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en attendant que nous puissions obtenir de la Ville une participation qui nous permette de majorer comme il convient l'estimation de notre police d'assurances.

Telles sont les observations essentielles que suggère à la Commission les comptes de 1926, pour lesquels elle vous propose de voter à M. le commandant Thouvenin les remerciements qui lui sont dus à cause du zèle qu'il apporte à l'exercice de ses fonctions.

Pour copie conforme, le Président.

Signé: CH. GUYOT.

AVIS IMPORTANTS

MM. les membres de la Société qui n'ont point encore réglé leur cotisation pour 1927, sont priés d'en faire parvenir le montant (15 fr.) à M. le trésorier, C. C. P. Nancy 43.02.

Les membres qui désireraient recevoir un avis personnel des excursions organisées par la Société, sont invités à donner leur nom à M. André Gain, secrétaire, 1, place de la Commanderie.

MÉMOIRES

Les Gascons d'Armagnac au secours
du duc René

<< Encore vient Colinet de la Croix que avecque luy admena les Citains, de St-Amadour, le grand Michault, le grand Bertrand et plusieurs aultres. Item encore vient Menal de Guerre... et plusieurs aultres gascons (1). »

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(1) Chronique de Lorraine, p. 162. Les d'Aguerre sont trop connus pour que nous en parlions; ce n'étaient pas d'ailleurs des Gascons, ni leurs hommes, mais bien des Basques et Béarnais,

C'est en ces termes plutôt concis que la Chronique de Lorraine mentionne « les secours venus des villes d'Alemaigne à duc René », car le secours des Gascons n'est même pas mentionné dans l'en-tête du chapitre.

Quel est ce Colinet de La Croix? Quel est ce grand Bertrand? Les commentaires de Lepage n'en disent rien, si ce n'est que le grand Bertrand fut plus tard gentilhomme de l'hôtel de René. Quant à Colinet de La Croix, ils indiquent seulement que c'était « un capitaine aventurier et non un bourgeois de la Croix-aux-Mines (1), comme on l'avait cru ». Et c'est tout (2).

Plus loin Bernardin de Monclar est désigné comme << simple aventurier », sans même l'indication de son pays d'origine (3).

Nous allons préciser pour chacun d'eux ce que nous avons pu découvrir, et établir que ces aventuriers étaient de bons gentilshommes français et des capitaines de soldoyeurs venus au secours du duc René.

Le grand Bertrand d'abord, sur qui nous avons pu retrouver des renseignements complets et dont les descendants ont vécu en Lorraine et en Barrois pendant un siècle et plus.

Personne n'ignore quel profond mépris professait le xve siècle pour l'orthographe des noms de lieux ou de famille. Le grand Bertrand, l'anonyme de la Chronique de Lorraine, est désigné sous les noms les plus variés dans les comptes des receveurs généraux des duchés : Bertrand de Gaux, Bertrand de Gauly, Bertrand de Gaullin (4). D'autres documents que nous étudierons le nomment plus exactement Bertrand de Jalin.

(1) La Croix-aux-Mines, aujourd'hui commune des Vosges, arr. Saint-Dié, cant. Fraize.

(2) LEPAGE, Commentaires sur la Chronique de Lorraine, p. 77-78-79. (3) Ibidem, 81. (4) Ibidem, 82.

Mais son véritable nom est Bertrand de Jaulin. C'était un cadet de Gascogne issu d'une vieille famille d'Armagnac dont l'origine se perd dans la nuit des temps et qui porte de gueules, au lion rampant d'argent ». Supports deux aigles de sable (1).

Il remontait authentiquement à Gérard de Jaulin, écuyer, seigneur du Jaulin (2) en 1282 et en 1300. Le Jaulin, ancien château aujourd'hui transformé en maison campagnarde, fut détruit partiellement au cours des guerres de religion; ses murailles de quatre mètres d'épaisseur en ont toutefois préservé la plus grande partie; il est encore entouré de fossés et le pont-levis est remplacé par un pont de pierre.

Gérard de Jaulin eut deux fils: l'aîné Béziau de Jaulin fut le chef de la branche aînée, dite des seigneurs du Jaulin, aujourd'hui éteinte; le cadet fut Guilhem-Arnaud de Jaulin qui comparaît à un hommage rendu au comte d'Armagnac par les deux frères en l'an 1318 pour la terre indivise du Jaulin (3).

Guilhem-Arnaud eut un fils, Bertrand I de Jaulin, écuyer, seigneur de Sos (4); il épousa en 1377 damoiselle Séguine de Verduzan (5), d'une très noble famille de l'Armagnac, qui lui apporta en dot les terre et château de Gajan (6), situés à un quart de lieue du Jaulin; il prit le

(1) La branche aînée portait : parti d'or et de gueules.

(2) Aujourd'hui commune de Lagraulet, cant. Montréal, arr. Condom, Gers. Les propriétaires actuels descendent par les femmes des anciens Jaulin.

