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Bulletin de la Société d'archéologie lorraine.

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Rochefoucault

JEAN-CHARLES FRANÇOIS

Gravure manière crayon : Première manière

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qui en résulterait, ce serait de voir réunir dans ces dessins, les grandes compositions de Pietre Tête, le Clair obscur de Vouet, la force du dessin de Lafage, les grandes expressions de Raphaël et de Lebrun, de même que le beau vulgaire de Watteau, à ceux de ce temps; et sans abaisser l'Artiste à l'esclavage auquel entraîne une gravure peignée en une ou plusieurs planches, je les conduirais, s'il le fallait, à faire du fini toujours sans outils ».

D'après ce qui précède, François est donc bien l'inventeur du procédé que plus tard au XIX siècle, on a appelé le vernis mou, procédé que l'on emploie encore aujourd'hui et qu'à tort on disait inventé en Angleterre vers 1830. Ce procédé est français et lorrain.

Mais les recherches de François ne devaient pas se borner à la gravure dans la manière du crayon comme il l'appelait, les succès qu'il en obtint ne devaient que le stimuler davantage; il rechercha alors la manière de graver aux trois crayons rouge, noir et blanc sur du papier teinté, ce qu'il obtint avec sa manière de graver, mais avec trois planches repérées que l'on superposait au tirage des estampes.

Mais la minutie qu'il fallait déployer dans le repérage de ces trois planches ne convenait probablement pas à son tempérament; il se laissa prendre son invention par le Liégeois Gilles Demarteau (1730-1776), et par Bonnet (1743-1793), ceux-ci obtinrent des résultats d'une fraîcheur singulière qui devint la gravure en manière pastel Il leur suffisait d'avoir beaucoup de patience, de graver, en manière de crayons, autant de planches qu'ils voulaient rendre de tons et de les superposer au tirage; le graveur Le Blond, né à Francfort, avait déjà essayé une gravure analogue au commencement du XVIIIe siècle.

< En 1760, dit François, cette manière n'était qu'un projet qui a été saisi avidement par quelques artistes

et que je leur abandonne d'autant plus volontiers que j'ai reconnu que cette gravure demande des soins qui ne sont pas dignes des grands artistes. Il faut s'en tenir à une manière libre et simple qui permette de joindre toutes les différentes gravures sur une même planche. >

C'est ainsi que François grava le portrait du Docteur Quesnay, dont la tête est gravée à la manière noire, l'habit au burin, le cadre et le fond à la manière crayon (vernis mou), les livres à la gravure au lavis et le piédestal aux crayons noir et blanc, et il ajoute :

« Les différents crayons qui s'y trouvent sont travaillés de la manière simple et sans mécanique. C'est cette manière que j'ai offerte à l'Académie, parce qu'elle est si facile, qu'il ne faut pas plus de peine, ni d'autre mouvement, que si l'on dessinait ce qui la rend digne de nos grands dessinateurs. »

Ses inventions ont rendu jaloux de nombreux graveurs et, à la fin de sa lettre, François s'en plaint amèrement lorsqu'il dit : « La fourberie et la jalousie se sont fait entendre, mais je ne répondrai pas à mille objections pitoyables que des gens aussi ignorants que peu sensés ont formées là-dessus; ces objections tombent d'elles-mêmes le faux talent n'a qu'un temps; on ne m'a pas toujours entendu; mais je me flatte que les personnes justes et éclairées me rendront enfin justice. »

François faisait allusion particulièrement au Liégeois Demarteau qui, non content de l'imiter, voulut s'approprier ses découvertes. Il y eut à ce sujet entre les deux artistes un long débat, qui fut tranché par des lettres patentes du Roi, donnant à François le droit exclusif d'exploiter ses procédés.

Dès le temps où François présenta à l'Académie de peinture ses essais de gravure en manière de crayon

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