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demi; à l'abbé de Saint-Corneille vingt et un muids (treize de blé et huit d'avoine), et à l'abbaye de Saint-Just quarante chapons, une nappe de cinq aunes de lin, de la cire, de l'huile et autres menus suffrages, avec un prix principal de 1,500 livres tournois, payables en trois termes.

Le prieur avait le souci de tous ces intérêts matériels, au profit, en majeure partie, de l'abbé, que la distance tenait assez peu au courant de la situation de son bénéfice.

Cette même année 1768 fut signalée par un violent incendie qui se déclara au presbytère du Plessier, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre. La demeure presbytérale, avec les granges et les récoltes qu'elles contenaient, tout fut réduit en cendres. Les meubles de la maison et les effets furent la proie des flammes. Le curé et son domestique eurent grand'peine à sauver leurs personnes. Comme la cure était dépendante de l'abbaye, le chapitre assemblé décida de la faire reconstruire.

A cette dépense vint bientôt s'en ajouter une autre de 23,247 livres pour réparations tant à la ferme de Trémonvillers, qui restait presque exclusivement à la charge de l'abbé, qu'à l'abbaye elle-même. Les religieux parachevèrent cet édifice en faisant construire un pavillon de chaque bout; au-dessous du fronton, un perron central, ayant onze marches, de trente pieds de pourtour chacune, et sur le devant cinquante toises de pavage, en pierre de Senlis, à raison de 12 livres la toise (1). La bibliothèque, qui avait vingt-deux pieds de large sur trente de long, et la couverture en tuiles, le colombier octogone de soixantequatre pieds de tour sur vingt-quatre de haut, le réservoir de la source, le mur du réservoir fermant le canal, avec un aqueduc de quatre-vingts toises de long qui conduisait les eaux au lavoir, le grand escalier de l'abbaye, la fruiterie, la cave, le réfectoire et la boulangerie, tout fut restauré sérieusement. Les travaux, commencés en 1776, durèrent environ deux ans. « Les « bâtiments de l'abbaye sont trop beaux pour les disciples de saint Norbert. Ils ont excité mon admiration pour leur << beauté...,» écrivait le chanoine Danse, en 1758, alors qu'ils

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(1) Le sous-prieur ou procureur Delahaye composa le plan de la rampe, à exécuter à raison de 54 livres la toise.

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PARTIE DU PLAN DE SJUST (1748)

n'étaient pas complétés (1). Qu'eût-il pensé vingt années plus tard, lorsque ce monastère était devenu, du moins en apparence, une maison aristocratique plutôt qu'une demeure conventuelle Les dehors brillaient; le dedans perdait de ce luxe de vertus qui avaient été longtemps l'apanage des Prémontrés de Saint-Just. Les événements qu'on ne soupçonnait même pas encore devaient bientôt apporter la mort à toutes les maisons des gens de coule et de capuchon.

L'abbé Paul-Bertrand d'Harambure rendit son âme à Dieu au commencement de l'année 1778, assez à temps pour ne pas être témoin de la vente officielle de son bénéfice et de la dispersion des religieux (2). Ceux-ci firent des prières pour son repos éternel, en attendant la nomination de l'élu qui devait seul lui succéder dans la prélature de l'abbaye.

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(1) Mém. des Antiq. de Picardie, t. ix, p. 270. Dom Grenier n'a écrit que cette note sur l'église de l'abbaye : « Elle est assez propre. Douze << formes de chaque côté, fort belles tant pour les formes que pour le << dossier, comprenant sept pilastres d'ordre composite, commençant à « se recourber d'environ un quart de cercle à la frise. »>

(Coll. D. Grenier, Bibl. Nat., t. cxIx, p. 222.)

(2) Il laissa pour héritiers: 1o Le vicomte d'Harambure (René-Charles). chevalier de l'ordre de Saint-Louis et maréchal de camp. 2. L'abbe d'Harambure (Henry-Charles- Borromée), chanoine de Poitiers. 3o Le baron d'Harambure (Louis-François-Alexandre), colonel en second du régiment royal. - 4° Charles d'Harambure, brigadier des armées du roi, résidant à l'Ile-de-France, aux Indes. 5° Louis-Charles d'Harambure, colonel de dragons, demeurant aussi à l'Ile-de-France. 6o Ses neveu et nièce Antoine-Joseph de Piennes, seigneur d'Epigny, en Touraine, et Anne-Henriette de Piennes, femme de Pierre Grangier, seigneur de Cordes, demeurant à Riom, en Auvergne, représentant, chacun par moitié, leur mère, Anne-Marguerite d'Harambure, sœur du défunt.

Ce qui compose six têtes d'héritiers ayant seuls accepté la succession. Jean-Samuel d'Harambure, l'aîné, et Madeleine-Sylvie d'Harambure, dame de Ferron, aussi frère et sœur de l'abbé de Saint-Just, ont renoncé à cette succession.

(Arch. de l'Oise: Abb. de Saint-Just.)

XLE ET

DERNIER ABBÉ.

Louis - Emmanuel

de Grossoles de Flamarens (1)

(1778-1793).

Il était évêque de Périgueux lorsque ses bulles d'institution, ou provisions apostoliques pour la commende de l'abbaye de Saint-Just furent expédiées de Rome, le 14 des calendes de mars (19 mars) 1778. Une formule du serment qu'il fallait prêter, avant de prendre possession du bénéfice, accompagnait cet envoi. Trois jours après, le prieur, André Dupont, par procuration du nouveau commendataire, s'installa en son lieu et place, avec le cérémonial d'usage. David-Victorien Delpuech de Comeiras, licencié en droit canonique, chanoine et grand archidiacre de Beauvais, vicaire général et official, fut témoin de cette cérémonie et entendit la lecture du serment. Obéissance absolue au Saint-Siège, aux papes légitimes, protection accordée aux légats, défense des droits et privilèges de l'Eglise romaine, soumission parfaite aux décrets apostoliques, promesse de ne rien aliéner des biens du monastère, sans l'agrément du SouverainPontife, et d'observer la constitution papale de 1625: tels sont les principaux points rappelés dans la profession de foi imposée au nouveau titulaire de l'abbaye (2).

Le premier soin de l'abbé de Flamarens fut d'obliger les héritiers de son prédécesseur, Paul d'Harambure, à faire exécuter toutes les réparations soit aux bâtiments de l'abbatiale, soit aux églises et aux fermes qui en dépendaient, et de creuser des fossés au pourtour des bois. L'estimation de ces travaux, confiés à Jérôme-Venant Burgaud, architecte à Bresles, s'éleva au total de 17,197 livres 18 sols 8 deniers, pour les dépenses à effectuer tant aux églises de Ravenel, Quinquempoix, Lieuvillers et Catillon, qu'aux deux fermes de Morvillers.

La succession de l'abbé d'Harambure, à partager entre ses

(1) Armoiries : D'or, au lion de gueules, naissant d'une rivière d'argent; au chef d'azur chargé de 3 étoiles d'or.

(2) Pièces justificatives, LXXVII.

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