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BREF de N. S. le Pape P 1 E VII,

A Notre cher Fils, l'EMPEREUR DES FRANÇAIS.

DEPUIS que par une disposition Divine, nous avons été, sans aucun mérite de notre part, élevé au Supréme Pontificat, vous avez été temoin de nos désirs pour la paix de tous les peuples, et pour la paix de l'Eglise Catholique; vous avez été témoin de nos soins pour la paix spirituelle du Peuple Français, et de notre condescendance paternelle; vous avez été témoin de nos faveurs à l'égard de PEglise Gallicane et de vos sujets ; vous avez été témoin que nous nous sommes prétés,

toutes circonstances, jusqu'où pouvait s'étendre le pouvoir de notre Ministère, dans les Concessions, et les Concordats avec l'Empire Français et le Royaume d'Italie; enfin vous avez été témoin des sacrifices immenses que nous avons faits et supportés pour le le bien-être et le repos de la nation Française et Italienne, au préjudice de notre Peuple, quoique déjà réduit à la disette et à l'impuissance, par les vicissitudes qu'il avait souffertes.

Cependant, malgré tant de faveurs signalées, vous n'avez pas cessé de déchirer notre cœur, et de nous réduire, sous de vains prétextes, dans un état d'affliction la plus profonde, et de mettre à l'épreuve nos devoirs

sacrés et notre conscience. En compensation du Concordat Ecclésiastique, vous ne nous avez rendu que la destruction de ce même Concordat, par des Lois séparées, dites Organiques. Vous nous avez fait des propositions étudiées à dessein, inconciliables avec la Morale Evangélique, avec les Maximes de l'Eglise Universelle. En compensation de la Paix et de nos faveurs, depuis long-temps les Domaines du Saint Siège ont du supporter la charge énorme de vos troupes, et les vues ambitieuses de vos Commandans, en sorte que, depuis 1807 jusqu'à présent, elles ont consommé à peu près cinq millions d'écus Romains, sans maintenir la promesse solennelle du remboursement du Royaume d'Italie. En compensation de ces sacrifices, vous nous avez dépouillé du Duché de Benevent et de Ponte - Corvo, tout en promettant au Saint Siège les récompenses les plus géné reuses; pour complément, vous nous avez présenté quelques articles à notre sanction, contraires au droit des gens, à l'unité et aux Canons de l'Eglise Catholique, et au bienétre des Catholiques dispersés dans les Royaumes étrangers, destructifs de notre indépendance et de la liberté Ecclésiastique; pour complément et compensations, vous avez envahi hostilement nos Domaines qui furent donnés par la magnificence et la piété des Monarques, principalement Français, au Saint Siège Apostolique, et consacrée à l'indépendance et à la liberté des Successeurs de S. Pierre, et confirmés depuis plus de dix siècles

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jusqu'à présent, par tous les Princes Catholiqaes, au Père commun de tous les Fidèles de l'Eglise Catholique, afin qu'il pút demeurer au milieu des enfans premiers-nés, dans une liberté et une indépendance absolue. Enfin, vous avez envahi hostilement la Capitale même, et vous avez rendu rebelle la milice; vous avez occupé les Postes et les Imprimeries; vous avez arraché de notre sein les Conseillers intimes pour la Direction des affaires spirituelles de l'Eglise, les Ministres de l'Etat et vous nous avez constitués nous-mêmes prisonniers dans notre Résidence Apostolique; en pesant militairement sur notre peuple. Nous en appelons pour la décision sur cette manière d'agir de votre part, au droit de tous les peuples, à vos devoirs sacrés, et à ceux de votre peuple; nous en appelons à vous-même, comme à un Fils consacré et assermenté pour réparer les domages, et pour soutenir les droits de l'Eglise Catholique; nous en appelons enfin à la justice du Très-Haut. Vous abusez de la force, foulant aux pieds tous les devoirs sacrés, et principalement au préjudice de l'Eglise; vous nous forcerez ainsi, à ce que nous fassions dans l'humilité de notre cœur, usage de cette force que le Dieu tout-puissant a mise en nos mains, par la suite vous nous donnez des motifs ultérieurs de faire connaître à l'Univers, la justice de notre cause: car les maux qui pourront en résulter, tomberont sur votre responsabilité.

si

Contresigné au Secrétariat de l'Ambassade;

Le 27 Mars 1808.

A MESSIEURS LES CARDINAUX.

Du Palais Quirinal, le 19 Mai 1808.

LE Cardinal Pro-Secrétaire d'Etat a l'honneur de transmettre à Votre Eminence une copie de la note officielle, qui par ordre exprès de Sa Sainteté a été envoyée à Monsieur le Chevalier Alberti, chargé d'affaires du Royaume d'Italie.

Le Cardinal JULES GABRielli.

A MM. LES MINISTRES ETRANGERS.

Du Palais Quirinal, le 19 Mai 1808.

Si les événemens douloureux qui se sont succédés avec tant de rapidité, et qui sont venus frapper l'ame du Saint Père, avaient été capables de l'abattre, le coup qui lui a été porté en dernier lieu par la Cour de France, aurait produit certainement cet effet, et déconcerté son courage. Mais Sa Sainteté y était déjà préparée; et ferme dans la ré-. solution de ne point trahir ses devoirs sacrés, et de ne point déplaire à Dieu pour s'attirer les suffrages des hommes, elle a

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souffert avec constance le nouveau dépouillement qu'elle a essuyé de la meilleure partie des Etats qui étaient restés en son pouvoir.

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Le Saint Père devant cependant à l'Eglise, au monde, et se devant à lui-même de venger son honneur des accusations qu'on lui impute dans le décret du 2 Avril dernier par lequel les provinces de ses Etats sont incorporées au Royaume d'Italie; a ordonné au Cardinal Gabrielli, Pro-Secrétaire d'Etat, de présenter une note à M. le Chevalier Alberti, chargé d'affaires de ce Royaume, pour démontrer l'invalidité des motifs par lesquels on a prétendu justifier l'usurpation; pour réclamer contre la dureté du décret de la même date; et pour protester en même temps contre la violence de cette spoliation.

Sa Sainteté voulant que ses sentimens soient connus de toutes les Cours, a ordonné expressément au soussigné de transmettre à Votre Excellence la copie des deux décrets et de la note remise au Chevalier Alberti, afin qu'elle puisse les faire passer à sa Cour.

Le Cardinal JULES GABrielli.

A M. LE GÉNÉRAL MIOLLIS.

Du Palais Quirinal, le 20 Mai 1808.

Votre Excellence avait paru pénétrée des

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