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PLOREMUS CORAM DOMINO QUI FECIT NOS
QUI.. IPSE EST DOMINUS DEUS NOSTER
NOS AUTEM POPULUS QUI ET OVES PASCUŒE EJUS
PSAL. 94 (14).

« Un aigle tenant dans ses serres
la tête de saint Louvent (15). »

[Ici une croix latine plantée dans un large soubassement, dessinant de chaque côté quatre degrés (16)].

« Pour fondre la cloche on a employé 4.701 livres de métal. La cloche avec son battant en fer pèse 5.000 livres environ (et même un peu plus) (17). »

Je crois devoir revenir sur le texte du commencement : «Ma fonction est d'honorer les fêtes, de convoquer le peuple aux saints offices, de pleurer les morts et chasser les tempêtes. » Cest une dérivation d'une formule qui, complète et primitive, parait être ces deux vers hexamètres :

Laudo Deum verum, plebem voco, congrego clerum,
Defunctos ploro, pestem fugo, festa decoro (18).

bazan (Landes), Nancy, 1892; il est à peine besoin de dire que, depuis cette époque, j'ai recueilli de nombreux exemples nouveaux de formules analogues.

(14) Ps. XCIV. v. 6-7: Venite adoremus et procidamus, et ploremus ante Deum, qui fecit nos. Quia ipse est Dominus Deus noster, et nos populus pascuæ ejus et oves, manus ejus.

(15) Saint Louvent est le patron de Rembercourt; sur ce saint, au point de vue lorrain, voir notamment: Abbé J.-V. TIHAY, La vie des saints, Verdun, 1865, in-12, p. 525-526; BONNABELLE, op. cit., p. 34, 41; H. LABOURASSE, saint Louvent ou Lupicien (Lupentius), martyr du vi siècle; sa mort, ses reliques et son culte; Verdun, 1893, in-8°, 69 pages, 1 planche.

(16) C'est moi qui ai mis cette parenthèse, pour indiquer un tracé trop difficile à reproduire typographiquement.

(17) Cette cloche de 1788 existe-t-elle encore, après la dernière guerre, qui a détérioré considérablement l'église de Rembercourt? Je le souhaite; mais sa disparition ne rendrait que plus précieuse la description qu'en a faite l'abbé Gillant et qu'il a bien voulu m'envoyer.

(18) J'ai commencé depuis longtemps la rédaction d'un article spécial sur cette formule et ses variantes; mais il est fort dou teux que je puisse le terminer et le faire imprimer.

Je ne la trouve qu'à partir du second tiers du XIVe siècle et je doute qu'elle soit de beaucoup antérieure, à cause des mots mortuos plango, qui ne rentrent pas dans l'esprit du Moyen Age, où la symbolique avait en vue, non la douleur humaine de la perte des défunts, mais la récompense de leurs bonnes œuvres dans le ciel. La langue française s'était enrichie de la belle expression trépassé, c'est-à-dire, non pas mort, jeté dans le néant, mais trans passé dans la vie éternelle.

La formule dont il s'agit a joui d'une vogue très grande et prolongée; mais on l'a beaucoup variée et on en a découpé des fragments, conservés purement ou mêlés à d'autres expressions. C'est ainsi que la cloche de Schaffouse, qui a donné à Schiller l'idée de son célèbre « Chant de la Cloche », portait l'ivos voco, mortuos plango, fulgura frango.

Dans sa Notice sur Rembercourt, Claude Bonnabelle dit: « Une des cloches, fondue en 1538, portait en latin cette inscription: Je chasse les orages, j'appelle les peuples; je pleure les morts (19) ». C'est, on le voit, une autre dérivation de la même formule.

Ainsi, par les faits qu'elle relate et par les souvenirs qu'elle évoque, la cloche de 1788, si moderne que soit sa date, méritait d'être étudiée.

16 novembre 1925.

(19) BONNABELLE op. cit., p. 35.

L. GERMAIN DE MAIDY.

Lettres missives du duc René II

La lettre missive, dont le XVIe siècle fera un si grand usage, était déjà fort employée au xv, puisqu'on a réuni 2.164 lettres de Louis XI, toutes, il est à peine besoin de le dire, d'un caractère très personnel. René II dont l'instruction était solide et dont le règne est plus étendu — 35 ans au lieu de 22 aurait dû, semble-t-il, nous en laisser autant. Mais il avait des états moins vastes à gouverner et

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surtout son activité était bien moindre que celle de son redoutable voisin. Il a peu écrit de lettres, ou du moins il ne nous en reste qu'un petit nombre. Dom Calmet n'en donne aucune dans ses preuves. Le Bulletin de notre Société en a publié trois, adressées au chapitre de Saint-Dié et aux magistrats de Metz (1). Dans une étude sur la prétention de la ville de Sarrebourg à relever immédiatement de l'Empire, onze lettres du duc sont publiées ou analysées (2); comme Sarrebourg parlait un dialecte germanique, ces lettres, adressées à ses magistrats, sont en latin ou en allemand. C'est là tout, à notre connaissance, et c'est peu.

Dans le Trésor des chartes de Lorraine, layette Boulay (B. 584) étaient conservées autrefois vingt lettres de René II qui toutes étaient adressées à ce bâtard de Calabre. fils de Jean II, donc cousin germain de René II, biographié par nous récemment (3), et que nous voyons ainsi indiquées dans les anciens inventaires de Dufourny et de Lancelot : no 46, lettre du 20 août 1483 au sujet de la restitution au bâtard d'un cheval et des biens de feu Attobelle, son homme d'armes; cette lettre a disparu. No 47, paquet de dix-sept lettres de 1483 au sujet de plusieurs différends entre le duc et le bâtard; ces lettres sont également en déficit. No 51, deux lettres des 14 et 24 août 1483 qui sont heureusement conservées et dont voici le texte :

1483, 14 août.

A mon cousin, le bastard de Calabre.

Mon cousin, je me recommande à vous. Je vous envoye Waltrin, clerc d'office, avecques l'expédicion que par mes dar

(1) B. S. A. L. 1907, p. 164; 1908, p. 210; 1928, p. 23.

(2) Iahrbuch der Gesellschaft für lothringische Geschichte, 1897, p. 270 et ss.

(3) B. S. A. L., 1928, p. 116-121. Depuis la publication de ce petit travail, nous avons retrouvé un document intéressant sur le bâtard de Calabre; c'est un mandement expédié de Lunéville, le 17 janvier 1477, n st., ipar lequel René donne pouvoir à ce bâtard, son cousin, à Gracien d'Aguerre et à Geoffroy de Bassompierre pour requérir en son nom ouverture de toutes places et châteaux du duché de Luxembourg et pour promettre à ceux qui se rendront la conservation de leurs franchises et privilèges (orig. scellé signé du duc et contresigné par Lud, à la Biblioth. nat., Collect. de Lorr., ms. 212, fol. 22).

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