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APPENDICE.

Documents relatifs à la principauté d'Antioche, sous l'administration de Léon II, roi d'Arménie, oncle et tuteur de Raïmond Roupèn,

prince d'Antioche.

À la suite d'une première querelle entre Léon II et Boémond, prince d'Antioche, et qui eut pour résultat la captivité de Roupèn III à Antioche et de Boémond à Tarse, le prince d'Arménie fit la paix avec celui d'Antioche, grâce à la médiation qu'Henry de Champagne, régent du royaume de Jérusalem, avait imposée aux deux ennemis. Le baron Léon II donna en mariage Alisée, fille de son frère Roupèn III, à Raïmond III, fils aîné du prince d'Antioche; mais à la condition que l'enfant qui naîtrait de cet hymen deviendrait héritier de Léon, qui n'avait pas de fils, et que cet enfant, à la mort de son père, prendrait aussi possession de la principauté d'Antioche, en réunissant ainsi sur sa tête les deux couronnes d'Antioche et d'Arménie. Le traité fut signé, et Raïmond III fixa sa résidence auprès de Léon, où bientôt après il mourut, laissant sa femme enceinte d'un fils qui, en naissant, fut appelé Raïmond Roupèn, noms de son père et de son aïeul. En qualité d'héritier présomptif de la couronne d'Arménie, Roupèn ou Rupin, comme l'appellent les chroniqueurs des Croisades et les chartes, vivait à la cour du roi Léon II, son grand oncle, qui fit de vains efforts pour maintenir ce prince dans la possession de la principauté d'Antioche, dont son oncle paternel, Raïmond IV, dit le Borgne, comte de Tripoli, l'avait plusieurs fois dépossédé. Léon II, comme tuteur de son neveu, exerçait une sorte de suzeraineté sur Roupèn et sur la principauté d'Antioche, de sorte que les actes qui datent de la minorité de ce prince, étaient écrits en Arménie dans la chancellerie royale et étaient signés par Léon II, qui était en quelque sorte garant de leur validité et de leur exécution. Bien que parvenu à sa majorité, Raïmond Roupèn, dans tous ses diplômes qui furent dès lors rédigés par Jourdain son chancelier, se qualifie d'héritier du roi d'Arménie, et bien qu'il emploie la formule particulière aux princes souverains, il a toujours soin de dire qu'il accorde ses priviléges, du consentement et en présence du roi Léon II, son oncle. Roupèn se considérait, à bon droit, comme l'héritier de Léon, et la tutelle que ce dernier exerça toujours sur lui, semblait indiquer que son intention formelle était de lui laisser ses états, comme cela avait été convenu, lors du traité que Léon II avait fait avec Boémond II. Cependant, au moment de mourir, Léon II chassa son neveu de sa présence, et recommanda à ses barons d'avoir à choisir pour son successeur un autre prince que Roupèn, qu'il déshérita. Roupèn qui devait hériter de deux couronnes, devint dès lors le jouet de la politique du temps, et finit par se voir dépouillé de son double héritage par ses propres parents. Il essaya toutefois de reconquérir l'Arménie, et fit une tentative qui eut pour résultat de le faire tomber aux mains du baïle Constantin, régent du royaume pour Zabel ou Isabelle, fille de Léon II. Jeté en prison, il y mourut en 1222. Nous avons réuni ici les diplômes émanés de la chancellerie de Roupèn, parceque ces documents se rapportent en partie à l'Arménie, car à l'époque où ils furent rédigés, Roupèn était considéré comme l'héritier futur de la couronne d'Arménie.

Priviléges accordés aux ordres religieux et aux Républiques marchandes de l'Italie, par Raïmond Roupèn, prince d'Antioche et héritier présomptif de la couronne d'Arménie, avec l'approbation de son oncle le roi Léon II.

XI.

17 Mars 1207.

Charte de donation de Roupèn aux Hospitaliers.

[Archives de Malte, Dipl. orig., fasc. 5, dipl. 12. - Paoli, Cod. diplom., T. I, pg. 95 et suiv., n.o 91].

In nomine individue sancte Trinitatis, patris et filii et spiritus sancti, Amen, amen, amen. Notum sit omnibus hanc paginam intuentibus tam presentibus quam futuris, quod ego, Rupinus, Dei gratia Antiochie princeps, ex innata benignitate mea, et pro remissione peccatorum anime mee et animarum anticorum meorum, dono et firmiter concedo, sacrosancte domui hospitalis Iherusalem infirmorum, civitatem Gibel' cum omnibus pertinenciis suis que sunt nominate, tam intrinsecus quam extrinsecus, in montanis et planis laboratis et non laboratis, et nemoribus et aquis et cum omni ditura sua et omni conquestu; tali modo quod ego quamdiu fuero, manutenebo donum istud contra omnes contradicentes homines presentes et futuros. Et ut sit hoc scriptum hujus doni firmum, rogavi dominum Leonem, avunculum et balium meum *, Dei et Romani imperii gratia regem Armenie, ut faceret roborari hoc scriptum cum sigillo suo aureo et testimonio proborum inclitorum baronum suorum, quorum nomina subsequuntur. Preterea, ego Rupinus, prefate Antiochie princeps, ad confirmandum hoc privilegium hujus predicti doni, dedi fidem meam fratri

