Imágenes de páginas
PDF
EPUB

cèdent, et d'une encre beaucoup plus noire. Ces cinq pièces sont écrites sur une feuille de parchemin dont la 4o page est occupée par le premier tiers de l'acte de l'année 1266, qui est d'une écriture intermédiaire entre le gothique élégant et la mauvaise écriture plus moderne dont la charte de 1506, assez difficile à lire, offre un échantillon.

Nous devons ajouter que le fragment que nous avons donné sous le no 124, est d'une écriture assez semblable à celle des documents 118 à 123. Il fait immédiatement suite à la charte de 1306, sur la page où finit celui-ci.

Les titres ou petits sommaires latins des 56 premières chartes, sont numérotés en rouge; les suivants, jusqu'au 116o, ont un numéro en traits maigres, allongés, qu'on distingue à peine. En tête du cartulaire est une table des actes, reproduction incomplète des titres et des numéros qu'on trouve dans le volume. Cette table est composée de trois parties, écrites par trois copistes différents, et en caractères gothiques qui n'ont pas été tracés par une seule main. Les 56 premiers titres et numéros de ce registre sont d'un rouge éclatant, comme les 56 premiers du cartulaire. Les autres titres et numéros, du 57e au 77e, sont en noir et d'une écriture plus fine. Suit une nouvelle table, ou la troisième partie de la table générale, comprenant les titres et les numéros de 30 chartes, de la 57o à la 87o, d'une autre écriture et d'un noir moins prononcé que celui des précédents.

L'acte le plus récent de ce recueil, en caractères gothiques, est le 77o, de l'an 1259. Les deux derniers, des années 1266 (v. st.) et 1306, ont été ajoutés après coup: ils ne font point partie du cartulaire d'Oujon proprement dit, quoiqu'ils se rapportent à la chartreuse vaudoise, comme

d'autres actes d'une époque plus moderne, encore inédits. Le recueil que nous publions est, à vrai dire, le livre des donations faites au couvent d'Oujon et des actes qui confirment ces donations.

Il résulte de ces divers renseignements que notre cartulaire, composé de chartes transcrites par plusieurs copistes, n'a pas été écrit plus tard que vers l'an 1260. Plusieurs chartes n'ayant pas été datées par les clercs qui les ont rédigées, nous avons marqué en tête de ces actes l'époque à laquelle chacun d'eux nous semblait appartenir. Plus tard, en travaillant aux tables qui font suite à ce recueil, nous avons dû établir des rapprochements et des comparaisons, et nous livrer à des recherches chronologiques qui ont eu pour résultat la découverte de quelques erreurs dans nos supputations précédentes, et la rectification de ces erreurs1. Nous avons acquis la conviction que sur 126 documents que contient notre cartulaire, les 124 premiers, en caractères gothiques, aboutissent au commencement de la seconde moitié du 13e siècle; que 9 appartiennent à la seconde moitié du 12o, 103 à la première moitié du 13e, 12 (non compris celui de 1266, ou plutôt de 1267, n. st.) à la seconde moitié de ce siècle, et un seul, ajouté longtemps après, au 14o.

Si le cartulaire avait été écrit plus tard que vers l'an 1260, on aurait enregistré les actes d'une époque plus récente, relatifs à Oujon. Ainsi que nous l'a fait observer un habile critique3, à qui nous avons communiqué les feuilles

[blocks in formation]

* Il en existe : nous en connaissons quelques-unes du 14e et du 15e siècle, dont M. Martignier a bien voulu nous communiquer les copies, qui font partie de sa collection.

'M. E. Mallet, dans une lettre du 2 avril 1852. Nous avons eu plus d'une fois l'occasion de profiter des travaux dont ce savant a enrichi le

imprimées de ce recueil, et exprimé des doutes au sujet de la date présumée de certaines chartes, il n'est point probable qu'au milieu d'un cartulaire dont la plupart des pièces sont de la première moitié du 13e siècle, on ait intercalé quelques actes du 14°; car comment se ferait-il qu'il y en eût si peu de ce siècle, et qu'il n'y en eût pas, pour ainsi dire, de la seconde moitié du 130?

Est-ce réellement le cartulaire d'Oujon que nous publions? Cette question, qui peut surprendre le lecteur, a quelque importance. On a pu croire, en effet, que ce volume était un recueil de pièces relatives à la chartreuse d'Aillon, en Savoie. Il était d'autant plus facile de s'y méprendre, qu'un nombre assez considérable de documents donnent à la chartreuse vaudoise le nom d'Alio, que portait celle des Bauges, dans le décanat d'Annecy1; en sorte qu'à la première vue on pourrait incliner à penser que les actes dont nous parlons se rapportent à l'établissement religieux dont le nom s'est conservé dans celui de la commune assez populeuse d'Aillon, près de Chambéry. Il est tel acte, par exemple le 52o, qui, s'il était détaché, pourrait être considéré comme ayant trait à la chartreuse d'Aillon. Thomas, comte de Maurienne ou de Savoie, dont cet acte émane, était seigneur dans les Bauges, et il n'avait encore que peu de propriétés dans le Pays de Vaud. D'ailleurs, ce prince fut un des bienfaiteurs

recueil des Mémoires et Documents publiés par la société d'histoire et d'archéologie de Genève, recueil que, dans nos citations, nous indiquerons par les signes M. D. G.

