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dans la vue de désarmer les Citoyens honnêtes et paisibles, et de mettre la force armée dans les mains des perturbateurs, et des individus les plus corrompus, amis du désordre, rebelles aux lois et à leur Prince.

De telles opérations, qui n'ont d'autre but que de détruire tout pouvoir exécutif, nonseulement blessent dans leur essence tous les droits constitutifs de la souveraineté; mais elles renferment encore en elles, les actes les plus formels d'hostilité, auxquels on puisse se porter en état de guerre contre un Souverain vaincu et un peuple conquis.

Cet exposé seul suffit pour montrer l'excès de la violence que l'on s'est toujours permise envers un Souverain, qui, par la résignation avec laquelle il a supporté, et supporte encore chaque jour, les injustices et les injures par lesquelles on cherche à l'opprimer, donne des preuves continuelles de son caractère doux et pacifique; violence qu'on exerce envers des troupes qui ont toujours montré dans leur conduite, les égards les plus signalés pour les troupes Françaises, et qui ont donné les preuves les plus sincères de leur amour pour la paix et pour la tranquilité.

Tels sont les griefs que le soussigné a l'ordre de Sa Sainteté d'exposer à Votre Excellence. 11 ne doute point que d'après la connaissance de ces faits qui doivent intéresser la sûreté et la justice, vous ne vouliez donner vos ordres à tous les Commandans Français, afin qu'ils 'ils ne se permettent point de continuer le désastrement des troupes provinciales, et

qu'ils aient à leur rendre les armes qui leur ont déjà été enlevées, si vous avez le désir de continuer à maintenir la tranquillité publique, et de réparer l'outrage que ce nouvel et grave attentat a porté à la Souveraineté Pontificale.

Le soussigné, en exécutant l'ordre de Sa Sainteté, a l'honneur d'assurer Votre Excellence de sa considération la plus distinguée. Le Cardinal BARTHELEMI PACCA.

A M. LE GÉNÉRAL MIOLLIS.

Du Palais Quirinal, le 2 Juillet 1808.

ON vient d'apprendre par des lettres de Viterbe, que le Commandant Français de cet endroit, s'est transporté chez Monsieur le Gouverneur pour lui faire savoir qu'il serait dorénavant défendu à tous les Ecclésiastiques, tant séculiers que réguliers, de se rendre auprès de leur Souverain, et qu'en conséquence il n'avoit voulu accorder à aucun d'eux, sous quelque prétexte que ce fût, les passeports accoutumés pour parvenir à Rome.

Sa Sainteté a été frappée du plus grand étonnement par cette nouvelle violence. Elle ne veut point faire aux lumières de Votre Excellence le tort de penser que vous ayez pu avoir connoissance de cette mesure étrange,

par laquelle on cherche à empêcher la communication spirituelle entre le chef et les membres de l'Église catholique. Malgré votre qualité de militaire, les connaissances dont l'esprit de Votre Excellence est orné, doivent l'empêcher d'ignorer combien il a été rendu des Bulles Apostoliques relativement aux obstacles qu'on voudrait apporter au libre recours des Fidèles, au chef de l'Église.

Sa Sainteté veut par cette raison que le Cardinal Pacca, Pro-Secrétaire d'état, s'adresse sur-le-champ à Votre Excellence pour porter à sa connaissance un ordre aussi formellement condamné par l'Eglise, persuadée qu'elle voudra faire à ce sujet les reproches convenables à ce Commandant français, et lui prescrire de se désister incontinent d'une prétention si destructive de toutes les relations spirituelles et religieuses.

Le Cardinal BARTHELEMI PACCA.

A MONSIEUR LE GÉNÉRAL MIOLLIS.

Du Palais Quirinal, le 15 Juillet 1808.

LE Cardinal Pacca, Pro-Secrétaire d'Etat, ennemi de toute plainte, désirerait qu'il ne s'en présentât aucun sujet.

Mais malheureusement ce sujet ne se présente que trop fréquemment. Après avoir

gardé le silence pendant quelque temps, le devoir de son ministère l'oblige à reprendre la parole, pour réclamer contre divers abus d'autorité des Commandans Français, et pour intéresser la droiture et l'autorité de Votre Excellence à y porter remède.

Antoine Ganelli, Barigel (ou Chef de la maréchaussée) de Cascia, a été déposé de son emploi par l'ordre du Commandant de la place de Foligno, sans qu'on puisse en savoir le motif, et le nommé Louis Sizutti lui a été subrogé.

Après l'emprisonnement du Cattaldi Barigel de Norcia, le Commandant Français a nommé pour le remplacer un certain Pascal de Carlo, qui avait une fois occupé cette place et qui avait été déclaré à perpétuité inhabile à toute sorte d'emplois, à cause de ses délits, pour lesquels il avait été condamné aux galères pour cinq ans, par la Sacrée Consulta. Cette peine lui avait été remise par une grâce spéciale, en maintenant toujours la partie de l'arrêt rendu contre lui, qui le déclare inhabile à exercer l'emploi de Barigel, et jusqu'à celui de simple exécuteur ou archer. Le Commandant militaire Français s'est permis de déposer de sa place le Gouverneur de Cannava, et a nommé le Gouverneur de Marciano pour le remplacer.

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Par ordre également du Commandant Français, a été destitué le Barigel d'Assise, Louis Innocenzi, et on a mis à sa place Dominique Lorentini, Barigel de Foligno, qui a été remplacé par Antoine Cavalnelli, Barigel de Bevagna.

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A Amelia, le Barigel Louis-Galenti constituant en état de révolte contre le juge de cette ville, honnête et estimable gentilhomme, à la faveur de la protection française, qu'il s'est procurée par le Commandant de Foligno, et au mépris des ordres de ce juge qui lui avait enjoint de faire sortir de prison deux infortunés qu'il avait arrêtés, et qui avaient été reconnus innocens devant le juge; a continué, par une insubordination et avec l'insolence la plus révoltante, de les retenir en prison, et après les avoir fait enchaîner de la manière la plus inhumaine et la plus barbare, il les a traduits à Foligno, non sans l'indignation et les murmures du peuple, et il s'en est peu fallu que la tranquillité publique ne fût

troublée.

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A Valentano, le nommé Battestoni avait été renvoyé de sa place de Médecin, et le Conseil public de l'endroit était sur le point de se réunir pour procéder à l'élection d'un autre. Le Commandant Français dans Viterbe, abusant du nom de Votre Excellence a empêché la convocation de ce Conseil, enchaî-* nant, par cet acte, la volonté du peuple, que le Souverain légitime, lui-même, avait toujours respectée, convaincu que les communes qui payent leurs Médécins, doivent avoir la liberté de se satisfaire dans le choix de ceux qui sont chargés de la conservation de leur santé.

Ces désordres, et d'autres semblables, sont arrivés par l'usurpation de pouvoir que se

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