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des syndics, Jacson fut impitoyable; il fallut consentir le monstrueux intérêt de 289 pour cent, et le stipuler en faveur de l'infâme usurier par les mains du notaire de la commune; ensuite les syndics, hommes d'armes, arbalétriers et bourgeois, tous à cheval, prirent la route de Bourg le 5 août 1397.

On sait quelle fut l'issue du duel de Grandson et de Gérard d'Estavayer. Frappé mortellement au premier choc, Othon, renversé dans la poussière de l'arène, tendit au vainqueur ses mains suppliantes pour demander merci ou avouer sa défaite, suivant les conditions du combat; mais d'Estavayer, n'écoutant que sa haine, les abbatit d'un seul coup de sa pesante épée. On dit qu'elles furent ramassées par le bourreau et brûlées le jour même, comme étant les mains d'un traître (58). Le corps d'Othon fut déposé dans la cathédrale de Lausanne, où l'on voit encore son tombeau, et ses seigneuries de Grandson, de Montagny-le-Corbe, de Belmont et de Ste-Croix, immédiament séquestrées au profit de la couronne, furent données par le comte de Savoie à Louis de Morée, son beau-frère (59). Plus tard, l'innocence de Grandson fut reconnue, et le sage Amédée VIII, plein du douloureux souvenir de sa

(58) Georges Arandas, Revue du dépt. de l'Ain, p. 69. (59) Muller, Hist. de Suisse, t. IV, p. 16.

mort, abolit pour toujours dans ses états la barbare coutume du jugement de Dieu. Sous le règne d'Amédée IX, Jean de Sales, exilé des états de Savoie pour avoir tué de sa propre main le meurtrier de son frère, supplia le prince de lui accorder l'épreuve du combat pour confondre ses accusateurs, et leur prouver qu'il n'avait fait oncques chose qui put fortfaire à l'honneur. Mais le pieux Amédée IX n'écouta point sa prière (60). En France, le dernier duel judiciaire eut lieu sous le règne de Henri II, le 10 juillet 1547. Ce fut le combat célèbre de Guy de Chabot - Jarnac, contre François de Vivonne, seigneur de la Châtaigneraie. On peut en trouver les causes et le récit dans tous les Mémoires du temps, Brantome, Vieilleville, Montluc, etc. Ce fut dans le parc du château de St-Germainen-Laye, en présence du roi et de toute la cour, que Jarnac blessa mortellement son adversaire par un coup adroit et inusité dans l'escrime, qui, de nos jours encore, est demeuré proverbial.

(60) Le récit de cet événement se trouvera consigné dans l'Histoire de la seigneurie de Thorens, successivement possédée par les maisons de Compey et de Sales. Ce travail doit paraître incessamment.

L'ABBAYE D'AULPS

D'APRÈS DES DOCUMENTS INÉDITS

MÉMOIRE POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES MONASTÈRES.

Par M. Léon Ménabréa.

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