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conciles défend, soit aux moines, soit aux clercs, de demeurer ou seulement de coucher dans les monastères de femmes. (Voy. conciles de Mâcon, en 581, de Nicée, en 787, etc.) L'entrée des couvents d'hommes était expressément interdite aux femmes. Le concile de Tours, en 566 ou 567, excommuniait l'abbé qui n'observait pas cette injonction.

Jusqu'à la fin du huitième siècle, il y eut des monastères doubles d'hommes et de femmes. Les désordres qui en résultaient déterminèrent le concile tenu à Nicée, en 787, à les défendre à l'avenir. Il conserva toutefois ceux qui étaient fondés suivant la règle de Saint-Basile.

En 506, le concile d'Agde avait, dans son 28° canon, recommandé expressément d'éloigner les uns des autres les monastères de moines et de religieuses 1.

Citons encore quelques faits qui donneront une triste idée des mœurs monastiques et cléricales.

« Les prêtres et les moines coucheront toujours sculs, dit le concile de Tours en 566 (ou 567). Cette prescription fut étendue par le concile de Paris, en 1212, aux chanoines réguliers et aux religieuses.

Le concile de Constantinople, en 692 (can. 77 et 86), défendait aux moines de se baigner avec les femmes, et déposait les clercs qui feraient métier de nourrir et de réunir les femmes de mauvaise vie, ou autrement dit qui tiendraient des maisons de prostitution.

1 Cette défense, souvent réitérée, ne fut guère observée, et donna licu parfois à d'étranges désordres. Pour s'en faire une idée, on peut, sur une affaire scandaleuse qui fit grand bruit au dix-septième siècle, et où il s'agissait d'un couvent de cordelières soumises à des cordeliers, Provins, consulter l'Histoire de cette ville, par M. F. Bourquelot. t. 11, pp. 265 à 277.

à

« Depuis l'arrivée des Normands, dit Orderic Vital, it régnait en Neustrie une grande dissolution dans les mœurs du clergé, à tel point, que non-seulement les prêtres, mais encore les prélats, usaient librement du lit des concubines, et faisaient parade de la nombreuse famille qu'ils en obtenaient.... Le pape Léon IX, en 1049, tint un concile à Reims, et, entre autres biens qu'il fit à l'Eglise, il statua que les prêtres ne pourraient porter les armes, ni avoir des épouses. Depuis cette époque, cette funeste habitude commença à s'affaiblir. Cependant les prêtres, en quittant volontiers le maniement des armes, ne veulent pas encore s'abstenir de courtisanes, ni s'attacher à la continence 1. »

<< Jean, archevêque de Rouen (avant 1007), travailla avec constance, dit ailleurs le même chroniqueur, à enlever aux prêtres impudiques les concubines qu'ils entretenaient. Tandis qu'il leur adressait ces défenses en plein synode, sous peine d'anathème, il fut poursuivi et frappé de pierres, pendant qu'il fuyait de l'église, et s'écria: «< 0 mon Dieu! les gentils ont envahi ton héritage 2. »>

<< L'an du Seigneur 1129, dit Mathieu Pâris, le roi Henri tint aux calendes d'août un grand concile à Londres, pour interdire le concubinage aux prêtres. Guillaume, archevêque de Cantorbéry, Turstan, archevêque d'York, et leurs suffragants, étaient présents à ce concile. Henri trompa tous les prélats, grâce à l'imprévoyance malhabile de l'archevêque de Cantorbéry. En effet, le roi obtint haute justice sur les concubines des prêtres; mais

'L. IV, collect. Guizot, t. XXVI, p. 386. L. IV, ibid., p. 162.

cette affaire devait se terminer par un grand scandale; car le roi gagna beaucoup d'argent, en vendant aux prêtres le droit de garder leurs concubines. Alors, mais trop tard, les évêques se repentirent de la permission qu'ils avaient accordée, quand il devint évident aux yeux de tous que les prélats étaient joués, et que la dignité de l'Eglise était compromise 1. >>

