POLYNICE. Et j'ai pour moi les dieux. Les dieux de ce haut rang te voulaient interdire, Jugez donc, par l'horreur que ce méchant me donne, POLYNICE. Et moi je ne veux plus, tant tu m'es odieux, JOCASTE. Allez donc, j'y consens, allez perdre la vie; SCÈNE IV. ANTIGONE, ÉTÉOCLE, POLYNICE, HEMON, CREON. ANTIGONE. Madame... Oh ciel! que vois-je! Hélas! rien ne les touche! HÉMON. Rien ne peut ébranler leur constance farouche. ANTIGONE. Princes... ÉTÉOCLE. Pour ce combat, choisissons quelque lieu. Courons. Adieu, ma sœur. POLYNICE. ÉTÉOCLE. Adieu, princesse, adieu. ANTIGONE. Mes frères, arrêtez! Gardes, qu'on les retienne; HÉMON. Madame, il n'est plus rien qui les puisse arrêter. ANTICONE. Ah! généreux Hémon, c'est vous seul que j'implore: ACTE CINQUIÈME. SCÈNE I. ANTIGONE. A quoi te résous-tu, princesse infortunée? A de nouveaux malheurs te veux-tu réserver? Leur exemple t'anime à te percer le flanc; Et toi seule verses des larmes, Tous les autres versent du sang. Quelle est de mes malheurs l'extrémité mortelle, Un amant me retient, une mère m'appelle ; Et m'en ôte l'envic. Que je vois de sujets d'abandonner le jour! Quand on tient si fort à l'amour! Oui, tu retiens, amour, mon âme fugitive; L'espérance est morte en mon cœur, Hémon, vois le pouvoir que l'amour a sur moi : Et je veux bien vivre pour toi. Si jamais tu doutas de ma flamme fidèle... SCÈNE II. ANTIGONE, OLYMPE. ANTIGONE. Eh bien, ma chère Olympe, as-tu vu ce forfait? OLYMPE. J'y suis courue en vain, c'en était déjà fait. Du haut de nos remparts j'ai vu descendre en larmes Et, pour vous dire enfin d'où venait sa terreur, ANTIGONE. Ah! je n'en doute pas, Hémon est magnanime; Son grand cœur eut toujours trop d'horreur pour le crime: Et s'il l'avait pu faire, Olympe, il l'aurait fait. La mort seule entre vous pouvait mettre la paix. Le trône pour vous deux avait trop peu de place, OLYMPE. Mais pour vous ce malheur est un moindre supplice Ce prince était l'objet qui faisait tous vos soins : ANTIGONE. Il est vrai, je l'aimais d'une amitié sincère; ANTIGONE. Il est triste; et j'en connais la cause : Au courroux du vainqueur la mort du roi l'expose. C'est de tous nos malheurs l'auteur pernicieux. SCÈNE III. ANTIGONE, CRÉON, OLYMPE, ATTALE, Gardes. CRÉON. Madame, qu'ai-je appris en entrant dans ces lieux? Est-il vrai que la reine..... ANTIGONE. Oui, Créon, elle est morte. Oh dieux ! puis-je savoir de quelle étrange sorte Ses jours infortunés ont éteint leur flambeau? OLYMPE. Elle-même, seigneur, s'est ouvert le tombeau; ANTIGONE. Elle a su prévenir la perte de son fils. CRÉON. Ah madame! il est vrai que les dieux ennemis... ANTIGONE. N'imputez qu'à vous seul la mort du roi mon frère, A ce combat fatal vous seul l'avez conduit : Il a cru vos conseils; sa mort en est le fruit. Mais les rois, en tombant, entraînent leurs flatteurs. CRÉON. Madame, je l'avoue; et les destins contraires Me font pleurer deux fils, si vous pleurez deux frères. ANTIGONE. Mes frères et vos fils! dieux! que veut ce discours? Quelque autre qu'Étéocle a-t-il fini ses jours? CRÉON. Mais ne savez-vous pas cette sanglante histoire? ANTIGONE. J'ai su que Polynice a gagné la victoire, Et qu'Hémon a voulu les séparer en vain. CRÉON. Madame, ce combat est bien plus inhumain. ANTIGONE. Rigoureuse fortune, achève ton courroux! Vous avez vu, madame, avec quelle furie |