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grand rôle. Et cependant cette verrière n'est pas un tableau. Elle est exécutée d'après les principes de nos pères, nous pouvons dire de nos maîtres. Le fond est un peu sombre, mais ce sont trois scènes de nuit. On y remarque le blason des familles de Vaudrimey, d'Avoust et de Cintré, qui ont contribué à orner l'église de cette fort belle verrière (1). D'ailleurs on doit au puissant patronage de M. le général de Vaudrimey, de Saint-Remyen-l'Eau, et aux nombreuses démarches qu'il a bien voulu faire auprès de l'administration des cultes, un secours de 8,000 francs

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(1) D'azur avec taureau de gueules passant sur fond de sinople surmonté de deux étoiles d'argent, qui est de Vaudrimey. De gueules avec croix d'or portant cinq molelles d'éperon de sable, qui est d'Avoust. Ecartelé d'azur et d'argent 1 et 4 d'argent portant quatre huchets de sable 2 el 3 d'azur avec billettes percées d'argent, qui est de Cintré. Charles-Nicolas-Théotime, comte de Vaudrimey-d'Avoust, alié à la famille de Capellis, seigneur de Saint-Remy-en-l'Eau, général de brigade, entrait à Saint-Cyr en 1821. It fit partie, comme lieutenant d'état-major, de l'expédition de Morée en 1827. Il commandait la province de CivitaVecchia en 1849; il a protégé la ville de Corneto, menacée par les démocrates, et reçu des autorités de cette cité des témoignages de reconnaissance. Chef d'état-major de la première division (1850), à l'époque du siège de Rome, il a contribué au succès des armes françaises qui allaient délivrer la capitale du monde chrétien. Aussi Pie IX l'honora-t-il du titre de comte romain en 1867. Il a été successivement chef d'état-major de la garde impériale en Crimée, puis commandant de l'école d'application d'état-major en 1859. Cette glorieuse carrière fut couronnée par la haute situation de secrétaire général de la grande chancellerie de la Légiond'Honneur (1866-1870). Pendant cinquante-sept ans de service militaire actif, le général s'est fait des amis de ceux qui l'approchaient. Sa réputation de loyauté, de bravoure et d'intégrité qu'il laisse, est un héritage dont ses fils ont droit d'être fiers. Il mourut dans son château de SaintRemy-en-l'Eau, à soixante-dix-neuf ans, le 22 janvier 1881.

Le général de Vaudrimey était grand officier de la Légion d'Honneur, commandeur de l'ordre impérial du Medjidié et de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, etc.

De son mariage, contracté en 1836, avec Me Marie de Cintré, naquirent trois fils : le comte Louis de Vaudrimey, ancien capitaine de hussards, démissionnaire en 1869; Bernard, capitaine d'état-major, tué pendant la guerre de 1870; Pierre, marquis de Capellis, sous-lieutenant de réserve d'artillerie.

en faveur de l'œuvre. Il était juste aussi d'y reproduire le portrait du pieux doyen de Saint-Just. Ce monument éternisera le souvenir de son zèle et recommandera sa mémoire auprès des générations futures, car, malgré tout, c'est à lui que la ville est redevable de son église. On le voit à genoux auprès du plan de l'édifice qu'il a entrepris et mené à si bonne fin. La date de la bénédiction y est indiquée en ces termes : Hac ædes sacra benedicta fuit die 6o junii 1870. Les deux verrières voisines viennent des ateliers de M. Lorin, de Chartres. L'Annonciation, la Purification et le Couronnement de la Vierge tel est le triple sujet représenté d'un côté. Mais cette exécution est inférieure à celle du vitrail parallèle, consacré aux trois scènes si bien rendues de la vie de saint Just : Le passage de l'Oise, La maison du maître d'esclaves, à Amiens, Le martyre à Sinomovic! Les vitraux de la chapelle de la Sainte-Vierge : l'Immaculée, de Murillo, la Vierge du Rosaire et La fuite en Egypte, dans l'autre chapelle, sont aussi de M. Lorin. La verrière de Saint Joseph tenant un lys à la main, ainsi que les grisailles des deux grandes fenêtres du transept et les deux premières des bas-côtés, ont été livrées par la maison Bazin, du Mesnil-Saint-Firmin. Ce sont autant de dons particuliers qui décorent convenablement l'église de Saint-Just. D'autres offrandes placées tellement haut qu'on ne va guère les voir, mais qu'on entend résonner harmonieusement, nous voulons parler des cloches, méritent une mention spéciale. Elles sont au nombre de trois dans le beffroi, et sur l'airain de chacune d'elle on lit qu'elles furent bénites « l'an 1872 (le 28 oc

