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munications qu'une seconde série de conférences avec projections a été inaugurée cette année à la mairie de Passy. J'espère que l'année prochaine il y en aura encore deux autres séries dans d'autres quartiers de Paris et je ne désespère pas d'en avoir aussi en province et à l'étranger puisque depuis quelques temps j'ai pris la parole à Lille, Rouen, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille, Lyon, Dijon.

Et quand je regarde le chemin parcouru depuis vingt-cinq ans, quand je considère la somme énorme de travaux sollicités, obtenus et dont j'ai pu récolter les gerbes lumineuses, le sentiment qui pénètre mon cœur n'est pas l'orgueil, c'est la reconnaissance; c'est la gratitude vive, profonde, sincère pour tous mes collaborateurs, pour tous ceux dont le savoir, le travail, la générosité inlassables, ont fait de nos collections un musée qui pense, un musée qui parle, un musée qui vit.

ÉMILE GUIMET.

LE MUSÉE GUIMET

A PARIS

C'est en 1882 que M. Guimet, reconnaissant que Lyon, ville essentiellement industrielle, n'était pas le centre où l'institution créée par lui pouvait prendre les développements qu'elle comportait et rendre les services en vue desquels il l'avait fondée, prit la résolution de transporter à Paris le Musée Guimet. Sa première idée avait été de l'offrir à la ville de Paris; mais plusieurs de ses amis et M. Charmes lui-même lui représentèrent que par son but même le Musée Guimet devait appartenir à l'Instruction publique et, le 9 janvier 1883, il adressait la lettre suivante au ministre de l'Instruction publique

MONSIEUR LE MINISTRE,

Lorsque, à la suite de la mission scientifique que m'avait donnée votre Ministère, j'ai organisé le Musée qui porte mon nom; je n'avais pas osé prévoir les résultats que sa création a produits. Je voulais réunir, pour mon usage personnel, des divinités, des livres, des manuscrits religieux, des objets sacrés, et m'entourer d'indigènes chargés d'en expliquer le sens. Les savants de tous les pays se sont intéressés à cette entreprise; ils ont visité mes collections, m'ont offert des travaux sur les questions qui me préoccupaient, et de cet ensemble d'études sont nées, d'une part les Annales du Musée Guimet, d'autre part la Revue de l'Histoire des Religions qui forme comme une annexe des Annales.

Maintenant que le Musée est en correspondance et a un service d'échange

avec tous les musées ethnographiques et archéologiques, avec les bibliothèques publiques, les académies et les sociétés savantes; maintenant qu'il a la collaboration de tous les savants qui s'occupent des questions religieuses de l'Orient et de l'antiquité, je suis obligé de reconnaître que cette institution qui rend quelques services à Lyon, au fond de la province, en rendrait de bien plus grands à Paris, au centre des savants de la capitale et à portée des nombreux étrangers qui viennent en France et dont bien. peu s'arrêtent à Lyon.

L'impulsion que j'ai donnée, presque sans m'en douter, aux études religieuses, va faire instituer en Angleterre, en Allemagne, en Suède, en Hollande, etc., des musées analogues au mien, et il serait fàcheux que la France, qui a donné l'exemple, parût laisser dans l'ombre le premier musée des religions qui ait été créé.

Je sais que les collections ethnographiques du Trocadéro vont remplir cette lacune et que les habiles Conservateurs de ces richesses vont organiser leur musée dans cet esprit; déjà le savant Dr Hamy classé les divinités du Mexique, et révèle chaque jour au public intelligent des découvertes qui semblaient impossibles à faire; mais ne serait-il pas utile de juxtaposer à cet ensemble les séries japonaises, chinoises, indiennes, organisées et expliquées par mes collaborateurs?

C'est pour arriver à ce résultat que j'ai l'honneur de vous proposer, Monsieur le Ministre, la combinaison suivante :

J'offre de donner à l'État toutes mes collections d'objets religieux, de manuscrits, de livres, avec le mobilier, les vitrines, etc.; en un mot, tout ce qui constitue le musée Guimet.

Je mets à ce don les conditions suivantes :

1° L'État fera construire, sur le modèle du palais qui existe à Lyon, un monument à Paris, soit au Champ-de-Mars, soit à l'emplacement dit « Magasin des Phares », soit sur tout autre point plus rapproché du

centre;

2o L'espace de terrain devra être assez vaste pour qu'on puisse terminer le musée suivant le plan général qui en a été dressé (actuellement la moitié scule est construite);

3o Le musée gardera son nom, et j'en serai le seul administrateur. Il y aura à chercher un arrangement pour le cas où je viendrais à mourir ; 4o L'État me donnera pendant quarante ans une somme annuelle de quarante-cinq mille francs qui seront employés ainsi :

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Je ne mets aucune condition pour les acquisitions nouvelles, ou les

recherches et fouilles que je fais faire constamment. Le musée doit profiter de toutes ces augmentations et je voudrais, de ce côté là, conserver aux collections que j'offre le caractère de don qui m'autorise à demander à l'État quelque soulagement dans les frais annuels en échange de l'abandon que je lui fais.

Je désire, dans l'intérêt de la science, que cette proposition vous agrée, Monsieur le Ministre, et je me tiens à votre disposition pour en expliquer et discuter tous les détails.

Je suis, etc.

A cette lettre étaient jointes diverses notes concernant le personnel, les traducteurs indigènes du musée, la construction et enfin les publications; nous donnons in extenso cette dernière note qui renferme l'exposition du vaste plan de travaux conçu par M. Guimet.

NOTE SUR LES PUBLICATIONS

Les Annales et la Revue de l'Histoire des Religions sont, sans contredit, les créations les plus intéressantes parmi cette série de résultats scientifiques dus à l'organisation du Musée Guimet. Ce musée n'est pas seulement une collection d'objets curieux, c'est, avant tout, une collection d'idées. Chaque vitrine représente un dogme, une croyance, une secte: il a donc fallu, en dehors du catalogue qui ne peut donner que des esquisses à grands traits, publier un ensemble d'études destinées à déterminer et à mettre en lumière les idées représentées par les objets.

C'était, à tout prendre, l'exposé complet de toutes les religions de l'antiquité et de l'Orient qu'il s'agissait de présenter au public, et, pour une telle entreprise, il fallait un plan que voici :

C'est à l'Asie qu'on a voulu d'abord s'attaquer. On a l'espérance de trouver là l'origine d'un certain nombre d'idées religieuses, et puis, il y a là au point de vue chronologique une masse d'inconnues à dégager. Or, la religion la plus répandue en Asie est le Bouddhisme, et c'est aussi celle qui nous fournit la littérature la plus abondante. C'est donc par le Bouddhisme qu'on a commencé, et c'est le Bouddhisme au Tibet qu'on a interrogé le premier; car là, les croyants n'ont pas eu, autant qu'en Chine, au Japon et à Java, à s'assimiler des superstitions locales; à part quelques pratiques de sorcellerie, les rites, les dogmes et la littérature sont restés sensiblement purs. M. Léon Feer a déjà fait paraître un volume, Analyse du Kandjour et du Tandjour, qui nous donne en sanscrit et en tibétain les titres de tous les ouvrages bouddhiques, suivis d'une courte analyse sur les sujets qui y sont traités. Un autre volume du même auteur, Fragments

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