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pagne la pluie. Ces renseignements intéressants nous ont été fournis par M. l'avocat Duplan. Ils prouvent d'une manière évidente que le phénomène des brises diurnes et nocturnes existe dans la vallée de Tarentaise de la même manière que dans celle de Maurienne.

Si les gradueurs de Moûtiers assurent que le courant d'Aigueblanche ne commence chaque jour que vers les 9 heures ou 9 heures et demie du matin, c'est parce qu'ils n'en jugent que d'après les girouettes, qui ne tournent sur leur pivot que lorsque le vent a déjà acquis un certain degré d'intensité. S'ils observaient la direction de la fumée, qui est encore le plus sensible des anémomètres, ils reconnaîtraient probablement que le renversement se fait chaque jour une heure ou deux plus tôt.

Nous avons acquis la certitude que dans la province du Faucigny il existe aussi un courant de Bonneville å Sallanches pendant le jour, et un courant inverse pendant la nuit ; mais pour cette province les observations laissent encore beaucoup à désirer.

Le même phénomène se manifeste dans les vallées situées à l'orient comme dans celles qui sont placées à l'occident de la chaîne des Alpes, mais d'une manière inverse. Dans la vallée d'Aoste, la direction. du courant est de l'est à l'ouest, ou plutôt du sud-est au nord-ouest pendant le jour, ensorte qu'il paraît

tendre à la cime du Mont-Blanc plutôt qu'au passage du Petit-St-Bernard. Une brise en sens opposé lui succède pendant la nuit. Nous croyons devoir citer ici les paroles mêmes de M. le chanoine Gal, généralement estimé par l'exactitude de ses observations.

« Je puis assurer, dit-il, que dans cette vallée la « direction du vent périodique, dans les beaux jours, « est du sud-est au nord-ouest; il se dirige par con<<séquent vers le Mont-Blanc, comme vous l'avez a conjecturé. J'ai même observé, dans certains jours « un peu nébuleux, deux vents qui soufflaient en << sens contraires; celui de la région supérieure por<< tait les nuées de l'ouest à l'est, et celui de la région «< inférieure faisait tourner une girouette que j'ob« servais régulièrement du sud-est au nord-ouest. « Ce vent périodique n'est pas toujours de la même «< force. D'après la girouette, son commencement << varie de 10 heures jusqu'à midi; mais j'ai remar<< qué plusieurs fois, au moyen des cheminées, qu'or<< dinairement il commence légèrement de 7 à 8 << heures du matin, et finit vers les 6, 7 et même 8 << heures du soir. Le matin, j'ai plusieurs fois observé <«< que la girouette était tournée en sens contraire, « quoiqu'il n'existât alors aucun vent sensible. Je « présumais que ce changement aurait été causé par << un coup de vent momentané. A l'entrée orientale « de cette vallée, à Donas, on me dit que depuis le

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printemps jusqu'en automne il y a deux vents périodiques, celui du matin dans la direction de « l'ouest à l'est, et celui qui lui succède, qui souffle « en sens opposé. En un mot, il est constaté qu'il y « a deux vents périodiques dans cette vallée, quoi<< que leur direction varie peut-être un peu selon la «<< direction des vallées latérales où ils soufflent. >> (Lettre du 5 décembre 1839.)

Pour la vallée de Suse, M. Clerc, docteur médecin, a eu la complaisance de nous fournir les renseignements suivants, qui nous ont paru également très-précis « Pendant l'été, surtout quand le temps << est beau, depuis les 8 heures et demie ou 9 heures « du matin, il s'élève un vent périodique qui a sa « direction du levant au couchant. Ce vent est d'a« bord très-léger; il augmente graduellement jusqu'à << 2 heures de l'après-midi ; il diminue ensuite et finit << complètement à 6 heures du soir. Ce calme se sou<< tient ordinairement jusqu'à 10 heures, époque où << commence un vent très-léger en sens contraire, « qui augmente insensiblement jusqu'à l'aurore ; il << cesse au lever du soleil. Le calme se rétablit jus« qu'à ce que le vent d'est, soit du Piémont, repa<< raisse.

<< Toute la vallée de Suse est exposée à ce vent périodique; quelques localités cependant l'éprou<< vent beaucoup plus; par exemple, la vallée d'Oulx

«

<< et celle de Cesanne dans la haute province de Suse. « Dans le bas de la province, tout le trajet qui << s'étend de Suse à St-Ambroise y est également « très-exposé, surtout dans la direction centrale de << la vallée. » (Lettre du 10 janvier 1840.)

Les mêmes courants existent dans les vallées de la province de Pignerol. Les renseignements suivants, fournis par M. Balcet, curé de Massel, nous paraissent suffire pour en établir la preuve. « Si le temps «que j'ai pour vous répondre était moins court, je << pourrais peut-être vous donner des notes plus pré<«< cises sur la demande que vous m'avez faite. En « l'état, je me bornerai à vous dire en peu de mots «< ce que je sais et ce que j'ai entendu répéter à cet « égard. Réellement aux beaux jours, et surtout aux «< plus chauds, des mois de juin, juillet, août et «< septembre, nous avons dans nos vallées un zéphir << diurne périodique. Ce vent doux nous arrive des

plaines du Piémont. Sa direction ordinaire est de « l'est à l'ouest. En quelques endroits il commence << de meilleure heure et cesse aussi plus tôt. A Du<< blon, par exemple, et dans cette plaine qui sépare << Dublon de Pinache, il se fait sentir ordinairement «< depuis 11 heures du matin jusqu'à 3 heures du << soir. Je ne saurais précisément à quelle heure il <«< commence à Pragelas et à Fenestrelles; mais ce << qui est certain, c'est que sur la place du fort St

« Charles on l'éprouve pendant une grande partie << de la journée. Dans cette vallée, selon ce qu'en « disent les observateurs, il y a aussi quelque diffé<< rence quant aux heures. A St-Martin et à Chabrans, << il commence à 9 heures et cesse à midi. A Massel << il est très-fort à 11 heures et cesse à 2. Ici sa direc« tion paraît être du nord-est au sud-ouest; mais je « l'attribue aux détroits et aux tournants qu'il ren<< contre dans sa marche. Pendant la nuit, au dire << des agriculteurs, il s'établit dans l'air un calme << tel qu'ils porteraient leur lampe allumée sur la plus <«< haute montagne. » (Lettre du 2 janvier 1840. )

Quoique cette lettre ne parle pas directement du courant nocturne, on peut conclure des faits qu'elle contient qu'il existe dans les vallées de Pignerol aussi bien que dans les autres vallées des Alpes, mais d'une manière peu sensible, comme dans la vallée de Maurienne, tandis que le courant diurne paraît y avoir beaucoup d'intensité.

M. Fournet, professeur à la faculté de Lyon, a recueilli sur ce phénomène de nombreuses observations, dans un voyage fait sur les Alpes au mois d'octobre 1839. Voici ce qu'il nous écrivait le 8 novembre suivant: « Maintenant que j'ai un peu mis en << ordre les résultats de mon voyage dans les Alpes, << permettez-moi de vous soumettre les observations << que j'ai pu recueillir sur le vent des vallées. Je l'ai

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