RÉSUMÉ.

En résumé, dans cette excursion qui n'a duré que quatre jours, nous avons vu une partie du Terrain jurassique supérieur, le Terraiu crétacé du Nord de la France et une grande partie del'Eocène.

Si, dans une région relativement aussi rapprochée du centre du bassin de Paris que l'est le Pays de Bray, nous avons pu voir des couches aussi anciennes, c'est grâce à l'accident géologique qui, après avoir soulevé cette contrée, a rompu la clef de voûte du bombement de manière à laisser voir les couches inférieures.

Les couches les plus anciennes que l'on rencontre dans les environs de Beauvais sont les argiles à Ostrea virgula, appartenant à la partie supérieure du Kimméridien.

A Villembray, nous les avons vues recouvertes par des marnes renfermant l'Ostrea catalaunica; c'est par elles que commence l'Etage portlandien; il comprend, à sa partie inférieure, les couches à Ostrea catalaunica, Venus Saussurei, Ammonites gigas; puis les grès calcaires à Anomya lævigata (vus près de Senantes et de Meshayes), enfin les couches à Ostrea bruntrutana. Le Portlandien moyen est constitué par des argiles bleues à Ostrea expansa. Quant au Portlandien supérieur, il est représenté par des sables glauconieux à Trigonia gibbosa, que nous avons pu voir près de Goulancourt.

Dans la partie méridionale du Pays de Bray, cette assise se charge de galets provenant de roches carbonifères et triasiques. Ce facies littoral indique que, déjà à la fin de l'époque portlandienne, cette région commençait à s'exhausser (1).

Ce mouvement d'exhaussement semble s'être continué pendant le commencement de la période suivante, car les premiers sédiments du Terrain crétacé sont encore des sables. Ils sont plus blancs que les précédents et renferment des végétaux terrestres, Lonchopteris Mantelli, comme nous avons pu le constater à Saint-Paul; ce sont de vrais dépôts de rivages Ces sables dans lesquels on trouve, sous forme de bancs et de poches, des argiles blanches réfractaires représentant l'Etage wealdien.

(1) De Lapparent Le Pays de Bray; Paris, 1879; p. 47.

Au-dessus apparaissent de nouveaux sables ferrugineux avec nodules de limonite (bois de Belloy, Saint-Paul, etc.). Avec ces couches commence le second étage crétacé, le Néocomien. L'argile bleu noirâtre (exploitations du bois de Belloy, de SaintPaul, etc.), qui est supérieure à ces sables ferrugineux, termine le Néocomien inférieur. Au-dessus se trouvent les argiles panachées (L'Italienne, Saint-Martin-le-Noud), qui constituent le Néoconien moyen.

Le Néoconien supérieur ou Aptien est représenté par des argiles à Ostrea aquila, que certains auteurs ont signalées dans cette région; mais nous n'avons pas pu les voir.

Puis vient l'étage du Gault, commençant par des sables glauconieux. Sur la route de La Vallée à Saint-Sulpice, ces sables verts sont surmontés d'argiles bleues renfermant les ammonites caractéristiques de cet âge.

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L'Etage cénomanien, qui 'succède au Gault, comprend deux divisions la première est la Gaize, caractérisée par Ammonites inflatus, Sow.; la seconde est la Craie glauconieuse, dont les fossiles caractéristiques sont Ammonites Rothomagensis, Ammonites varians. Dans la tranchée de La Grosse-Saulx et aux environs de Saint-Paul, nous avons pu, grâce aux fossiles, distinguer aisément ces deux niveaux.

Sur la Craie glauconieuse ou Craie de Rouen repose l'Etage turronien ou Craie marneuse, ainsi que nous avons pu le constater à Saint-Martin-le-Nœud et à Saint-Sulpice. Nous en avons reconnu les deux assises, la première à Inoceramus labiatus, la seconde à Holaster planus. Cette Craie marneuse se distingue par sa couleur de la Craie blanche qui lui est superposée (Sénonien). Dans ce dernier étage nous avons vu nettement des lits de silex noirs, cariés, caractéristiques, et nous en avons reconnu les trois grandes divisions à la partie inférieure, la Craie noduleuse à Micraster cortestudinarium (Flambermont); au-dessus la Craie à Micraster coranguinum (Therdonne, Goincourt, chemin de la Trépinière), et enfin la Craie à Belemnitelles, qui reste au pied des couches relevées par le soulèvement du Bray (1).