1 Gibel, l'ancien Byblos, appelé par les Arabes us et ä, et par Benjamin de Tudele, ou, était une ville forte de la principauté d'Antioche à l'époque des Croisades; elle fut assiégée et prise par Godefroy de Bouillon et le comte de Flandres (Guillaume de Tyr, liv. VII, ch. 17), et devint la proprie té des princes d'Antioche, après le partage de la Syrie par les Franks. Les chroniqueurs du moyen-âge lui donnent différents noms, Gia

bala, Gebal, Gavela, Gabelum, Gabulo, Giblet, Zibel. C'est du nom de Zibel, dit Anne Comnene (Alexiade, XI), que les martres sont appelées zibelines.

2 Léon Il avait déclaré qu'il adoptait Raimond Roupen, fils de sa nièce, mariée à Raïmond III d'Antioche et fille de son frère Roupèn III, prince d'Arménie. C'est pour cela, que Roupen l'appelle ici son tuteur, balius.

Garino de Monte Acuto, marescalco ejusdem domus hospitalis, coram fratre Goberto, preceptore domus hospitalis Antiochie, et fratre Girent Dedolue, et fratre Bernardo, quod, annuente Domino, quando pervenero ad etatem1, faciam hoc privilegium cum meo proprio sigillo roborari. Hujus rei enim testes sunt: ego Leo, rex Armenie, [balius] predicti nepotis mei Rupini, principis Antiochie, qui sigillo meo feci muniri hoc privilegium..........: « concedo predicte domui, etc....... quandiu vixero, paratus ero manutenere omnia que continentur in isto scripto, et etiam facere roborari cum sigillo, [quando pervenero] ad etatem ». -Ego Eburgarib, regni Armenie comestabulis, testis sum.-Ego Basilius Sefricum, predicti regni marescalcus, testis sum3. — Ego Adam de Gastonis, testis sum'. Ego Robertus, civitatis Antiochie comestabulus, testis sum. Ego frater Garinus de Monte Acuto, marescalcus predicte domus, testis sum ". - Ego frater Gobertus, [preceptor] predicte domus hospitalis Antiochie, testis sum. Ego Girencius Dedolue, frater ejusdem domus, testis sum. - Ego Bernardus, ejusdem domus frater, testis sum.

Factum est autem hoc privilegium in tempore fratris Gofredi Lirat", magistri ejusdem domus hospitalis infirmorum Iherusalem, et datum est per manus Basilii, fidelis cancellarii domini L[eonis] regis Armenie, avunculi mei, in xxij die madii, indictione x, anno dominice incarnationis m°ce vij; feliciter Amen.

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1 Raimond Roupen fait observer dans plusieurs chartes qu'il n'était pas majeur, c'est à dire qu'il n'avait pas encore été armé chevalier, et qu'en attendant l'âge nécessaire pour obtenir ce titre, il était en tutelle et n'avait pas de sceau particulier.

2 Abelgharib, seigneur de Goud, un Ապլղարիպ գունդուստապլն՝ տէր կուտոյ, ainsi que le qualifie Sempad dans sa Chronique, occupa la charge de connétable jusqu'en 1207, et fut remplacé par Constantin, grand baron, pére de Héthoum Ier. Dans la liste des connétables, dressée à la fin de la chronique de Sempad, Goud est aussi appelé կուտֆ.

3 Vasil ou Basile, seigneur de Vaner,

upp шup, surnommé Sefric (?). Ce surnom vient peut-être de l'arménien up, qui a la signification de barre de fer.

4 Ce personnage est cité dans les documents. qui précèdent.

5 Guérin de Montaigu n'était alors que maréchal de l'ordre des Hospitaliers, et devint peu de temps après grand-maitre, i l: mort de Alfonse de Portugal.

6 Geoffroi de Ďuiton, prédécesseur d'Alfonse de Portugal et de Guérin de Montaigu.

7 Léon II signa simplement cette charte de son nom, en grec, sans ajouter, comme sur celles qui émanaient directement de lui, la formule wqwenp Luyng.

XII.

Septembre 1210.

Confirmation du précédent privilége, et octroi de nouvelles faveurs
aux Hospitaliers.

[Archives de Malte; Dipl. orig.; fasc. 5. dipl. 18.- Paoli, Cod. dipl. T. I, pg. 99 et suiv., n.o 951].

