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fortunés, au lieu d'étre transportés à Clermont ou ailleurs, pourraient aussi bien trouver à Saint-Just le dévouement maternel des humbles gardes-malades qui,

De mille êtres souffrants prévenant les besoins,
Surmontent les dégoûts des plus pénibles soins (1),

y être entourés des tendres sympathies de ces pieuses filles décorées du beau nom de sœurs de charité, dont la sollicitude indéniable est au-dessus de tout éloge, bien plus, de toute critique, de l'aveu unanime des médecins des hôpitaux de Paris et même de Berlin (2). Est-il nécessaire de soumettre cette pensée à l'intelligente initiative d'une municipalité vraiment soucieuse des réels intérêts de ses administrés et de sa propre gloire?

CHAPITRE DOUZIÈME.

CÉLÉBRITÉS ET ILLUSTRATIONS CONTEMPORAINES (3).

1. L'ABBÉ HAUY (1743-1822). II. VALENTIN HAUY (1745-1822).
III. M. LE COMTE DAUCHY (1747-1817).

IV. LOUIS-VICTORIEN LEGRAND (1791-1878).

I. L'abbé RENÉ-JUST HAUY, minéralogiste, géomètre et physicien, chanoine honoraire de Notre-Dame de Paris, membre de l'Académie des Sciences, de la Societé philomatique de Paris et de la

(1) Legouvé: Mérite des femmes; Paris, 1801.

(2) La presse française tout entière a reproduit la magnifique protestation des membres les plus autorisés de la Faculté de Médecine contre la laïcisation des hôpitaux. — V. dans le Deustche Rundschau, revue littéraire de Berlin (mai 1882), l'article de M. Leyden, chef de clinique, inti tulé: Du rôle des infirmières dans l'hygiène. C'est un israélite qui parle.

(3) Nous ne comprenons sous ce titre que certains personnages illustres de notre siècle, particulièrement remarquables et originaires de SaintJust. D'autres célébrités parmi les habitants ou les families nobles du bourg ont eu une mention spéciale dans le cours de cette étude. D'après plusieurs biographes, naquit aussi à Saint-Just en Picardie, vers le milieu du XVIIIe siècle, un fougueux démagogue, Jean-Louis-Marie VILLAIN dit DAUBIGNY, homme devenu tristement célèbre par ses excès et ses

plupart des Sociétés savantes de l'Europe et de l'Amérique, professeur de minéralogie au Museum d'histoire naturelle (jardin des plantes) et à la Faculté des Sciences de Paris, conservateur des collections minéralogiques de l'Ecole des mines, etc.

Dans un registre paroissial conservé à la mairie de Saint-Justen-Chaussée, nous avons lu une page qui paraît avoir été souvent consultée. Elle contient cet acte de naissance temporelle et spirituelle que nous transcrivons respectueusement :

L'an mil sept cent quarante-trois, le vingt-huit février est né, et le premier mars a été baptisé René-Just, fils de Just Haüy et de Magdeleine