(3) Archives de la maison de Jaulin. C'est de là que nous avons tiré tous les renseignements, jusqu'à celui qui fut le grand Bertrand. (4) Sos, commune actuelle du canton de Mezin, arr. Nérac, Lot-etGaronne.

(5) Verduzan d'azur, à deux besans d'argent, rangés en pal. (Armagnac).

. (6) Aujourd'hui château de la commune de Lannepax, cant. Eauze, arr. Condom. Ce château, sis à deux lieues et demie du Jaulin, est encore fort bien conservé avec sa haute tour intacte; c'est le type des vieux châteaux de l'Armagnac à l'architecture fruste et rustique.

titre de la seigneurie et le transmit, avec le château patrimonial, à ses descendants qui jouirent de l'un et de l'autre jusqu'à la chute de l'ancien régime.

Puis vint son fils, Bertrand II, écuyer, seigneur de Gajan, dont l'alliance nous est inconnue,

Celui-ci eut plusieurs enfants parmi lesquels Jehan et Gaillardine.

Celle-ci épousa Bernardin de Monclar, comme nous le

verrons.

Quant à Jehan de Jaulin, écuyer, seigneur de Gajan, il se marie avant 1445, à damoiselle Jehanne de Mont (1), dame de Lartigue, dont le château (2) s'élevait à une demi-lieue de Gajan. On se mariait entre voisins à cette époque. - Jehan mourut après 1471, ainsi que sa femme.

De leur mariage naquirent deux fils, l'aîné, Jehan, vers 1445, le cadet, Bertrand, troisième du nom, celui qui nous intéresse, en 1451 (3).

Tous les châteaux de la famille, le Jaulin, Gajan, Verduzan, Lartigue, étaient très rapprochés et le plus éloigné des autres n'était qu'à deux lieues à peine. Aussi tous ces cousins et cousines, les Jaulin, les Verduzan, les Mont voisinaient et cousinaient à qui mieux mieux, ainsi qu'avec les La Cassagne (4), parents des Verduzan, dont le château (5) s'élevait à peu près à mi-chemin du Jaulin à Gajan, sur le ruisseau du Grésillon. Le chef de la famille était Sans de La Cassagne, seigneur de La Cassagne, époux

(1) Mont d'azur, à trois monts d'or (Armagnac). Cette famille remontait à Edouard, damoiseau et seigneur de Lartigues en 1319. (2) Lartigues, aujourd'hui commune de Lannepax, comme Gajan. (3) Il est indiqué en 1507 dans un document officiel comme âgé de 56 ans, comme nous le verrons.

(4) La Cassagne (ou Cassagnet): d'azur, à la bande d'or (Armagnac). Ils étaient seigneurs de La Cassagne dès avant 1400.

(5) La Cassagne, actuellement commune de Gondrin, cant, Eauze.

de Bourguine de Verduzan et père de nombreux enfants. Ce fut entre ces familles de gentilshommes une intimité de chaque jour et lorsque belles filles et vigoureux garçons furent arrivés à l'adolescence, les idylles s'ébauchèrent bien vite.

Jehan de Jaulin, l'aîné des seigneurs de Gajan, épousa, en justes noces, l'aînée de ses cousines, Marguerite de La Cassagne. Quant au cadet, le grand Bertrand, il ne résista pas davantage aux charmes de la cadette, la gente et jolie Bézète de La Cassagne, et la damoiselle ne sut de son côté rien refuser à son beau cousin et lui donna même généreusement deux petits bâtards, un fils, Bernard de Jaulin, dont on fit plus tard un prêtre et pour qui le grand Bertrand avait tant d'affection que quarante ans plus tard, à la veille de sa mort, il lui faisait encore une donation, et une fille Marie qui vécut en célibat à Gajan.

Il fallait réparer; mais Bertrand, on ne sait pourquoi, se fit tirer l'oreille et refusa d'imiter son aîné. En fin matois et en Gascon pratique, il préféra jeter la pauvre Bézète et ses charmes déjà défraîchis dans les bras d'un de ses excellents amis, le bon Vital de Faulet (1), écuyer, qui l'épousa bien et dûment devant le notaire et le curé de Gondrin (2) et en eut beaucoup d'enfants.

Après avoir liquidé cette situation plutôt épineuse et s'être rendu libre de sa personne et de ses actes, Bertrand de Jaulin qui, en vrai cadet de Gascogne, ne possédait guère que son blason, sa cape et son épée, se fit souldoyeur, non sans avoir confié l'administration de son petit apanage de cadet, à sa belle-sœur Marguerite de La Cassagne, qui s'en chargea sans nulle rancune ainsi que de ses deux bâtards. Et là-dessus, il s'éloigna à la recherche

(1) Faulet armes inconnues.

(2) Gondrin, aujourd'hui commune du canton d'Eauze.

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