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deux stations n'étaient jamais très-distantes l'une de l'autre. Ces messieurs ont ainsi obtenu directement la hauteur de ces différents points au-dessus ou au-dessous de St-Jean-de-Maurienne. La hauteur de cette dernière ville au-dessus de Chambéry était d'ailleurs connue avec beaucoup d'exactitude; elle avait été déterminée par Mgr Billiet, lorsqu'il était évêque de Maurienne, au moyen de trois séries d'observations barométriques, comprenant chacune 10 à 15 jours. J'avais l'honneur de faire à Chambéry les observations correspondantes. Les trois résultats obtenus par le calcul de ces trois séries d'observations étaient à peu près identiques: leur moyenne excluait toute incertitude.

Je m'occupe depuis plusieurs années d'un nivellement barométrique des environs de Chambéry; ce travail, qui est sur le point d'être terminé, s'étend à toutes les paroisses de ce diocèse et à quelques localités des diocèses voisins; toutes les hauteurs y sont calculées par rapport à la hauteur de Chambéry.

Quand aux parties de la Savoie qui ne sont pas comprises dans les limites de mes observations et de celles de MM. les chanoines Billiet et Gravier, elles ont été l'objet d'un grand nombre de mesures de la part des savants qui ont visité le Mont-Blanc et les vallées qui l'entourent. Ces mesures, disséminées dans plusieurs ouvrages, ont été rassemblées par M.

Alphonse de Candolle, dans son Hypsométrie des environs de Genève. Cette publication intéressante est un recueil complet de toutes les hauteurs qui ont été mesurées avant 1839, dans un cercle de 25 lieues autour de Genève.

8. Les travaux de MM. Billiet et Gravier et mes propres observations faisant connaître la hauteur des principaux points des diocèses de Maurienne, de Tarentaise et de Chambéry, au-dessus du sol de cette dernière ville, il devenait nécessaire de chercher combien Chambéry, et en particulier le point auquel se rapportaient nos mesures, était élevé au-dessus du niveau de la mer. Ce point est le sol du jardin du grand Séminaire, ou mieux le seuil de la porte par laquelle on passe de ce jardin dans l'intérieur de la maison. Il est à 5m 56 au-dessous du parapet des fenêtres du premier étage qui regardent dans le jardin. Voici les principales mesures de la hauteur de Chambéry, qui ont été prises jusqu'ici.

L'arc du parallèle moyen, qu'on a mesuré depuis Bordeaux jusqu'au-delà de l'Adriatique, passe par Chambéry. Une commission composée d'astronomes et d'ingénieurs piémontais et autrichiens, et dirigée par des hommes d'une science éminente (MM. Plana et Carlini), exécuta en 1821, 1822 et 1823 la partie la plus difficile de ce travail, en réunissant les deux arcs déjà mesurés en Italie et en France, par un arc

mesuré au travers des Alpes. Un des angles du réseau trigonométrique avait son sommet sur la colline de Lémenc, au signal que la commission fit élever près du Calvaire. On trouva que le pied du signal était élevé de 339m 7 au-dessus du niveau de la mer. D'après les observations qu'ils firent en même temps à la tour du Château royal (parapet des dernières fenêtres), et au clocher de la paroisse de la Motte (parapet des fenêtres, au plan des cloches), la première de ces deux stations est élevée au-dessus du niveau de la mer de 306m 2, et la seconde de 279m 1. Ces hauteurs obtenues à l'aide d'opérations géodésiques habilement conduites, méritent d'être admises avec la plus grande confiance; elles m'ont été trèsutiles dans la détermination de la hauteur du sol du grand Séminaire.

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Plusieurs savants étrangers se sont servi du baromètre pour mesurer la hauteur de Chambéry. M. de Saussure a fait lui-même, dans cette ville, plusieurs observations barométriques, qu'il a comparées à des observations faites en même temps sur les bords du lac de Genève; il en a déduit la hauteur de ce lac au-dessus de Chambéry, puis en retranchant cette hauteur de la hauteur du lac au-dessus de la mer, a trouvé que la hauteur de Chambéry au-dessus de la mer était de 265m 7. On verra que ce nombre est peu éloigné de la vérité. Il est à regretter que l'au

il

teur n'ait pas indiqué le lieu où il faisait ses observations; son silence fait penser qu'elles se rapportent au niveau moyen de ville (4).

M. Deluc donne à Chambéry une hauteur de 274m 8, qu'il conclut de deux observations barométriques seulement; M. Alphonse de Candolle remarque qu'il faut ajouter à ce nombre une correction relative à la hauteur du lac de Genève, qui est maintenant mieux connue qu'à l'époque où vivait M. Deluc; ce qui porte le résultat précédent à 284m 8. Ce nombre est beaucoup trop élevé (5). Des observations de M. Martinel nous placent encore beaucoup plus haut, à 419m 4, c'est-à-dire à 12m au-dessus de l'observatoire de Genève. Enfin M. Albanis Beaumont nous ramène à 258m 25 (6).

Il me reste à parler d'un travail spécial qu'un savant compatriote, M. G.-M. Raymond, a publié dans le tome II des Mémoires de la Société royale académique de Savoie, sur la situation géographico-topographique des environs de cette ville, et dans lequel

(4) De Saussure, Voyage dans les Alpes, $ 1180.

(5) Deluc, Modifications de l'atmosphère. — Voir l'Hypsométrie des environs de Genève, par M. Alphonse de Candolle, page 33.

(6) Albanis Beaumont, Description des Alpes grecques

et cottiennes.

il croit pouvoir établir que le sol du grand Séminaire est élevé seulement de 243m 2 au-dessus du niveau de la mer; il a employé pour ce calcul les trois premières années des observations barométriques et thermométriques que Mgr Billiet, alors supérieur du grand Séminaire, avait commencées en 1822, et qu'il a continuées pendant les quatre années 1822, 1823, 1824, 1825. M. Raymond a ajouté 1mm 4 à la moyenne barométrique des trois années 18221824, pour correction de la capillarité, et il l'a successivement comparée aux observations de Paris et de Genève, pour en conclure la hauteur relative de Chambéry et de chacune de ces deux villes, et par suite la hauteur de Chambéry au-dessus de la mer. M. Alphonse de Candolle, en reprenant le même calcul avec les observations de la seule année 1822, faites à Chambéry par Mgr Billiet, et les observations correspondantes de Paris, sans appliquer aux premières aucune correction pour la capillarité, est arrivé au nombre 266m 3.

Les différences qui existent entre tous les résultats que je viens de citer, laissaient donc une grande incertitude sur la véritable hauteur de Chambéry; c'est pourquoi j'ai entrepris de la déterminer de nouveau, et j'ai été assez heureux pour y parvenir par trois procédés indépendants les uns des autres, qui se sont servi mutuellement de preuve.

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