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réseau important qui reliait Toul à toutes les cités de la région Scarpone et Metz, Naix et Reims, Soulosse

et Langres, Vaudémont.

Mais il est d'autres chemins anciens qui, au lieu de rayonner autour de la cité, l'encerclaient, pour ainsi dire, dans un espace de quatre à huit kilomètres. Ils sont encore désignés par les habitants des campagnes touloises sous le nom de Chemins Brabant. Les répertoires archéologiques de J. Beaupré et E. Olry les mentionnent dans les notices concernant les villages de Blénod, Charmes, Choloy, Ochey, Gye, Bicqueley, Gondreville, Bruley, Lucey et Trondes.

Henri Lepage parle du « Chemin Braban » dans son ouvrage : Le département de la Meurthe. Statistique historique et administrative (1).

En partant de la région Sud de Toul, nous trouvons à Uruffe un chemin Brabant, qui gagne Blénod à travers bois.

A l'extrémité Nord-Est du territoire de Charmesla-Côte, passe le Chemin Brabant qui prend la direction de Choloy, tandis que la grande voie romaine se développe vers l'Est.

A Gye, un chemin Brabant, qui se raccorde avec le précédent, suit la direction de l'Ouest à l'Est. Il traverse le village, et, sur la place de l'église, on a découvert, lors de la reconstruction de cet édifice, un pavé en briques de différentes couleurs, en direction SudOuest (2).

Vers Bicqueley, une ancienne voie dite chemin de Charmes semble prolonger le chemin Brabant en direction de Pierre-la-Treiche.

Nous le retrouvons sur les hauteurs qui dominent la Moselle, près de la redoute de Chaudeney. Il se

(1) T. I, p. 222 : << I paraît que ce pont communiquait... avec un grand chemin dit le Chemin Braban, qui se dirigeait vers le Nord-Ouest. »

(2) E. OLRY, Répertoire archéologique du canton de ToulSud Gye, Bicqueley.

détache de la route de Chaudeney à Villey-le-Sec, pour prendre, vers le Nord, la direction de Gondreville, en utilisant tous les vallonnements. A l'Ouest de Gondreville, environ à 300 mètres du pont actuel,

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il franchissait la Moselle sur un pont de pierre détruit en 1232 (1). Quand les eaux sont basses, on

(1) En 1232, Mathieu II soutint l'évêque de Metz, Jean d'Apremont, chassé de sa ville épiscopale par les bourgeois qui voulaient s'affranchir de la domination temporelle de leur évêque

voit émerger au milieu de la rivière, très profonde en cet endroit, un amoncellement de pierres provenant du pilier central du pont.

L'ancienne voie, après avoir franchi la Moselle, se dirigeait vers le Nord par un chemin encore existant et désigné sous le nom de chemin Brabant; il gagnait Libdeau, où il traversait la grande voie romaine de Toul à Scarpone, puis se dirigeait vers Bouvron en se confondant avec la route de Montsec dont nous avons parlé précédemment.

Avant Bouvron, près de la ferme de Longeau, le chemin Brabant quitte cette route et prend la direction de l'Ouest, s'approche de Bruley, traverse Lucey, puis suit la vallée étroite qui conduit à La Neuveville et Trondes, gagne Pagny-sur-Meuse, où il vient se raccorder avec un autre chemin Brabant qui, par Foug, rejoint le tronçon aboutissant à Choloy.

Ces voies de communication, que j'ai connues depuis mon enfance, m'ont maintes fois intrigué, en raison de leur nom bizarre et de leur circuit si compliqué, et je me suis demandé bien souvent: A quelle époque peut-on en faire remonter l'origine? Quelle était leur destination première? D'où vient l'appellation Chemin Brabant?

Etienne Olry les suppose voies romaines (1); J. Beaupré les dit très anciens (2): ils sont probableet constituer une république municipale. Les bourgeois, fort riches, avaient obtenu l'alliance du comte de Bar. Mathieu II, après avoir brûlé la petite ville de Pont, vint mettre le siège devant Foug, qu'il ne put prendre. Henri de Bar le força à reculer. Une bataille fut livrée entre Champigneulles et Nancy. Les soldats du duc de Lorraine s'enfuirent en désordre et Mathieu put difficilement se retirer, presque seul, à travers la forêt de Haye jusqu'à Gondreville. Pour protéger sa retraite, il fit détruire le pont, qui datait, dit-on, de la reine Brunehaut, et qui n'a jamais été reconstruit. (Dom CALMET, Histoire de Lorraine, t. II, col. 495.)

