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l'Eglise, et que ce Ministre est non-seulement chargé du soin des affaires temporelles de son Souverain, mais encore des intérêts spirituels de tout l'univers catholique.

Cinquièmement; Que l'injure qui lui a été faite, n'est pas seulement la plus grande violation que l'on puisse commettre contre tous les principes du droit public, mais qu'elle est encore la plus outrageante pour la dignité du premier Chef de la hiéraachie, pour la liberté, l'indépendance et la sûreté dont il doit jouir par tous les rapports religieux de sa Suprématie spirituelle, qu'on proteste en paroles de vouloir respecter, mais qu'on foule aux pieds par le fait.

Sixièmement: Qu'il reconnoit dans cette action une violence qui n'a point de nom, une violence dont se sont toujours réciproquement abstenus les Souverains dans leurs déclarations de guerre, au moment même de l'ouverture des hostilités; une violence contre laquelle après avoir protesté devant Dieu, Sa Sainteté entend protester hautement en face de l'Univers entier.

Septièmement: Que sa volonté expresse est que le soussigné ne s'éloigne point de ses côtés, et qu'il ne se soumette point à l'ordre qui lui a été intimé par une puissance illégitime, qui n'a aucun droit sur lui; que si la force, abusant, suivant son habitude, de ses moyens, et foulant aux pieds les principes les plus sacrés, doit l'arracher violemment de son sein on verra se renouveller un spectacle qui offre autant de sujets

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de blâme pour celui qui le donne, qu'il est glorieux pour celui qui en est la victime. Voilà les sentimens précis du Saint Père, que le soussigné a l'ordre exprès de faire connaître fidèlement, et sans la moindre altération, à Votre Excellence, à laquelle il a l'honneur de renouveller l'assurance de sa considération distinguée.

Le Cardinal JULES GABRIELLI.

A MESSIEURS LES MINISTRES ETRANGERS.

Du Palais Quirinal, le 17 Juin 1808.

Le plus grand des attentats. qui, à lui seul, en réunit un si grand nombre d'autres; un attentat qui appelle sur lui l'attention et l'intérét de toutes les puissances de la terre, pour la sûreté de leurs représentans, et la sauve-garde de leurs dépêches, a été commis dans la personne du Cardinal Gabrielli, ProSecrétaire d'Etat, sur le porte-feuille de son ministère, et dans la demeure même de son Souverain. Le Saint Père, qui sent des coups aussi sanglants se redoubler chaque jour, et qui voit la violence portée à des excès dont il ne se présente point d'exemple de mémoire d'homme; satisfait de souffrir pour la justice, mais ne voulant point manquer à ce qu'il doit à l'Eglise, ni à ce qu'il se doit à lui-même,

a ordonné au soussigné de faire signifier, à M. le Général Miollis, sa réclamation et ses protestations contre des actes de violence aussi révoltans qu'injustes, et lui a en même temps intimé de faire remettre à Votre Excellence une copie de ses réclamations, pour renouveler ces mêmes protestations dans les formes les plus solemnelles, ainsi qu'à tous les Ministres qui résident auprès du Saint Siège, afin qu'ils en instruisent leur Cours respectives.

Le Cardinal JULES GABRIELLI.

A MONSIEUR LE GÉNÉRAL MIOLLIS.

Du Palais Quirinal, le 25 Juin 1808.

On s'est porté, et on se porte tous les jours, dans la Capitale et dans les provinces Pontificales, à un grand nombre d'arrestations, qui, en outre de la vexation des particuliers, renferment encore en elles la violation la plus manifeste du droit des gens, regardé comme sacré par toutes les nations; et qui portent des blessures toujours plus cruelles, et toujours plus offensantes à la majesté du Souverain du pays.

Si toutes ces arrestations sont des coups douloureux portés au cœur du Saint Père, il a été bien plus particulièrement sensible à celle de M. Riganti, Secrétaire de la Sacrée Con

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sulta, déporté dans la ville d'Ancône de M. Barberi, fiscal général du Gouvernement; de M. l'abbé Bacili, vice-économe de la Fabrique de Saint Pierre; et de l'avocat Rufini, lieutenant de la Haute-Cour, emprisonnés dans le château Saint-Ange.

Une vie intègre, une conduite sans reproche, et leur amour pour la justice, en établissant leur réputation auprès des gens de bien, peuvent aussi leur avoir valu la haine et la persécution des méchans. Cette arrestation de quatre personnages honorés de la considération publique, ne peut donc avoir été que l'œuvre ténébreuse de rapports faux et exagérés par lesquels on a surpris votre vigilance. Le public s'est montré particulièrement sensible à l'emprisonnement de M. Barberi homme avancé en âge, infirme, presque à charge à lui-même, et inutile à l'emploi qu'il exerce: ainsi en excitant la compassion générale, il doit aussi réveiller dans le cœur de Votre Excellence des sentimens d'humanité en sa faveur.

Le soussigné a l'ordre positif du Saint Père, de réclamer la liberté de tous ces individus, de la réclamer, appuyé du suffrage de tous les gens de bien, et du cri de l'innocence et et de la justice opprimées.

Le soussigné, en exécutant les ordres de Sa Sainteté, a l'honneur d'assurer Votre Excellence des sentimens de sa considération la plus distinguée.

Le Cardinal BARTHELEMI PACCA.

N. B. Sa Sainteté a nommé le Cardinal PACCA, ProSecrétaire d'Etat, et Monsignor CARLO PEDICINI, ProSecrétaire de la Consulta.

A M. LE GÉNÉRAL MIOLLIS.

Du Palais Quirinal, le 30 Juin 1808.

De nouveaux et de grands sujets de douleur se présentent chaque jour à l'ame sensible de Sa Sainteté, à qui il ne reste plus aujourd'hui d'autre liberté, que celle de faire des réclamations; c'est la voie que le Cardinal Pacca, Pro-Secrétaire d'Etat, a eu l'ordre de prendre, pour porter à Votre Excellence les plaintes de Sa Sainteté au sujet d'un évènenement récent, aussi singulier que fatal dans son principe et ses conséquences, à la Souveraineté Pontificale et à l'ordre social.

Il est venu à la connaissance publique que le Commandant Français, à Foligno, abusant du nom de Votre Excellence, s'était permis de faire arrêter le marquis Giberti, major des Troupes provinciales, pour s'être refusé à remettre les armes destinées à l'usage dé sa troupe, et qu'il avait ensuite porté l'audace jusqu'à les faire enlever de force de leurs dépôts respectifs, au mépris des remontrances et des protestations du Major et des autres Officiers.

Uue pareille violence a lieu dans les autres endroits des Etats de Sa Sainteté; elle se fait

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