Imágenes de páginas
PDF
EPUB

droit de cité. C'est pour cela que, dans tous ces diplomes, on voit les 7 témoins faire parade de leurs trois noms, propres aux Ingénus, et qui, dans les plus anciens, sont presque toujours accompagnés du nom de la tribu à laquelle chacun était inscrit, par exemp., Tib. Claudi Quirina Fidini, dans le premier de Galba, etc.

Nous avons même un de ces actes de la 2me année de Vespasien, où, parmi les témoins, on voit figurer deux chevaliers romains et deux décurions. Des six diplomes de congé militaire qui nous restent de l'empereur Adrien, quatre seulement ont conservé les noms des témoins, et, chose remarquable, quelquesuns de ceux qui se trouvent signés au bas de notre diplome, se voient déjà inscrits dans les trois autres : ainsi, dans celui du 11 octobre 127, nous avons les noms de Q. Lolli Festi, L. Pulli Daphni. Tib. Claudi Menandri, dans l'autre du 19 février 129, on voit ceux de Tib. Claudi Menandri et C. Vettieni Hermetis, et ceux de L. Pulli Daphi, C. Vettieni Hermetis et Tib. Claudi Menandri dans celui du 16 septembre 134, et, qui plus est, le nom de ce dernier se trouve déjà signé au diplome du 19 janvier 104 de l'empereur Trajan, ce qui donne un espace de 30 ans entre l'un et l'autre. Cette répétition des mêmes noms dans des diplomes différents et de dates assez éloignées, nous prouve, 1o que ces noms ne sauraient être ceux des

2o

que

soldats congédiés, qui ne peuvent l'être plusieurs fois; les témoins étaient le plus souvent choisis entre les personnes employées dans le bureau d'expédition de ces extraits ces personnes, ainsi que cela se fait encore aujourd'hui, étaient ordinairement des vétérans attachés au service de l'établissement, et, défaut de ceux-ci, on les choisissait parmi les citoyens établis aux alentours du lieu où le bureau était placé. De cette manière s'expliquent naturellement toutes ces répétitions des mêmes noms et leur origine étrangère, choses qui avaient tant embarrassé les archéologues. Ainsi, parmi les témoins du diplome de Claude, le plus ancien qui nous soit resté, 6 sont de Durazzo (Dyrrachini), et le 7me, de Thessalonique. Dans le premier de Galba, 5 sont Sardiens, et dans le 2me du même empereur, 4 sont Antiochiens, un autre, d'Apamée, etc.

Quoi qu'il en soit, et malgré les fautes aussi évidentes que nombreuses dont fourmillent le texte et la traduction de cet important monument de l'antiquité, on ne doit pas moins être reconnaissant à l'Echo de sa publication. La science y gagne toujours quelque chose; les fastes impériaux d'abord, et les consulaires ensuite, en sont accrus ou corrigés; on apprend à mieux connaître l'armée romaine aux différentes époques de l'empire, son organisation, les corps dont elle était composée, les nations qui, en qualité d'auxiliai

res,

lui envoyaient leurs nombreux contingents, et qui, concourant à en accroître le nombre, finirent par former eux seuls toute la force militaire et s'emparer de l'empire. Enfin, il n'y a pas jusqu'à la paléographie ancienne qui ne puisse y gagner quelque chose.

Voilà la raison, Monsieur, pour laquelle, sans craindre de vous dérober un temps précieux que vous savez si bien employer au profit des bonnes études, et de l'antiquité en particulier, je me suis permis de vous adresser cette longue épître, que votre amour de la science et votre bonne amitié pour moi vous feront accueillir avec la bienveillance qui vous est ordinaire.

Agréez, Monsieur, l'assurance de la sincère estime et de la parfaite considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être,

Monsieur,

CONSTANCE GAZZERA,

Secrétaire de l'Académie.

RAPPORT

DE

M. LE CHEVALIER DE JUGE

SUR

LE POÈME ADRESSÉ A LA SOCIÉTÉ

POUR LE CONCOURS DE 1842 (1).

MESSIEURS,

Lors du dernier concours pour le prix de poésie, l'industrie, qui en était le sujet, avait fait vibrer toutes les lyres de notre patrie, et de nombreux concurrents s'étaient présentés pour obtenir l'honneur de vos suffrages. Malgré la beauté de son site, malgré la richesse de ses souvenirs, Hautecombe n'a pas eu le

(1) La commission se composait de M. le Président, du Secrétaire perpétuel et de M. le chevalier de Juge.

même bonheur, et un seul auteur est venu vous apporter le tribut des vers que lui a inspirés cet antique monument. D'où a pu venir cette notable différence, et pourquoi cette lacune soudaine dans les rangs de nos poètes? Enfants d'un siècle industriel, n'auraientils des chants que pour célébrer les merveilles des arts? Et serait-il vrai que, même au milieu de nos poétiques vallées, la bruyante usine ait désormais remplacé le mélodieux Parnasse, et que le wagon rapide ait écrasé à jamais le cheval ailé d'Apollon?

A Dieu ne plaise que je veuille me plaindre des hommages rendus à l'industrie, à cette muse des temps modernes,

Qui, n'arborant jamais de sanglantes bannières,

Se plaît au sein du bruit des fourneaux, des chaudières,
Et reine au bras nerveux, domptant le fer et l'eau,
A pour sceptre une roue, et pour trône un ballot.

Mais, si je ne me trompe, c'est surtout dans nos montagnes, si voisines du ciel, que l'homme ne vit pas seulement de pain. Il ne peut s'y absorber tout entier et toujours dans les douceurs du présent ; il a besoin parfois de remonter le passé ou de s'élancer vers l'avenir, et alors il aime à rencontrer sur sa route deux muses bien connues de la Savoie, la Patrie et la Religion.

Si donc, Messieurs, nos poètes n'ont pas répondu

« AnteriorContinuar »