crimes politiques, en embrassant la cause de la Révolution avec exaltation. A cette époque, il était procureur au Parlement de Paris. Il devint membre de la municipalité de cette ville et de tous les clubs populaires. Dans la matinée du 10 août 1792, il fit arrêter le journaliste Sulleau, de Grandvilliers, et plusieurs personnes qui s'étaient réunies aux ChampsElysées pour secourir le roi, et les laissa ensuite massacrer sous ses yeux. Après cette sanglante catastrophe, Daubigny devint membre du tribunal extraordinaire (17 août), dont les arrêts ont fait répandre tant de sang. Peu de jours après (septembre), il fut signalé, par le ministre Roland, comme un des auteurs ou complices d'un vol considérable fait au garde-meuble de la couronne; mais lorsque son accusateur commençait à perdre de son crédit, il vint à bout, grâce au zèle de quelques députés, ses dignes protecteurs, sinon de détruire les soupçons, du moins d'arrêter les poursuites. Robespierre et Saint-Just le défendirent. A la fin de 1793 il obtint la place d'adjoint au département de la guerre, sous le ministre Bouchotte, et fut accusé une seconde fois de vol par Bourdon de l'Oise; mais Robespierre, qui le protégeait, le fit acquitter par le tribunal révolutionnaire où il avait été traduit. Daubigny, plus heureux que les autres séïdes de Robespierre, échappa aux exécutions qui suivirent le 9 thermidor 27 juillet 1794). Il fut arrêté de nouveau en 1795 et traduit par Bourdon devant le tribunal criminel d'Eure-et-Loir avec Bouchotte; mais l'amnistie du 4 brumaire le rendit à la liberté. Il ne sut pas longtemps se reposer dans l'obscurité des orages de sa vie; car il fut encore impliqué dans l'affaire de la machine infernale, au mois de janvier 1801. Déporté dès lors aux îles Séchelles, il y mourut vers 1808. L'ancien ministre Bouchotte épousa sa veuve.

Nous avons pris, sans plus de recherches, les détails de cette courte notice dans la Biographie de Feller (1834), t. IV, p. 213, la Biogr. univ. classique, Ch. Gosselin, Paris, 1829, et le Grand Dictionn. univers. du XIX siècle (1870), de P. Larousse; Annuaire du dép. (Ch. Brainne), 1863.

Candelot, sa femme, tenu sur les fonts du baptême par François Candelot et Elisabeth Lespinette, ses parrain et marraine, qui ont signé avec nous prieur-curé soussigné. F. DELVILLE, prieur.

La chaumière (1) où René-Just prit naissance appartenait à un ménage de pauvres tisserands, sans fortune; mais le ciel les favorisa en leur accordant deux fils, dont la France peut, à bon droit, s'enorgueillir (2). Le père, simple ouvrier, vivant au jour le jour du travail de ses mains, n'aurait pu donner d'éducation à ses enfants, si des personnes généreuses n'étaient venues à son aide. Il était loin de penser, du reste, que la gloire et les honneurs iraient les chercher presque malgré eux. Voici comment René-Just fut distingué parmi ses jeunes camarades. Dès son bas-âge il avait un attrait particulier pour les cérémonies religieuses et le chant d'église (3), une si jolie voix et des dispositions tellement prononcées pour l'étude et la piété, que le prieur de l'abbaye de Saint-Just en fut frappé. Ce bon moine lui fit donner des leçons par ses religieux. Les progrès rapides de l'élève, son intelligence précoce étonnèrent ses maîtres, pendant que sa douceur et son caractère aimant lui gagnaient l'affection de tous. Sa mère, Madeleine Candelot, dut se décider, d'après le conseil du prieur, à le conduire à Paris, au moins pour quelque temps, afin de lui faire achever ses études. A peine cette excellente femme avait-elle des ressources suffisantes pour subsister plusieurs mois dans la capitale; mais elle aima mieux tout sacrifier plutôt que l'avenir qu'on laissait entrevoir à son fils. Ce jeune homme, dont la renommée devait un jour remplir l'Europe, ne trouva d'abord d'autre moyen de vivre qu'une place

1) Cette modeste masure fut détruite vers 1853, lorsque, pour agrandir l'emplacement du magasin de M. Fauvety, on rasa toutes les maisons situées au-dessus du chemin de fer, à l'extrémité de la Grande-Rue, occupée aujourd'hui par M. Tailbouis.

2) Le cadet s'appelait Valentin. Il est connu comme inventeur des moyens d'instruire les jeunes aveugles. Nous en parlerons à son tour.

(3) « Le goût de la musique, cet allié naturel des âmes tendres, se << joignit promptement en lui au penchant pour la dévotion. » Eloge historique de l'abbé Hauy, lu le 2 juin 1823, dans une séance publique de l'Institut, à Paris.

L'ABBÉ RENÉ JUST HAÜY. Professeur au Muséum d'Histoire Naturelle.

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