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J'ai déjà fait remarquer qu'un pareil catalogue raisonné des saints Livres aurait eu un grand intérêt pour Cassiodore.

En somme, je pense que l'on peut voir dans ce fameux manuscrit la copie d'un carnet rempli de notes, faites dans la bibliothèque de Vivaria par quelque disciple de Cassiodore.

§ II. CONCLUSION.

J'ai déjà indiqué deux passages de notre fragment qui paraissent être cités par S. Jérôme. D'autres passages ont des ressemblances frappantes avec certains textes de S. Victorin de Pettau sur l'Apocalypse. Celui-ci connaissait-il donc les Hypotyposes de Clément? Il faudra examiner ce point ailleurs, en distinguant les sources du fragment. Je dis seulement ici qu'il me paraît certain que Victorin ne cite pas le fragment, mais directement la source. utilisée par l'auteur du fragment.

On pourrait se demander: pourquoi Eusèbe n'a-t-il pas cité cette liste si intéressante, si elle faisait vraiment partie du premier livre des Hypotyposes? Il faut répondre qu'il n'y avait pas grand' chose à citer. Eusèbe nous dit quels livres deutérocanoniques ou apocryphes Clément a commentés dans cet ouvrage. Mais ce que le fragment aura autrefois raconté sur S. Mathieu et S. Marc n'était assurément qu'une abréviation de ce qu'Eusèbe avait déjà cité de Papias. Ce qu'il raconte sur S. Luc et S. Paul ne valait certainement pas la peine d'être reproduit. Il n'y a donc que l'histoire de l'origine du quatrième évangile que l'historien aurait pu désirer raconter; mais peut-être n'y croyait-il pas. Il aura même probablement vu que c'était en partie emprunté aux actes apocryphes de S. Jean, qu'il connaissait et qu'il rejetait. Il serait possible aussi qu'il l'ait omis par négligence ou par accident.

Il n'est pas nécessaire d'insister sur la convenance qu'il y avait pour Clément d'Alexandrie d'insérer dans la préface de ses Hypotyposes un catalogue du contenu de sa Bible, avec quelques remarques à ce sujet. Il y a précisément une remarque dans le fragment qui nous indique qu'il s'agit d'une préface. L'auteur dit des épîtres de S. Paul: « De quibus singulis necesse est a nobis disputari », << nous devrons dans la suite discourir sur chacune d'elles ». Ces paroles font clairement allusion à une discussion successive des livres saints particuliers, telle que Clément l'a faite dans les Hypotyposes.

Je reconnais qu'il peut y avoir pour cette thèse des difficultés auxquelles je n'ai pas pensé ; on peut aussi invoquer en sa faveur

d'autres arguments que je n'ai pas présentés. Mais je rappelle au lecteur que je n'ai cherché dans le fragment ni le style ni les expression habituelles à Clément (1), car, à mon avis, il n'a que légèrement modifié la source à laquelle il a puisé cette courte liste historique qui devait servir d'introduction à ses esquisses du contenu des livres de sa Bible. Il l'a probablement raccourci et condensé, et il a fait quelques ajoutes peu importantes, sans toutefois en altérer le caractère. La conclusion, depuis la mention de l'épître aux Alexandrins jusqu'à la fin, est seule son œuvre personnelle.

En pareille matière, on ne doit pas chercher une démonstration apodictique; quant au degré de probabilité de cette thèse nouvelle, les savants, à la critique sévère et bienveillante desquels je la livre, en décideront.

Erdington.

Dom JOHN CHAPMAN.

1. Je note ici cependant un seul point intéressant, que j'emprunte à Zahn G. K. 11, p. 64 note 2. «Romanis autem ordinem scripturarum » peut être comparé avec Clem. Al. Strom. III, 11 (76), p. 554-6, où Clément s'occupe précisément de la conformité de l'épitre aux Romains avec la Loi, qui est indiquée par «ordo scripturarum », c'est-à-dire izoλovlix tõv paço, comme Zahn a démontré après Lagarde. Cela est une phrase propre à Clément, (« ἀκολουθία τῶν διαθηκών, » Strom. VII, 16 (100), p. 894, « ἀκολουθία τοῦ νόμου πρὸς Tòv sbzyyéktov » Strom. III, 12 (86), p. 550), et on ne la rencontre point chez d'autres, que je sache.