Le dernier étage du Terrain crétacé est le Danien, dont il

(1) Hébert: Bull. Soc. Geol. de France, deuxième série, t. xx, p. 6, 14.

reste un lambeau à Laversines. Dans la région qui nous occupe on ne rencontre que la partie supérieure de cet étage, qui vient s'appuyer sur un rivage constitué par la Craie blanche (1).

Nous voyons donc que depuis l'époque du Gault, qui est franchement marin, le sol du Pays de Bray est resté immergé comme tout le Nord de la France. Après le dépôt de la Craie à Belemnitelles, il se produit un exhaussement et le sol est émergé pendant le dépôt du Danien inférieur (2); mais un mouvement d'affaissement permet à la mer de pénétrer dans les golfes formés par le Sénonien exhaussé, et, à l'époque du Danien supérieur, son rivage passe à Laversines; enfin, le mouvement d'exhaussement recommençant, les dépôts tertiaires ne se trouvent plus qu'à une certaine distance du Pays de Bray; aussi est-ce en dehors de cette région que nous les avons vus.

Ils commencent par les Sables de Bracheux, qui reposent sur la Craie à Belemnitella mucronata. Nous trouvons d'une façon constante, dans les différents gisements, les niveaux à Cuculloa crassatina et à grosses cardites; les localités de Bresles et de Bracheux nous permettent de constater un ravinement séparant ces sables en deux parties.

A la sablière de Bresles, sous ces couches à grosses cardites, se voit un sable blanc sans fossiles, correspondant au niveau inférieur à grosses cucullées. A la partie supérieure nous avons observé des bancs saumâtres qui terminent l'étage des Sables de Bracheux et qui représentent l'horizon de Jonchéry.

Au-dessus vient l'Etage des Lignites, dont nous n'avons pas pu observer toutes les assises.

Dans le bois de L'Epine, nous n'avons vu que les couches à Cyrena cuneiformis et Ostrea Bellovacina, surmontées d'un banc de cailloux roulés. Au pied du Mont-César nous avons pu reconnaître quelques fossiles des couches inférieures.

Les Sables de Cuise, qui succèdent à l'Etage des Lignites, dé

(1) Hébert: Les mers anciennes et leurs rivages dans le bassin de Paris; Paris, 1857, p. 77.

(2) Hébert Plissements de la craie dans le nord de la France. (Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du 17 avril 1876.)

butent par des sables et des grès à Nummulites planulata. La partie supérieure de l'étage, presque entièrement sableuse, présente, en grand nombre, les rognons magnésiens, si caractéristiques de cet étage, désignés vulgairement sous le nom de tètes de chat.

A Ponchon, sur ces sabies qui terminent la série éocène inférieure, repose un calcaire sableux à Nummulites lærigata, qui forme la base de l'Eocène moyen: c'est la partie inférieure du Calcaire grossier. Les couches qui viennent ensuite sont très riches en fossiles parfaitement conservés (gisement de Mouchy). Enfin, la partie supérieure du Calcaire grossier ou Calcaire à cérithes forme le plateau de Mouy.

Ainsi que M. Munier nous l'a fait remarquer à plusieurs reprises, les différents étages tertiaires se trouvent d'autant plus développés qu'ils s'éloignent plus du Pays de Bray. Ce fait nous prouve que le mouvement d'exhaussement de cette région a continué durant le commencement de la période tertiaire; il semble même qu'il ait duré jusqu'au dépôt du Calcaire grossier supérieur (1) et probablemeut au-delà (2).

Les tourbières de Bresles appartiennent à la Période quaternaire par les ossements fossiles qu'on y trouve, et à la période actuelle par leur mode de formation. C'est aussi à la Période actuelle qu'il faut rapporter le limon à silex, bien que le phénomène auquel il est dù ait été préparé par les dénudations auxquelles ont donné lieu les érosions quaternaires.

(1) De Lapparent op. cit., p. 161.

(2) Hébert: Ondulations de la craie dans le bassin de Paris: Bull Soc. Géol. de France, troisième série, t. III, p. 538.