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tobre), par M. Millière, vicaire général de Me Gignoux, évêque de Beauvais; M. Pihan, étant curé-doyen; M. Lenoir, prési«dent, et MM. Babeur, Bléry, Richer, membres du conseil de a fabrique; M. Mercier, maire. » La première pèse 1,600 livres ; elle a pour parrain M. le général de Vaudrimey, de Saint-Remy, et pour marraine Mme de Septenville, de Wavignies. La deuxième est du poids de 1,150 livres; son parrain fut M. l'abbé Lefèvre, curé de Brunvillers, et sa marraine Mme Tailbouis. La troisième, de 775 livres, eut pour parrain M. Lenoir, président de la fabrique, et pour marraine Mme Dubois, femme du notaire de Saint-Just. Ces cloches furent fondues par M. Lecull, d'Amiens, et payées au moyen de quêtes et dons recueillis dans le pays. On peut dire, du reste, la même chose de toute l'église de Saint-Just, telle

qu'elle est aujourd'hui. Cette œuvre sérieuse est le fruit de souscriptions volontaires (1).

Il est indispensable, pour donner un travail complet, de raconter ici la création de ce monument et d'exposer comment l'oeuvre s'est poursuivie, au milieu de nombreux encouragements sans doute, mais aussi de difficultés à désespérer les vœux et les tentatives du zèle le plus ardent (2). Cette page d'histoire contemporaine servira à montrer encore plus, sous un autre aspect, la valeur de l'église que nous venons de décrire.

Historique de la construction. Par suite de l'établissement du chemin de fer du Nord et, plus tard, de la ligne de Beauvais à Montdidier, traversant Saint-Just, la population du bourg, qui n'était que de sept cent soixante-quatorze habitants au commencement de ce siècle, s'élève aujourd'hui à près de deux mille cinq cents, y compris la partie flottante. Elle est appelée à prendre de nouveaux accroissements par la facilité de ses communications avec la capitale et les autres grands centres (3), et par le développement de son industrie, chaque jour plus active. L'église paroissiale devenait, par son exiguité, insuffisante aux besoins de la localité. Il était impossible de songer à l'agrandir; l'édifice, du reste, est sans caractère architectural, et sa conservation ne présente absolument aucun intérêt au point de vue de

(1) Un buffet d'orgues vient d'être installé dans la tribune (juillet 1881). C'est encore le fruit de la charité privée. L'instrument, moleste puisqu'il n'a que dix jeux, pourra être augmenté plus tard. Notons une particularité il a été façonné des mains d'un homme très compétent dans la facture des orgues, M. Hamel, ancien juge à Beauvais, et il servit au célèbre Biot pour ses expériences d'acoustique. (Mém. de la Soc. Acad. de 1862, t. v, p. 17) Il a été placé par M. l'abbé Herselin, curé de Montmille (Oise).

(2) Voir dans les registres paroissiaux les volumineuses délibérations du conseil de fabrique, que nous analysons.

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l'art. Plusieurs de ses parties sont dans un état ruineux qui aurait occasionné de grandes dépenses s'il eût fallu recourir à des travaux de restauration. Il y avait donc nécessité d'en construire une nouvelle, sur un emplacement plus spacieux, plus digne de sa destination et plus en rapport avec l'importance du bourg.

