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Préface.

Ex tirant de l'oubli quelques-uns de nos monumens historiques, nous n'avons pas la prétention de former une collection telle que l'Angleterre va en avoir une, telle que celle dont la France possède déjà une partie considérable. De pareilles entreprises, outre qu'elles exigent une grande réunion de lumières, sont au-dessus des ressources matérielles d'un particulier. Il y a des livres qui font, en quelque sorte, violence au public, et qui, armés à la légère, se glissent par-tout, s'emparent de toutes les bibliothèques. D'autres ont une destinée moins brillante. Ils naissent dans le silence, vivent dans l'obscurité et, s'ils viennent à mourir, leur fin n'est connue que d'un petit nombre d'amis. Puisse celui-ci en obtenir quelques-uns!

L'histoire de notre époque est étouffée sous les documens historiques: chacun imite la mère de Pausanias en apportant une pierre pour murer la porte du temple de la Vérité. Il n'en est pas de même du siècle qui nous occupe; on n'y a point à se plaindre de la surabondance des détails. Tout ce qui peut jeter du jour sur les mœurs et les institutions de ces temps reculés, mérite d'être recueilli. Nous préparons quelques matériaux; qu'une main plus habile construise l'édifice.

Vers 1760, le comte de Neny, chef et président du conseil privé, adressa à toutes les communautés religieuses et à tous les chapitres, des lettres écrites au nom du comte de Cobenzl, alors ministre plénipotentiaire de l'impératrice Marie-Thérèse aux Pays-Bas, afin d'obtenir la communication des Manuscrits relatifs à l'histoire Belgique. C'est ainsi qu'on eut une copie des Mémoires de Du Clercq', dont l'original se trouvait à Arras. Cette copie le représente parfaitement, et nous l'avons reproduite avec ses incorrections, les bizarreries, les inconséquences de son orthographe. Nous avons cependant tâché de nous procurer le manuscrit même d'Arras;

mais nos efforts n'ont pas été couronnés du succès. Le vénérable M. Langlès, dont la perte récente nous laisse des regrets amers, et notre savant compatriote M. Van Praet, ont bien voulu s'employer auprès de leurs collègues pour avoir quelques renseignemens sur ce manuscrit. Nous n'avons pu nous en procurer non plus auprès de M. Isnardi, bibliothé caire de Boulogne. M. Van Hulthem, dont le zèle est sans cesse éveillé au mot de patrie, nous a offert, avec une obligeance toute particulière, la copie de Du Clercq qui est dans son cabinet.

Jusqu'aujourd'hui on ne connaissait les Mémoires de cet écrivain que par quelques indications insérées dans Sweertius, Valère André, Foppens, et dans la Bibliothèque historique de la France. Il s'en trouve un fragment en tête de l'Histoire de Jacques de Lalain, publiée par Jules Chifflet (1), et un autre dans les Preuves de Commines (2). Enfin M. Perrin en a inséré un extrait étendu dans la Collection universelle des Mémoires particuliers relatifs à l'His

(1) Liv. II, ch. 47. (2) Liv. III, ch. 22.

toire de France (1). On trouvera au quatrième volume la Table des chapitres de cet extrait et les Notes dont il est suivi, excepté la première qui, de l'aveu même de l'éditeur, appartenait aux Mémoires de la Pucelle d'Orléans.

Ce n'est pas la seule augmentation que nous ayons faite au texte de Du Clercq. D'abord, comme nous l'avons dit, notre intention a été. de publier ce texte tel qu'il est (2). Les notes marginales et les variantes sont réunies, à la fin de chaque volume, dans les Leçons diverses, avec quelques éclaircissemens. Des Glossaires sont destinés à expliquer les mots les plus difficiles à entendre, et quelquefois à restituer les noms propres presque toujours horriblement défigurés, et qui, pour la plupart, sont rétablis dans une Table Générale placée en tête du premier volume, à laquelle les Glossaires ren

(1) T. IX, pp. 361, 541. Voy. le Journal politique et littéraire des Pays-Bas Autrichiens, T. I, 1786, pp. 189, 266, etc. (2) Cæterum hunc morem accuratè servabimus et religioni ducemus, ut nihil de scriptorum phrasi, stylo, orthographia, omnino immutemus; sed eos, quantumlibet, archaicè, barbarè aut solæcè sinamus et loqui et scribere, dummodo majori fide quam eloquentia, quod verissimum profecto est, et jam ante notavimus, res gestas descripserint. BELGICARUM RERUM PRODROMUS; p. 112. § LXXXI.

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