Harnack (Chronol. II, 330) regarde iuris studiosus comme idiotisme latin, indiquant l'origine latine du fragment. Je pense au contraire que la correction communément reçue iteneris pour ut iuris est certainement juste. Il y a là un contraste de S. Luc avec S. Marc, qu'on n'a peut-être pas remarqué. Mais je dois réserver ce que j'ai à dire là-dessus pour la discussion des sources, qui fera partie d'un livre plutôt que d'un article comme celui-ci.

LES ÉVÊQUES AUXILIAIRES DE TOURNAI.

O

N ne possède d'autre travail sur les évêques suffragants de Tournai que la liste assez sommaire publiée par Sanderus, encore faut-il rayer quelques-uns des noms qui s'y trouvent; une courte notice « de quibusdam episcoporum Tornacensium suffraganeis dans le MS. Dufief (Bibl. Bruxell. Cod. 13762-68, ft. 238239) et une liste non moins fruste conservée aux Archives du Royaume (Conseil d'État, carton I).

Comme on doit s'y attendre, au XIVe siècle les auxiliaires de Tournai se retrouvent dans les diocèses voisins, et ce sont les déplacements assez fréquents de ces dignitaires ecclésiastiques qui permettent de les identifier. Sanderus commence la série des suffragants de Tournai par deux noms dont il est difficile de justifier la présence sur cette liste : Pierre, évêque de Roeskilde en Danemark et Thorfine, évêque de Hamar en Norvège.

D'après la tradition des abbayes de Ter Doest et des Dunes, Pierre de Roeskilde aurait fait naufrage sur les côtes de Flandre en se rendant en Terre Sainte,et serait mort à l'abbaye de Ter Doest le 19 mai 1218;on l'enterra dans le choeur du monastère (1). La date du décès est fautive, car les Annales Lundenses le placent en 1225 (2). Quant à Torfine, ancien moine cistercien, il avait dû quitter son diocèse à cause des persécutions dont il était l'objet. Il aborda en Flandre et reçut l'hospitalité au monastère de Ter Doest, où il mourut le 8 janvier 1285 (3).

Olaf, évêque de Roeskilde (1300-1320), aurait plus de droit à figurer dans la série des évêques auxiliaires de Tournai. Exilé de son pays, il se retira à Bruges et consacra en 1311 l'église des Dominicains de cette ville (4).

A notre connaissance, la liste des véritables auxiliaires de Tournai commence avec Godefroid, évêque de Schwerin..

1. Flandria ill., III, 460 461; F. V. et C. C., Chronique de l'abbaye de Ter Doest, Bruges, 1845, pp. 9-10.

2. MGH, XXIX, 207; cf. Eubel, Hier., I, 444.

3. Sanderus, Flandr. ill., III, 461; De Visch, Bibl. Cisterc. 316-318; Chron. de Ter Doest, 16-17; Eubel, I, 282; Rond den heerd, 3e année (1868), pp. 42-43.

4. Sanderus, III, 461; De Jonghe, Belgium dominic., 163; Annal.de la Société d'émulation de Bruges, II, 200.

GODEFROID, évêque de Schwerin.

1294.

On rencontre les évêques de ce siège suffragant de Brème comme auxiliaires dans divers diocèses d'Allemagne, tels l'évêque Bernon (1178) à Mayence (1), Brunward (1209) à Trèves (2).

L'évêque Godefroid bénit, le 13 juin 1294, le cimetière du couvent des Clarisses à Gentbrugge, au lieu dit Gulde meersch (3), et accorda des indulgences à ceux qui l'aideraient de leurs aumônes.

Godefridus, Dei gratia Zuerinensis ecclesie episcopus, omnibus presentia visuris salutem in eo qui est omnium vera salus. Quoniam, ut ait apostolus, omnes stabimus ante tribunal Christi recepturi prout gessimus in corpore, sive bonum fuerit sive malum, oportet nos diem messionis extreme nostris operibus prevenire, ac eternorum intuitu seminare in terris quod reddente domino cum multiplicato fructu recolligere debeamus in celis, firmam spem fiduciamque tenentes quoniam qui parce seminat, parce et metet, et qui seminat in benedictionibus de benedictionibus et metet vitam eternam. Cum igitur ad sustentacionem sororum in Ghuldemeerschs, ordinis sancte Clare, proprie non suppetant facultates, universitatem vestram monemus et exhortamur in Domino atque in remissionem injungimus peccatorum quatinus de bonis a Deo vobis collatis pias elemosinas et grata eis caritatis subsidia erogetis, ut per subventionem vestram ipsarum inopie consulatur, et vos per bona hec et alia, que Domino inspirante feceritis, pervenire possitis ad gaudia sempiterna. Nos quoque Dei omnipotentis auctoritate confisi omnibus vere penitentibus, qui predictis sororibus manum porrexerint adjutricem, XL dies et karenam de injuncta sibi penitencia misericorditer relaxamus, si dyochesani consensus probabitur accessisse.

