connaître, les défauts des princes de la maison de Savoie furent ceux de leur temps encore plus que ceux de leur race. Les mêmes actes violens qu'on peut leur reprocher se commettaient également partout, et même souvent avec des circonstances plus cruelles que, par exemple, celles des expéditions d'Amé VI et d'Amé VII, le Comte Verd et le Comte Rouge, en Vallais. Ces siècles du moyen âge étaient des siècles de fer dans lesquels il fallait absolument être enclume ou être marteau. Qui pourrait prendre sur lui de nous assurer que les comtes de Genève auraient été plus débonnaires, moins violens que ceux de Savoie, s'ils n'avaient pas fini par succomber dans la lutte? N'auraient-ils pas probablement, s'ils fussent demeurés vainqueurs de leurs adversaires dans l'ordre féodal, tourné l'activité belliqueuse, l'humeur inquiète et agressive qui les distinguent dans l'histoire, contre les citadins de Genève? Et alors ceux-ci auraient-ils pu résister aussi efficacément qu'ils le firent en face des comtes de Savoie? Leurs vertus civiques et leur héroïsme bourgeois auraient-ils trouvé vis à vis de ces despotes placés immédiatement à leurs portes et introduits au coeur même de la cité, les mêmes ressources, les mêmes moyens de résistance qu'employèrent les Genevois dans leur guerre finale contre leurs. dangereux et puissants voisins? Ce sont là tout autant de questions qui aujourdhui n'ont heureusement plus qu'un intérêt historique, mais qu'il importe cependant de ne pas trop perdre de vue, parceque si, comme on dit, le passé ne peut plus revenir, il est certain aussi que les intérêts et les passions des hommes et des peuples se meuvent dans une sphère limitée, et qu'il n'existe pas une situation absolument nouvelle dans les annales de l'humanité. Au moment même où nous croyons le plus fermement tourner le dos au passé, ce passé se relève contre nous et nous écrase de tout son poids. la liberté Helvétique ne renouvelleront-ils pas le voeu déjà exprimé de tout leur coeur d'être ralliés sous votre sage et paternelle domination?» (Memorandum de M. de la Marguerite publié par son auteur en avril 1852.) |