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HISTOIRE NATURELLE

DES

BALÉNOPTÈRES.

LES BALÉNOPTÈRES.

De tout temps, les baleiniers ont fait la distinction entre les Baleines, les Mégaptères et les Balénoptères, c'est-à-dire entre les Right wales, les Humpback et les Finback, qu'on appelle aussi Vinfisch.

Les naturalistes n'ont connu ces distinctions que fort longtemps après les baleiniers. Les récits de ceux qui avaient observé ces animaux étaient généralement incomplets, et les musées, même les plus importants, étaient dépourvus de restes de ces animaux.

Linné confondait, dans le genre Balana, tous les grands Cétacés qui portent des fanons. Lacépède a proposé le nom de Balénoptère pour ceux qui ont une nageoire sur le dos.

Cuvier croyait à l'existence de deux espèces de Balénoptères : l'une, de la Méditerranée, représentée par le squelette de l'animal échoué en 1798 à l'île Ste-Marguerite et dont la tête, avec quelques os, est conservée au Muséum de Paris; l'autre, de la mer du Nord, d'après un animal jeté, en 1819, sur la côte du Holstein, et dont le squelette complet est conservé au Muséum de Berlin. Le troisième squelette, que Cuvier connaissait éga

lement, est celui qui est conservé à la maison de ville de Brême; et comme il provient d'un animal de petite taille, échoué à l'embouchure du Weser, Cuvier le croyait un jeune de l'espèce précédente.

Il y avait pour Cuvier un Rorqual de la Méditerranée et un Rorqual du Nord. Le grand naturaliste avait préféré le mot Rorqual, donné par les Norvégiens à des Baleines qui portent des tuyaux sous la gorge; il croyait à l'existence d'une Jubarte, espèce supposée sans plis sous la gorge.

Cuvier n'avait pas assez de matériaux à sa disposition quand il a écrit ses Recherches sur les ossements fossiles des Cétacés, et ce n'est que quelques années plus tard, que feu mon ami Eschricht a commencé ses intéressantes publications sur les Cétacés. Grâce surtout aux précieux et nombreux squelettes et fœtus que son ami Hollböll lui envoyait du Groënland, le savant naturaliste de Copenhague a fait connaître les principales espèces de Balénides, en même temps que les caractères sur lesquels elles reposent.

Eschricht a fait faire un pas immense à la Cétologie, en démontrant que le nombre de vertèbres est le même dans le jeune âge qu'à l'âge adulte, que celles-ci ne se soudent pas à un åge avancé, après avoir été séparées d'abord, et que tous les caractères de l'adulte se trouvent déjà dans le fœtus.

En même temps le savant naturaliste de Copenhague a fait voir, ce que l'on semblait également ignorer, qu'il existe une Balénoptère de petite taille, ne dépassant pas 30 pieds de longueur, qui n'a pas plus de quarante-huit vertèbres, qui a des fanons jaunes et des nageoires pectorales à moitié blanches, et que c'est elle qu'Othon Fabricius a eu l'occasion d'observer en vie pendant son séjour au Groënland.

Depuis les travaux de Cuvier, il a été reconnu également que la Balénoptère de la Méditerranée est l'espèce commune de l'Atlantique, et, dès 1836, nous avions signalé sa présence sur la côte d'Islande, d'après des caisses tympaniques que Gaimard avait rapportées de son voyage au Nord.

Nous voilà donc en présence de deux espèces bien distinctes,

la Balaenoptera musculus et la Balanoptera rostrata, auxquelles vient s'en joindre une troisième de taille moyenne que Cuvier avait cru être la seule espèce du Nord: c'est la Balanoptera borealis.

Les deux premières pénètrent de temps en temps dans la Méditerranée, surtout la seconde. Comme nous le verrons plus loin, ces Balénoptères se distinguent parfaitement les unes des autres par leurs caractères extérieurs, aussi bien que par leur genre de vie et leur taille.

On connaît aujourd'hui une quatrième espèce, la plus grande de toutes, que Pierre Camper avait déjà mentionnée sous le nom de Steypireydr, et qui fréquente les courants glaciaires à côté de la Baleine franche; c'est l'espèce qui atteint la plus forte taille puisqu'elle a jusqu'à 80 pieds de longueur; Gray a proposé de la nommer Balaenoptera Sibbaldii.

Après Eschricht, c'est à M. Flower que nous devons les principaux progrès accomplis dans cette étude. Le savant directeur du British Museum s'est occupé particulièrement des individus échoués sur les côtes d'Angleterre, et il a largement contribué à faire disparaître les nombreuses erreurs qui avaient été introduites dans la Cétologie.

M. Flower a fait connaître aussi divers faits anatomiques intéressants, parmi lesquels nous devons citer la composition du bassin de ces animaux et les caractères propres aux os

nasaux.

Schlegel ne croyait pas devoir admettre plus d'une espèce dans les mers septentrionales.

On trouvera plus loin le nom de ceux qui ont également contribué à mieux faire connaître ces Cétacés.

Le genre Balanoptera peut se caractériser par la nageoire que l'animal porte sur le dos, par les membres pectoraux qui sont petits, par les fanons qui sont courts et par des tuyaux ou plis que l'animal porte sous la gorge et qui s'étendent jusqu'à l'abdo

men. Il se distingue en même temps par la tête, qui a le quart de la longueur du corps, par le rostre qui est très peu courbé, comme par les vertèbres cervicales qui sont toutes séparées.

Comme caractère distinctif des espèces, nous croyons pouvoir accorder une grande valeur aux fanons: la Balaenoptera Sibbaldii a les fanons d'un noir bleuâtre uniforme; la Balanoptera musculus a les fanons verdâtres ou pâles, avec des lignes pâles dans toute la longueur; la Balænoptera borealis a les fanons noirâtres avec les barbes blanches et soyeuses; la Balaenoptera rostrata a les fanons d'un jaune pâle.

La femelle des Balénoptères est en général plus grande que le mâle, comme dans les autres Cétacés à fanons.

L'accouplement, comme la parturition, a lieu en hiver; la gestation paraît être de dix à douze mois. En venant au monde, le jeune a le quart de la longueur de la mère 1.

Le jeune accompagne sa mère jusqu'à ce qu'il ait la moitié de sa taille.

La Balanoptera Sibbaldii paraît faire exception pour la durée de la gestation aussi bien que pour l'époque de l'accouplement et de la parturition.

D'après une observation faite au détroit de la Sonde, par le professeur Giglioli, les Cétacés qui nous occupent seraient également sujets à l'albinisme.

Le système nerveux, à l'âge embryonnaire, a été l'objet de recherches importantes au laboratoire de zoologie de l'Université de Liège, par le Dr Guldberg 2 de Christiana, et le cerveau de l'adulte a été étudié avec soin par M. Beauregard 3. Cette

Les vraies Baleines, comme les Cétodontes, ont le tiers de la longueur de la mère en naissant.

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2 GULDBERG, Ueber das Centralnervensystem der Bartenwale, Christiania, 1885. (Christiania videnskab Forhandlinger, 1885, no 4.) GULDBERG, Ueber die Grössen- und Gewichtsverhältnisse des Gehirns bei den Bartenwalen... Meddelelser fra den Naturhistoriske Forening í Kristiania, 1885. 5 Journal d'anatomie et de physiologie, t. XIX, 1883.

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