(1) E. OLRY, Répertoire archéologique des cantons de ToulNord, Toul-Sud.

(2) J. Beaupré, Répert. archéol. du départ. de Meurthe-et-Moselle Lucey, Gondreville.

ment antérieurs au XIII siècle, puisqu'un des tronçons franchissait la Moselle sur le pont de Gondreville détruit en 1232. Dom Calmet parle de la destruction de ce pont (1) datant dit-il de la reine Brunehaut; les dallages retrouvés à Gye rappellent le système de constructions des chemins romains. Bornons-nous à constater qu'ils sont très anciens.

Le Grand Dictionnaire universel du XIX siècle (2) donne, au sujet du mot Brabant les origines suivantes Le poème de saint Liéven (Epistola ad Flobertum), qui souffrit le martyre aux environs d'Alost en 633, poème qui est le plus ancien monument concernant le nom de cette province (le Brabant), la nomme pagus Bragmatensis, de bruc ou brac, qui signifiait boisé, et de band ou banc, qui, de même que bannus, voulait dire terre limitée, de sorte que ce mot composé désignait une contrée couverte de bois et coupée par des eaux ou des marécages... » L'ensemble des chemins qui font l'objet de cette étude traverse, en effet une région boisée et qui devait l'être encore davantage autrefois, elle est coupée par les eaux de la Moselle, de ses affluents, le Bouvade, l'Ingressin, et par la Meuse. On pourrait done adme!tre que ces chemins, d'origine romaine ou peut-être gauloise, auraient été restaurés, au temps de la reine Brunehaut et que leur nom daterait de cette époque; les populations chrétiennes du Toulois auraient voulu par là, glorifier le martyre de saint Liéven en pays Brabant, pas très éloigné de Toul, et appartenant au même pays d'Austrasie.

Il existe aussi, dans la région, d'autres chemins qui portent des noms bizarres chemin des Pèlerins, chemins des Sarrazins (3), ces derniers rappelant les directions par lesquelles sont venues des bandes pil

(1) Dom CALMET, Histoire de Lorraine, t. II, col. 495, déjà cité. (2) De Pierre LAROUSSE, t. II, p. 1179.

(3) BLEICHER et BEAUPRÉ, Guide pour les recherches archéologiques dans l'Est de la France, 1867, p. 104.

lardes qui désolaient le pays au moyen âge; or, on désignait autrefois sous le nom de « Brabançons » des mercenaires redoutables, originaires du Brabant, et qui n'étaient pas moins fameux, par leurs brigandages, que les routiers, les mandrins, les écorcheurs. Mais alors, si ces voies anciennes rappelaient leurs méfaits, ils devraient porter le nom de « Chemins des Brabançons (1) »

D'autres questions se posent pourquoi ces chemins contournent-ils la ville de Toul sans y pénétrer?

Pourquoi avait-on construit à Gondreville un pont solide en pierre pour servir de passage à une chaussée allant du Sud au Nord, c'est-à-dire dans deux directions différentes de celle de Toul, alors que pour franchir la Moselle sous les murs de la vieille cité, il n'y avait qu'un bac ou un pont de bois souvent emporté par les eaux?

Pourquoi ces chemins, contrairement aux tracés de l'époque ancienne, généralement en ligne droite, font-ils une quantité de détours pour utiliser les mouvements de terrain et passer dans les vallons? On peut constater facilement, du point d'intersection de la route de Chaudeney à Villey-le-Sec, avec le tronçon (Chemin Brabant )qui se dirige vers Gondreville, qu'on ne peut voir en aucun endroit du parcours un convoi se dirigeant vers cette dernière localité, pas plus qu'on ne peut voir l'emplacement du pont détruit. Il en est de même du parcours du chemin Brabant vers Libdeau et du trajet de Lucey à Trondes.

(1) D'autres voies anciennes de la région portent des noms qu'il serait curieux d'étudier Chemin de Mandeguerre (La Neuveville-derrière-Foug), Chemin de Malbrouque (Marlborough) à Tremblecourt, Chemin de la Blanche-Dame à Germiny, Chemin de la Reine-Blanche à Lay-Saint-Rémy, Chen.in de Saunard à Flirey et de nombreux Chemins des Romains, Routes des Romains, que M. Bleicher dit devoir remonter à une époque plus ancienne, les Romains s'étant contentés de réparer et d'entretenir les vieilles routes gauloises.

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