1 Elle s'appelait plutôt Allio, et même Haillo, orthographe irrégulière.

2 Voy. la charte de 1220, publiée par M. E. Mallet, dans les M. D. G.,

L. IV, 2o partie, p. 31.

• Observation de M. E. Mallet, dans la lettre citée ci-dessus.

de la chartreuse d'Aillon. On le voit paraître en cette qualité dans des chartes inédites de 1202, 1207, 12161.

Cependant, on ne pourrait prétendre sérieusement que les chartes de notre recueil où se trouve le mot d'Alio (Alionis et de Alione) concernent la chartreuse des Bauges. La plupart sont relatives à des terres situées dans le Pays de Vaud, par conséquent bien éloignées des Bauges, et elles doivent se rapporter à Oujon. De plus, la délimitation du territoire d'Oujon, telle qu'on la voit dès la première charte, divers noms de personnes et de lieux mentionnés dans notre cartulaire, et d'autres indices, ne laissent subsister aucun doute sur l'origine de ce monument historique. Il existe d'ailleurs un cartulaire d'Aillon, manuscrit in-folio, sur parchemin, contemporain du nôtre, mais différent pour la forme et pour le fond'. Enfin, une note isolée, peut-être inaperçue jusqu'ici, qui se trouve à la marge extérieure du dernier feuillet, non écrit et enfumé, de notre cartulaire, contient ces mots abrégés, d'une écriture qui ne ressemble qu'à celle de l'acte de l'an 1306: Notum sit omnibus quod presens liber est de domo augionis ordinis cartusiensis gebennensis dyocesis. La fin de cette note, si elle a été remarquée, a pu induire en erreur et faire confondre la chartreuse d'Oujon avec celle d'Aillon, attendu qu'elles étaient situées l'une et l'autre dans l'ancien diocèse de Genève. Mais le nom d'Augionis, donné à la chartreuse dans cette note marginale et dans un grand nombre de chartes, devait faire penser à Oujon.

1 Des extraits de ces actes nous ont été communiqués par M. de Gingins-La-Sarra. Au surplus, voyez Guichenon, Preuves.

'Le cartulaire d'Aillon, volume de 155 chartes, mais dont il manque plusieurs feuillets, se trouve dans la bibliothèque de M. le marquis de Costa de Beauregard, au château de la Motte, près de Chambéry. (Communiqué par M. le Bn de Gingins-La-Sarra.)

Il est assez probable que les chartes d'Oujon, qui dormaient dans les archives de Savoie, y furent déposées lorsque Berne s'empara du Pays de Vaud, ou qu'elles furent transportées à Chambéry à l'époque où la chartreuse d'Oujon, comme on le croit, devint, en 1536, la proie d'un incendie1.

De ces observations, relatives à notre cartulaire, passons à l'examen des formes diverses sous lesquelles se présente le nom de la chartreuse qu'il concerne. Cet examen se lie à la question de l'origine du prieuré d'Oujon, que nous aborderons ensuite. En cherchant la solution de ce problème, nous découvrirons l'époque (du moins probable) à laquelle appartiennent plusieurs chartes, sans date, de notre recueil.

Le nom de la chartreuse dont il s'agit dans notre cartulaire se présente sous les formes diverses que voici : Allio', Alio3, Algio", Augio, Augion, Auion pour Aujon, de Aujuno, de Ojuno, et Oujon 10. Dans quelques actes, le nom du couvent se présente en même temps sous les formes d'Alio et d'Algio"; dans d'autres, sous celles d'Algio et d'Augio 12; enfin, dans l'un, on trouve à la fois Alio, Algio et Augio ; ce qui prouve qu'on donnait indifféremment l'un ou l'autre de ces noms à la chartreuse d'Oujon.

1 V. le Chroniqueur, par L. Vulliemin, p. 285. • Une seule fois. 'Dans 45 chartes (nos 1, 3 à 7, 9, 10, 13 à 17, 21, 22, 24 à 31, 35 à 45, 47, 52, 53, 55, y compris les nos 36 a et b, 39 a et b).

* Dans 13 actes (nos 12, 49, 50, 54, 56, 81, 85, 87, 93, 95, 113, 116, 117).

* Dans 57 chartes, y compris les quelques doubles (nos 19, 46, 57 à 65, 67, 68, 70 à 74, 76 à 80, 83, 84, 86, 88 à 91, 94, 96 à 98, 100 à 112, 114, 115, 120, 121, 123).

6 Dans la charte no 105, deux fois.

• Ibid.

"Dans la charte no 23. 10 Dans la charte no 11.

Dans la charte no 92. 11 Dans les chartes nos 2, 20, 48 et 99 (V. la note de la p. 67). 11 Dans les chartes nos 81, 82, 119. 13 Dans la charte no 118.

« AnteriorContinuar »