In nomine sancte et individue Trinitatis, patris et filii et spiritus sancti, Amen. Quoniam generaliter notum est ab omnibus quod humana memoria est labilis, auctoritas veterum legem constituit scriptis collocare que debent perpetualiter permanere ; idcirco notum sit omnibus tam presentibus quam futuris, quod ego, Raymundus Rupinus, Dei gratia princeps Antiochie, filius Raymundy, primogeniti filii Boamundi principis Antiochie, divina institucione in fratrem et socium et orationum participem, dedi, concessi et reddidi me sacrosante domui pauperum ospitalis Iherusalem, pro salute anime mee meorum que predecessorum, et contuli ore et corde, laudavi et concessi, assensu et voluntate uxoris mee domine Helwisie, filie domini Hemerici, regis Iherusalem et Cipri, sacrosancte domui hospitalis et capitulo et fratribus tam presentibus quam futuris, per manus fratris Garini de Monte Acuto, venerabilis ejusdem domus magistri et aliorum quamplurimorum fratrum ibidem assistencium, civitatem Gabuli et castellum Vetule ', cum omnibus pertinenciis et juridicionibus suis et acquisicionibus nominatis et innominatis, intrincesis et extrincesis, terrenis et marinis, planis et montaneis, fluminibus, nemoribus, cultis et incultis, piscariis, terra et mari et portubus, et cum omni jure suo, tam meis propriis quam ex omnibus feudalibus, absque ulla federis obligacione et absque ullo retentu, omni remota prorsus calumpnia, quiete et libere, in helemosinam et dominacionem et ligietatem omnium hominum, tam militum quam

1 L'original de cette pièce était autrefois conservé dans les Archives de la Commanderie hospitalière de Manosque, en Provence. (Du Cange, Notes sur l'Alexiade d'Anne Comnene, pg. 93).

2 Cette princesse est aussi appelée Eschive. L'acte suivant lui donne encore le nom d'Heloïs.

3 Amaury, roi de Chypre, régna de 1194 à 1205.

4 Ce château est mentionné par Albert d'Aix (XI, 45); il est appelé dans une autre charte de 1215, concédée par Roupen, le château « de la Vieille », et non pas de la Veille, comme on l'a écrit dans un article du Journal

Asiatique, (Octob. Novemb., 1861, pg. 321), ce qui est un contresens. Vetula n'a jamais signifié la veille, c'est l'adverbe pridie qui a ce

sens.

burgensium, ibi terras et hereditates habencium et possessiones, prout melius predecessores mei habuerunt et optinuerunt, ad habendum et possidendum et faciendum quicquid placuerit magistris et fratribus supradicte domus, sine fraude et malo ingenio, sine ulla contradicione et calumpnia que fieri possit aut debeat a me, vel ab heredibus meis aut successoribus; set per nostram et heredum et successorum meorum defensionem ab omnibus hominibus, nunc et semper, hoc donum illesum maneat et inconcussum. Dedi eciam eidem domui liberam potestatem ad faciendum guerram et treugam cum Saracenis qui sunt in convicinio prefate civitatis Gabuli et castelli Vetule, et quod semper debeo esse in defensione ejusdem terre eorum in treuga et guerra; et quod treuga eorum sit observata semper per me et per homines meos. Hujus autem prelibati doni sunt testes: Dominus Leo, illustris rex Armenie. - Osto de Tabaria. Robertus Mansel, Antiochie comestabulus. - Guillelmus de Insula. -- Robertus Tali. Paganus, Antiochie buteler. Nicolaus Lualn. -- frater Hemericus de Pax, Selefkie castellanus. frater Albertus, preceptor Seleskie. frater Helias de Turre. -- Anfredus de Margat.

Ceterum ut hoc predictum donum ratum et inviolabile permaneat in eternum, sigilli nostri plumbei impressione istud privilegium precepi roborari'.

Factum est autem hoc, anno ab incarnatione Domini m"cc"x", mense septembris, xiiij indictione, per manus Bartolomei, regie duane secretorum domini regis Armenie pro[to]notarii; feliciter, Amen.

XIII.

31 Mars 1213.

Confirmation par Raïmond Roupèn de toutes les donations faites par ses prédécesseurs, les princes d'Antioche, et par lui aux Hospitaliers.

[Archives de Malte, Dipl. orig., fasc. 5, dipl. 29. — Paoli, Cod. dipl.; T. I, pg. 106, n.o 101'. In nomine sancte et individue Trinitatis, patris et filii et spiritus sancti, Amen. Quoniam vetustate temporum vel varietate quecumque bene acta oblivioni traduntur, ideo ut imposterum universa que bene et legitime ordinata

4 Cette charte était accompagnée du sceau de Raimond Roupen, qui, bien qu'il ne fut plus en tutelle, habitait toujours en Arménie, où son oncle Leon II lui avait donné asile, lorsqu'il fut obligé de quitter Antioche sa capitale,

à plusieurs reprises, en l'abandonnant à Raïmond le Borgne, comte de Tripoli, son competiteur, qui l'en avait chassé. Le sceau de Roupen a été publié par Paoli, qui en donne la figure (Cod. dipl., T. I, pl. IV, n.o 46).

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