En septembre 1859, le conseil de fabrique résolut de tenter cette lourde entreprise; il accepta seul courageusement la tâche, la commune, vu le peu de ressources du budget municipal, ne ne promettant de concourir à l'œuvre que par l'abandon de la vieille église (1). Aussitôt il prit l'initiative de souscriptions volontaires. Partout cette grave affaire fut l'objet des sympathies et des manifestations les plus généreuses, dans le pays surtout, dont les trois quarts des habitants au moins appartiennent à la classe ouvrière. Aussi ce monument honorera à jamais les hommes dévoués qui l'ont conçu (2); il ne sera pas non plus sans quelque gloire pour la population qui en fut gratifiée, en échange du tribut de pieuses largesses et de libéralités intarissables qu'elle a apportées avec empressement.

En peu d'années les premières souscriptions, toutes bonnes et valables, s'élevèrent au chiffre minimum de..... 55,503' 40

Et les souscriptions supplémentaires, provoquées en vue de couvrir les dépenses imprévues, produisirent.......... 13,435 » La fabrique était en mesure d'ajouter, à titre d'économies réalisées.........

Le conseil municipal, ne pouvant rien faire de plus à cause des lourdes charges qui grevaient son budget, accordait comme représentant la valeur de l'ancienne église...........

Total.....

20,000 »>

10,000 >> 98,938 40

Des ressources aussi considérables, réalisées en majeure partie par la voie de souscriptions volontaires, accusaient le besoin. vivement senti d'une nouvelle église. L'administration supérieure ne pouvait qu'accueillir favorablement un projet se présentant dans des conditions si louables de zèle et de générosité. Les plans et devis présentés par M. Delefortrie sont reconnus

(1) Autorisation préfectorale du 15 décembre 1859.

(2) MM. Pihan, curé-doyen; Bault, président du conseil, maire; Babeur, Bléry, Wattelier et Queste.

on ne peut plus satisfaisants, relativement aux règles de l'art et de celui d'une bonne construction. Comme base des proportions et comme style on a imité les églises construites par le même architecte au Quesnel-en-Santerre et à Villers-Bretonneux (Somme). Ces plans et devis sont examinés très attentivement par la commission des bâtiments civils du département; le jugement qu'elle porte donne entière satisfaction aux espérances de tout le bourg de Saint-Just.

Il semble qu'on ne peut plus douter du succès de l'entreprise, Une pétition est dès lors adressée à Napoléon III, dans le but de l'intéresser à cette œuvre importante. L'empereur donne des ordres pour que l'affaire soit instruite immédiatement. Le terrain choisi pour l'emplacement de la nouvelle église paroissiale est parfaitement convenable sous tous rapports; il ne s'élève pas une seule voix au moment de l'enquête de commodo et incommodo pour critiquer ce choix. L'accord est unanime dans le pays. On se croit sur le point de toucher au port, et, chose étrange! au moment d'y pénétrer, un coup de tempête jette le projet en plein Océan. Au mois d'août 1860, par suite d'un changement d'administration communale, la guerre est déclarée à cette construction, qui semblait devoir s'élever comme par enchantement. C'est le propre des œuvres utiles d'être contrariées; celle-ci sera désormais entravée de toute manière. On soumet le projet à un long examen, et enfin, après sept mois ! le 21 février 1861, la municipalité, lui assurant toutes ses sympathies, reconnaît avec le conseil de fabrique l'insuffisance de la vieille église, l'impossibité de l'agrandir et la possibilité évidente d'en construire une nouvelle; mais, à la simple majorité de huit voix contre huit, celle du maire étant prépondérante, il rejette le projet comme trop élevé.

Déférant à cet avis, les membres du conseil de fabrique en font dresser un autre plus modeste et en harmonie avec les instructions ministérielles (1). Dans sa séance du 14 avril 1861, à

(1) Devis des travaux, honoraires de l'architecte compris.... Prix des terrains à acquérir pour l'emplacement de l'édifice Un dixième ajouté pour les dépenses imprévues, soit....

Total de la dépense...

A reporter...

86,666′ 19 20,000 »

8.666 61 115,332 80

115,332 80

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