AVANT-PROPOS. Les titres du prieuré de La Charité-sur-Loire offrent un grand intérêt pour l'histoire particulière. L'objet des pièces est très-varié; outre le Nivernais et le Berry, qui sont largement représentés, elles concernent la Champagne, la Normandie, la Touraine, l'Ile-deFrance; plusieurs ont une origine étrangère. Ce sont des bulles des papes, des lettres des rois de France, d'Angleterre et de Portugal, des chartes d'évêques et autres grands feudataires, des donations de chevaliers partant pour les croisades, des cessions et traités avec les voisins, des fondations d'anniversaires. Entre les deux pièces extrêmes, l'acte de fondation du couvent en 1059, et l'accord avec les vicaires de La Charité en 1674, il se déroule une longue série de dates; mais la majeure partie des chartes s'appliquent à la période vivante et féconde du moyen-âge (1). L'église de La Charité ne semble pas avoir suivi l'exemple des couvents qui, pour la plupart, ont fait transcrire au treizième siècle le recueil de leurs titres; (1) Le onzième siècle fournit 12 pièces; le douzième, 57; le treizième, 67; le quatorzième, 19; le quinzième, 10, et le dix-septième, 8, en tout 173 chartes. Quelques-unes seulement ont été imprimées dans les grandes collections historiques. il ne reste ni traces ni souvenir d'un cartulaire de cette époque (1). A la fin du dix-septième siècle seulement, un moine de La Charité, dont le nom n'est porté nulle part, a entrepris cet important travail sur le modèle des cartulaires anciens el à l'aide des pièces originales du « Trésor des chartes du prieur ». Son manuscrit, un bel in-folio de 700 feuillets, a subi les vicissitudes de bien des objets d'art plus séduisants; après être resté ignoré pendant de longues années, M. Duvivier, l'éditeur des Archives de la ville de Nevers, de Parmentier, pria M. Eysenbach d'en signaler l'existence au public dans un article de la Bibliothèque de l'École des Chartes (2), puis il devint la propriété de M. Girerd, qui m'a très-gracieusement accordé l'autorisation de le publier. La disparition presque certaine des originaux de La Charité, l'intérêt des chartes, malgré leur copie trop récente, et d'autre part, la difficulté de consulter un manuscrit qui n'est pas dans un dépôt public, feront apprécier, je l'espère, l'œuvre anonyme du vieux moine et les éléments de recherches que j'ai cru devoir y ajouter. (1) Une lettre de Philippe-le-Bel de 1295 (p. 275), rappelant les donations antérieures, dit: In cartulario dicti conventus contentis. Peut-être ce manuscrit a-t-il disparu dans les incendies des huguenots? (2) T. III, p. 563. - Article reproduit dans l'Annuaire de la Nièvre, 1846, p. 101, à propos d'une charte du prieuré de Venlock, en Angle terre. |