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Quatre cents ans, c'est l'âge de sa gloire,
Et son éclat n'en brille que plus beau :
Quand de nos bords sa gloire est le flambeau,
N'a-t-elle pas un trône dans l'histoire !
L'apothéose au delà du tombeau !

O voyageur! exalte l'héroïne,

Porte son nom du Vésuve au Thabor!
Dis que nos yeux contemplent son essor!
Si l'étranger rêvait notre ruine

Dis que ses sœurs le défieraient encor!

Jeanne, voici le chef de notre France!

Le bouclier de nos jours désastreux.
Quand les partis se déchiraient entre eux,
Napoléon nous rendit l'espérance;

Jeanne, bénis ses efforts généreux !

Ivre des acclamations de la foule, ivre des suffrages présidentiels, Mme [me Dénoix des Vergnes, comme l'inspirée des anciens temps, perce les destinées de Louis-Napoléon : la main dans sa main, et, de l'autre, montrant Jeanne-Hachette au chef de l'Etat, la Muse de Beauvais s'écrie : Prince! vous serez Empereur !

Quelques jours après, Mme Dénoix recevait, de la part du prince président, un bracelet qui est aujourd'hui conservé à l'Hôtel-de-Ville, à côté du drapeau de Jeanne-Hachette (1).

VIII.

Les armes de Beauvais sont de gueules au pal d'argent (2) avec la devise:

(1) Outre son bracelet, ses couronnes et médailles remportées dans divers concours, etc., Me Dénoix a aussi laissé à la ville une somme de 5,000 francs, destinée à la fondation d'un prix de poésie. Les intentions de la généreuse donatrice ont été remplies, et le prix a été décerné pour la première fois en 1884. Le sujet choisi était Jeanne-Hachette. Inutile de dire que tous les concurrents avaient armé l'héroïne de la fameuse hache.

(2) D'Hozier : Armorial général de France, iv, 127. On lit dans le

Palus ut hic fixus constans et firma manebo

Gens Burgunda ferox Anglaque testis erit.

D'après quelques historiens, ces armes auraient été octroyées par Louis XI, en souvenir du siège de 1472. Mais le cartulaire de l'Hôtel-de-Ville, qui porte, à la première page, les armes de Beauvais et qui contient tous les privilèges accordés par Louis XI, est absolument muet sur ce fait (1). Il est donc probable que la ville possédait ses armes avant le siège. La devise ou tout au moins la seconde partie de la devise lui est évidemment postérieure.

Dans la langue du blason, le pal est « une pièce honorable qui occupe le tiers de l'écu, de haut en bas, par le milieu »; le gueules est la couleur rouge. En gravure, on représente le gueules par des traits perpendiculaires, l'argent par le blanc réservé, c'est-à-dire par l'absence de tailles.

La plus ancienne représentation figurée des armes de Beauvais nous est fournie par les deux grandes miniatures du cartulaire (p. 1 et 17). Elle est conforme aux règles de l'art héraldique; le pal cependant est un peu maigre et n'occupe pas tout à fait le tiers de l'écu (2). C'est sur ce modèle que furent gravés tous les sceaux, timbres, cachets, etc., de la commune jusqu'à la Révolution (3).

A cette époque, les armes de la ville sont brisées « comme

Dictionnaire Héraldique de Grandmaison (p. 582), que les armes de Beauvais sont de gueules, à un pal patté, alézé, au pied fiché d'or. Le même auteur donne une définition encore plus inexacte des armes de Clermont.

(1) Le cartulaire s'arrête à l'année 1507.

(2) Voir Planche II, 1°.

(3) La plus ancienne empreinte que nous ayons pu trouver aux Archives municipales est du milieu du XVIe siècle. Au moyen âge, alors que Beauvais ne possédait pas encore ses armes, le sceau de la commune représentait une ville fortifiée avec le mot Civitas et portait pour légende Sigillum Belvacensis Communie. M. Natalis de Wailly en a donné un dessin informe dans ses Eléments de Paléographie (pl. P, fig. II, p 366, t. 11); il a été, au contraire, fort bien gravé dans l'excellent Essai sur les monnaies de Beauvais, du docteur Voillemier (pl. 6).

signes de la féodalité » et les nouveaux timbres et cachets de la municipalité portent le faisceau ou le bonnet phrygien.

Sous l'empire, les emblêmes patriotiques disparaissent des actes de la mairie pour faire place à l'aigle impériale. En 1811, la ville se pourvut auprès du Conseil du Sceau des Titres pour obtenir l'autorisation de reprendre ses anciennes armoiries, autorisation qui lui fut accordée par Napoléon Ier, dans les termes suivants (1):

.... Nous avons autorisé et autorisons par ces présentes, signées de notre main, la ville de Beauvais, département de l'Oise, à porter les armoiries telles qu'elles sont figurées et coloriées aux présentes (2), et qui sont De gueules au pieu posé en pal d'argent; franc quartier des villes de seconde classe, qui est à dextre d'azur à un N d'or surmonté d'une étoile rayonnante de même, brochant au neuvième de l'écu, et pour livrées les couleurs de l'écu. Voulons que les ornements extérieurs desdites armoiries, ainsi que ceux des autres villes de même classe, consistent en une couronne murale à cinq créneaux d'argent pour cimler, traversée en fasce d'un caducée contourné de même, auquel sont suspendus deux festons servant de lambrequins, l'un à dextre d'olivier, l'autre à senestre de chêne, aussi d'argent, noués et rattachés par des bandelettes d'azur.

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C'est la première fois que nous voyons apparaître officiellement, du moins le pieu au lieu du pal (3), Une somme de 736 francs fut immédiatement votée « pour faire sculpter lesdites armoiries dans le fronton intérieur de la porte de derrière de la grande cour de l'Hôtel-de-Ville et au pied du grand escalier; pour faire porter aux huissiers de salle la livrée désignée par les mêmes lettres-patentes; pour de nouveaux sceaux et timbres commandés au sieur Desnoyers, graveur à Paris ».

Sous la Restauration, la ville fit une nouvelle demande « pour

(1) Voir l'Appendice, II.

(2) Voir Planche II, 2°.

(3) Le pieu sculpté sur la façade de l'Hôtel-de-Ville date de la Restauration. Avant la Révolution, c'était les armes de France, et non les armes de Beauvais, que l'on voyait sur la façade de l'Hôtel-de-Ville. On trouve déjà le pieu, à la fin du xvi siècle, sur le plan de Rancurelle. puis sur les plans Forbin-Janson, Potier de Gesvres, etc.; mais ces diverses pièces n'ont aucun caractère municipal.

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