois crémaillères; un chaudron; une broche à rôtir; une broche en fer; deux trépiers; un saloir; quarante-cinq bandes de lard et demie ; un seau de saindoux ; vingt-six pains de graisse; vingtdeux livres de cire; trente-deux fromages; quinze tonneaux de vin pouvant contenir environ vingt-cinq muids à la mesure de Vesoul; trente-quatre pots d'étain; au grenier deux bichots de froment avec vingt-neuf bichots de seigle, dix-huit d'avoine, neuf de millet et neuf quartes de pois. Le sieur Villeinin de Faucogney avait en garde douze ha

naps d'argent, deux arbalètes à tour et cinquante-quatre autres, huit baudriers, quatre-vingt-quinze cottes et chaperons de mailles, trente-quatre jupes de mailles, quarantesix draps, huit nappes, quatre pièces de toile, une grande quantité de chanvre filé, un carquois (1).

C'était dans les caves sises, comme nous l'avons dit, audessous du rez-de-chaussée du donjon ainsi que dans les greniers de ce bâtiment qu'étaient conservées les denrées de toute nature provenant des revenus de la terre de Faucogney. Sous les ducs de Bourgogne, les recettes et dépenses du grenier de Faucogney firent l'objet d'une comptabilité spéciale, et les comptes du receveur sont encore conservés aux Archives de la Côte-d'Or.

Nous rapprocherons de l'inventaire que nous venons d'analyser, celui qui fut dressé en 1510 par les commissaires de l'archiduchesse Marguerite. A cette époque, le mobilier, relativement considérable en 1319, avait complètement disparu et on ne trouve plus guère que des armes, savoir dans la grande salle du troisième étage, une serpentine de fer de six pieds de long avec son caisson et montée sur un affût supporté par deux roues de bois non ferrées; dans un petit retrait sous cette salle, huit arquebuses à crochets tant en fer qu'en cuivre, dont l'une brisée; au même endroit une caque et demie de poudre å canon, le quart d'une caque remplie de fers pour traits d'arbalètes, 120 boulets de fonte, plusieurs moules pour fondre boulets et grosses balles destinés aux serpentines, arquebuses et couleuvrines; dans le poële et chambre du châtelain, sept arquebuses à crochets dont trois de cuivre et quatre de fer, plus une couleuvrine à main aussi en cuivre, une grande arbalète d'acier garnie de son guidal et de son bandage; au coin du château vers la montagne, deux courtaux ou canons courts en fer, sans affùts, l'un

(1) Archives de la Côte-d'Or. B. 4675 (bis).

d'environ trois pieds de long et l'autre de deux pieds; devant la porte du château un engin composé de pièces de bois avec treuil servant à monter au château les pierres, les bois et les matériaux nécessaires; dans la chapelle, une serpentine d'environ 12 pieds de long avec son caisson, montée sur un affût, une autre serpentine de huit pieds aussi avec son caisson et montée sur un affût, deux autres serpentines d'environ 6 pieds de long avec leurs caissons, deux courtaux de fer, l'un monté sur affût et l'autre non, six grosses arquebuses de fer à crochets garnies de leurs affûts et chevalets. La valeur des autres meubles du château, disent les commissaires, n'excédait pas la somme de cent sols.

Le château de Faucogney fut rendu par composition aux troupes de Louis XI, et son gouverneur Jean de Vaudrey fut, au mépris de la capitulation, amené à Luxeuil où on le décapita (1). Il ne paraît pas que pendant les guerres du XVIe siècle et pendant celles de la période française de la guerre de Trente ans, il ait eu beaucoup à souffrir. En revanche, lors de la seconde conquête de la FrancheComté par Louis XIV en 1674, il fut le dernier boulevard de l'indépendance comtoise. Faucogney avait alors pour gouverneur Jean-Baptiste Henrion qui réunissait dans sa personne les fonctions de maïeur de la ville et de capitaine du château. Sommé par le marquis de Resnel, commandant le détachement français qui avait reçu les capitulations de Vesoul et de Luxeuil, d'avoir à livrer la place sans coup férir, il répondit qu'il la défendrait, au contraire, jusqu'à la dernière extrémité, bien qu'il eût peu d'espoir d'être secouru, tout le reste de la province étant déjà soumis. Une attaque de vive force, plutôt qu'un siège régulier, commença aussitôt. La lutte dura plusieurs jours avec des péripéties diverses dont nous avons une double relation, l'une écrite

(1) Gollut.

au point de vue comtois et espagnol, l'autre favorable å l'armée française (1). Enfin le 4 juillet 1674, la ville fut emportée d'assaut et incendiée, les habitants massacrés et les femmes, même celles qui s'étaient réfugiées dans l'église, outragées par les vainqueurs. Mais le château tenait toujours; sa situation en rendait l'assaut presque impossible; seulement une batterie installée sur une hauteur qui le dominait un peu au nord-est, fit une brèche considérable à ses murailles, abattit un des angles du donjon et tua un grand nombre de ses défenseurs. Le capitaine Henrion menaçait de faire sauter la vieille tour féodale quand le marquis de Resnel lui accorda non-seulement la vie sauve pour lui et tous ses soldats, ainsi que pour les bourgeois de la ville qui s'étaient réfugiés dans le château, mais encore de sortir à leur tête, l'épée à la main, ceint de l'écharpe rouge d'Espagne, tambours battants et mèche allumée, suivant l'expression de l'époque. Cette valeureuse conduite valut à son auteur les félicitations personnelles de la cour de Madrid. Le gouvernement de Louis XIV tint à honneur à son tour de s'attacher un si brave soldat en lui conservant ses fonctions de maïeur de Faucogney et en l'anoblissant. Jean-Baptiste Henrion, après avoir rempli fidèlement son devoir, n'hésita pas à se rallier de cœur au nouveau régime, car il comprit que la prospérité de la province n'avait qu'à gagner à sa réunion à la France.

Le château qui avait eu beaucoup à souffrir dans cette circonstance fut démoli dans les dernières années du XVIIe siècle. La plupart des pierres provenant de ses murs et de ses assises qui avaient si longtemps bravé les siècles, furent employées à la reconstruction de la ville brûlée complètement le 4 juillet 1674. On ne trouve plus sur l'étroite plate-forme que couronnait jadis un des plus antiques ma

(1) Voir Ordinaire: Deux périodes militaires de Besançon, et de Piépape: Histoire de la conquête de la Franche-Comté,

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