Les prédications, les tentatives partielles de réformation dans l'Eglise, ne parvinrent que bien peu à modifier cet état de choses. A l'époque de Luther, on voit les mêmes plaintes se renouveler, et toujours aussi inutilement. Adrien VI (mort en 1523), n'étant encore que doyen de Saint-Pierre de Louvain, avait essayé d'améliorer les mœurs de ses collègues. Sa bonne volonté faillit lui coûter cher; car il fut empoisonné par la concubine d'un chanoine, et ne dut la vie qu'à l'habileté de son médecin. Il renonça dès lors à ses projets de réforme, déclarant que les évêques étaient responsables des désordres qui affligeaient l'Eglise. « Il est sûr, dit Bayle, que notre doyen marquait la cause du mal. La négligence des évêques ou de leurs vicaires était la source du désordre. Ils ne s'informaient point si ceux qui étaient admis aux bénéfices avaient bien vécu, avaient donné de bonnes preuves d'un tempérament flexible vers l'abstinence des plaisirs du corps. Ce défaut d'examen était une porte par où entraient dans l'Eglise une infinité de gens qui s'étaient déjà pliés du côté de la sensualité. C'est un pli que l'on défait mal aisément, et qui se fortifie de jour en jour; il se convertit en habitude, maladie presque incurable. Voilà pourquoi les exhortations de notre Hadrien

'Traduction Huillard-Bréholles, t. 1, p. 293.

n'eurent aucune vertu sur des chanoines engagés depuis longtemps à la crapule et aux voluptés du concubinage. Ils s'étaient tellement acoquinés à ce train de vie, qu'ils ne comprenaient pas comment il serait possible qu'ils vécussent sans cela. On a infiniment plus de peine à résoudre au mariage un garçon de quarante-cinq ou cinquante ans qu'un veuf de soixante, qui vient de perdre sa femme, tant est grande la force de la coutume! La concubine, de son côté, n'a pas moins de peine à se séparer de son chanoine, après avoir été plusieurs années à pot et à feu chez lui. « Où irais-je, dit-elle, que ferais« je? où trouverais-je un si bon lit, une si bonne table, un « si bon feu ? » La voilà donc, avec ses compagnes, trèsdisposée à s'opposer aux desseins du réformateur. Un courage plus intrépide eût été fort nécessaire au doyen de Saint-Pierre de Louvain; car le poison de ces concubines-là n'était guère moins redoutable que le poignard des bandits. Ne se sentant point de vocation au martyre, il aima mieux laisser les choses où elles étaient que de s'exposer à la haine et même à la mort, en les voulant réformer In magnis voluisse sat est, dit-il, sans doute 1.

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L'autorité ecclésiastique, non contente de sévir con

1 Art. HADRIEN VI, note Z. On peut, sur les mœurs du clergé à diverses époques, consulter outre les conciles le Diarium d'Odon Rigaud, archevêque de Rouen au treizième siècle, ouvrage qui a été publié pour la première fois, Paris, 1846, in-4, et l'Hodaporicon d'Ambroise le Camaldule (mort en 1439), qui avait entrepris par ordre d'Eugène IV la réforme de plusieurs couvents des deux sexes. On trouve dans ce dernier ouvrage des anecdotes très-piquantes, et des détails si explicites sur les débauches des moines et des nonnes, que l'auteur a cru devoir les raconter en groc. Voy. encore les cahiers de doléances présentés par les députés aux divers états généraux de France.

tre les clercs qui violaient les lois de la chasteté, punissait aussi leurs complices. Le 45° canon du concile de Tolède, en 633, ordonnait de vendre les femmes qui auraient péché avec des clercs.

Le concile d'Augsbourg, en 952, en défendant aux clercs d'avoir chez eux des femmes sous-introduites 1, permettait à l'évêque, s'ils en avaient une de réputation suspecte, de la faire fustiger, et de lui couper les cheveux; le concile déclarait (can. 4) que, si la puissance séculière s'y opposait, on devait employer l'autorité du roi.

D'après le canon 7o du concile de Londres, en 1127, les concubines des prêtres et des chanoines devaient être chassées, et, si elles persistaient dans leur commerce criminel, elles devaient être mises en pénitence ou vendues.

.. Un célèbre prédicateur, Foulques de Neuilly (mort en 1201), poursuivit avec véhémence « les prêtres impudiques et leurs concubines qu'il appelait les juments du diable, dit Jacques de Vitry. Il les montrait du doigt, et criait après eux de telle sorte, que presque toutes les servantes de cette espèce abandonnèrent leurs prêtres. Une femme noble, habitant un village qu'elle possédait, avertit à plusieurs reprises un prêtre d'avoir à quitter sa concubine; celui-ci s'y refusa, et elle lui dit : « Je ne puis exer«<cer aucune puissance contre vous, et cependant tous <«< ceux de ce village, qui ne sont pas clercs, sont soumis à <«< ma juridiction.>> Alors Foulques, ordonnant de conduire auprès de lui la concubine du prêtre, lui fit faire une large tonsure, et lui dit : « Puisque tu ne veux pas quit

1 C'était le nom que dès les premiers siècles du christianisme on donnait aux femmes qui logeaient chez les clercs.

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