Datum Ghuldemeerschs anno Domini M° CC XCIIIJ pridie sancte Trinitatis (4).

L'acte par lequel l'évêque déclare avoir béni le cimetière est daté du jour de la bénédiction.

Godefridus, Dei gratia Zuerinensis ecclesie episcopus, omnibus presentia visuris, salutem in Domino. Noverint universi quod nos cymiterium sororum ordinis sancte Clare in Ghuldemeerschs in die sancte Trinitatis consecravimus, cooperante nobis gratia Spiritus Septiformis, dyochesani consensu accedente, sicut in suis patentibus litteris legimus evidenter. Datum anno Domini M° CC° XCIIII° die predicto (5).

1. Der Katholik, 1895, I, 145.

2. Mon. Germ. hist., SS. XV pp. 1272-1274.

3. Ce couvent fut plus tard transféré à Gand (Messager des sciences historiques, 1837, p. 482, note).

4. Archives de l'État à Gand, Cartul. du couvent des Riches-Claires, no 1, f. 9.

5. Ibid., f. 8v.

JEAN, évêque d'Apros.

1336-1337.

Jean, évêque d'Apros, appartenait à l'ordre des Carmes. Nous l'avons déjà signalé comme exerçant les fonctions de son ministère dans le diocèse de Cahors en 1321 et de Cambrai en 1335 ('). Le 25 octobre 1336, du consentement d'André, évêque de Tournai, il consacra l'autel de la sainte Croix dans l'église de Sainte-Pharaɣlde à Gand.

Noverint universi quod nos frater Johannes, miseratione divina Napronensis episcopus, de licencia reverendi in Christo patris domini Andree, Dei gratia episcopi Tornacensis, consecravimus istud altare in honore. sancte Crucis et posuimus in eodem altari reliquias sancte Agnetis virginis cum tribus granis incensi et concessimus vere penitentibus et confessis in die consecrationis ejusdem et per octavas quadraginta dies indulgentiarum. Acta fuerunt hec sub anno Domini milesimo trecentesimo tricesimo sexto octavo kalendas novembris (2).

Le 29 janvier 1338 le pape Benoît XII chargea l'archidiacre de Cambrai, Arnaud Le Roi, de recevoir, au nom de la Chambre apostolique, l'argent et les biens laissés par l'évêque d'Apros dans les diocèses de Cambrai et de Tournai, et retenus en majeure partie par l'évêque Guillaume de Cambrai.

Dilecto filio magistro Arnaldo Regis, archidiacono Cameracensi, capellano nostro. Ad nostrum nuper relatio fide digna perduxit auditum quod quidam ordinis B. Marie de Monte Carmelo professor. se asserens episcopum Napronensem, postquam diutius in Cameracensi et Tornacensi civitatibus et diocesibus circumvicinisque partibus moram traxit, et in diversis actibus officium pontificale, de licentia presulum ad quos pertinebat, exercuit, diem clausit extremum, de multis pecuniis et bonis aliis que habebat condito, sicut asseritur, quamvis licentiam a sede apostolica nequaquam habere diceretur, super hoc testamento. Cum autem magna pars pecuniarum et bonorum hujusmodi per venerabilem fratrem nostrum Guillelmum, episcopum Cameracensem, teneatur, sicut sua insinuatione percepimus, arrestata, nosque velimus de pecuniis et bonis predictis ac aliis que habebat idem defunctus, ut inde possit ordinari liberius quod nobis secundum Deum, viso etiam tenore testamenti predicti, si coram nobis exhibeatur, expedire videbitur, habere certitudinem pleniorem, discretioni tue per apostolica scripta committimus et mandamus quatinus de hujusmodi pecuniis et bonis

1. Revue bénédictine, 1903, pp. 21-22.

2. Charte originale dans le fonds de Sainte-Pharaïide aux Archives de l'État à Gand, sceau enlevé ; Privilegia S. Pharaïldis. Ms. de la Bibl. de l'Université de Gand, p. 249.

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