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registré dans les fastes, et qui a été consul pour la deuxième fois en 166, puisque ce sont deux personnages différents. On ne doit pas s'étonner, au reste, de ce que ce premier consulat de notre Celsus ne nous a pas été conservé, car les fastes, dans les dernières années de Trajan, pour ce qui regarde les consuls substitués (suffecti), sont si confus et inexacts, qu'on ne peut assigner avec quelque certitude l'année précise à laquelle ce premier consulat de Celsus doit être rapporté.

Heinecius (Exercit. XIII, vol. 1, pag. 470) croit que Celsus peut avoir été consul suffectus dans un des nundini de l'année 98, dans lequel il devait avoir accompli l'âge prescrit de 40 ans, et où, par la mort de Nerva, Trajan resta seul au consulat, dont il ne tarda pas à se démettre. Quoi qu'il en soit, les marbres et les bronzes sont unanimes à les nommer P. Juventius Celsus et Quintus Julius Balbus. Les fastographes et les antiquaires, s'étant laissé embarrasser par un Marcellus et par un Marcellinus qui s'y trouvèrent joints dans quelques manuscrits, s'empressèrent à donner pour collègue à Juventius Celsus soit un Marcellinus, soit Neratius Marcellus, à l'exclusion de son véritable collègue Quintus Julius Balbus. Un Marcellin, en effet, doit avoir occupé le siége curule dans un des nundini de l'année 129, et Caius Neratius Marcellus, dans un

autre de cette même année 129, et avoir ainsi succédé à Celsus. Il n'y avait donc point lieu de recourir au compromis du Cardinal Noris, qui, pour concilier toutes les opinions, imagina d'affubler d'un nouveau nom le consul Balbus, qu'il appela Quintus Julius Balbus Marcellus. Cet arrangement fut reçu au grand contentement de tous les savants, qui s'en montrèrent satisfaits, quoiqu'il fût contraire au témoignage de l'histoire, du Digeste et des marbres. Il ne faudra donc plus s'étonner, après cela, si le traducteur de notre diplome, ne sachant que faire des mots Quint. et Vincent., qui, dans le texte du diplome publié par l'Echo, suivaient le nom de tribun Plautius Cæsianus, si ce traducteur, dis-je, dressa aussi son compromis, et s'en débarrassa en gratifiant Plautius Cæsianus des deux autres noms Quintilius et Vincentius.

Je ne m'arrêterai pas sur la méprise, quoiqu'un peu forte, de notre traducteur, concernant la date du mois et du jour de la concession impériale; car il n'y a pas d'écolier qui ne sache que antè diem XI Kalendas aprilis doit être rendu par le onzième jour avant les Calendes d'avril (22 mars), et non par le XI® jour après les Calendes (11 avril).

Dans tous les diplomes militaires connus, le nom du soldat vétéran en faveur duquel les tablettes ont été expédiées, est toujours inscrit après celui des consuls, avec ses titres, sa patrie, le corps militaire auquel il

appartenait, et le nombre de ses fils, s'il en avait à cette époque. Dans notre diplome, le soldat congédié s'appelait Eupator, fils d'Eumène, de Sebastopol en Grèce ; il appartenait à la Vexillatio des cavaliers illyriens, et il avait quatre fils, Eupator, Eumène, Thrason et Philopator. C'est donc sans raison qu'on s'est avisé de placer ici les chefs de la cavalerie auxiliaire d'Illyrie, qui n'étant nommés nulle part dans le diplome, n'ont rien à faire ici, et que Eumène de Sébastopol, Eumeni père d'Eupator, a été rangé au nombre des prétendus chefs, tandis que le nom d'Eumène n'est placé au génitif que pour indiquer qu'il était père d'Eupator, comme si l'on avait écrit : Eupatori Eumeni filio. De cette erreur en découle une autre aussi étrange, en ce que le traducteur, comme un magicien avec son coup de baguette, change les fils d'Eupator en fils d'Eumène, leur grand-père.

Le traducteur français, une fois mis sur la voie des découvertes, après avoir changé le soldat vétéran, son père et ses fils en chefs de la cavalerie d'Illyrie, devait bien trouver encore les noms de ceux au profit desquels les tablettes avaient été écrites; et voilà que, sans hésiter, il les découvre dans les 7 témoins qui ont signé pour constater la conformité de la copie avec l'original. Pour que rien ne manque au complément de ses belles découvertes, il ne s'arrête pas là: le nombre de 7 ne lui paraissant pas suffisant, de sa

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propre autorité, il le double et le porte à 14. Ne croyez pas, Monsieur, que je vous fasse un conte à plaisir; la chose est réelle, et voici comment elle a eu lieu les noms des témoins sur les tablettes sont écrits en double colonne et de manière à laisser un espace vide entre eux, or, notre antiquaire-traducteur commença par écrire les noms contenus dans la première colonne, c'est-à-dire les prénoms et les noms, en les faisant suivre par leurs surnoms (cognomina), qui formaient la seconde colonne, de sorte que, à la place des 7 noms, il en résulta les 14 suivants : L. Vibi, Q. Lolli, L. Pulli, L. Equiti, L. Polli, Tib. Claudi, C. Vettieni, Vibiani, Festi, Daphni, Gemini, Anthi, Menandri, Hermetis, dont les 7 premiers sont composés du prénom et du nom, et les 7 derniers du seul surnom. Voici, du reste, comment ils devaient être écrits sur la tablette extérieure:

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Il est bien vrai que les archéologues qui, les premiers, avaient eu à s'occuper de ces monuments,

furent d'avis que ces noms étaient ceux des soldats graciés. Mais après les travaux des Académiciens de Naples, de Morcelli, d'Amaduzzi et de Marini, il n'y eut plus qu'une seule opinion là-dessus, et il fut reconnu que c'étaient les noms des 7 témoins dont les lois romaines exigeaient la présence pour la légalisation de tout acte public. Aussi, ces noms ne se trouvent point écrits au dedans des tablettes, ainsi que cela devrait être si c'étaient ceux des congédiés, mais sur la partie extérieure, en dehors de l'acte même, et écrits de manière à laisser un espace vide entre le nom et le surnom de chacun d'eux. C'est dans cet espace vide que chaque témoin plaçait son sceau, et, sous les sceaux, venaient aboutir les cordons de lin ou les fils de métal que l'on faisait passer par les trous ronds qu'on voit pratiqués aux extrémités des tablettes. C'est avec ces cordons qu'on fermait les tablettes de manière à garantir l'écriture intérieure, et sans qu'on fût obligé de les ouvrir pour prendre connaissance du contenu, répété en entier sur la partie extérieure du livret. Il faut, en outre, remarquer que ces noms sont tous écrits au génitif, ce qui ne saurait s'expliquer s'ils appartenaient aux soldats congédiés; mais ici on doit sous-entendre le mot Signum, Signum Lucii Vibii Vibiani, etc. D'après les lois romaines, pour être admis à témoigner juridiquement dans les acles publics, il fallait être homme libre et jouir du

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