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iraient résider à l'ancien monastère de Montiers, parce que telle avait été l'intention des fondateurs de cette rente. L'abbé représentait que ce monastère étant entièrement détruit et sa dotation beaucoup au-dessous des frais qu'il faudrait subir pour le réédifier et y faire vivre des religieux, les revenus en appartenaient de droit à l'abbaye de Breteuil dont il relevait. Non seulement Mathieu refusait la redevance, mais il s'était encore emparé des biens du monastère détruit. Ce procès fut porté au tribunal de l'évêque, durant son séjour à Saint-Just. Barthélemy entendit les deux parties, en présence de Jean, archidiacre, et de Tuchard, abbé de Saint-Martin-aux-Bois, et parvint à les amener à une transaction amiable. Par cet accommodement l'abbé renonce à la redevance qu'il réclamait; Mathieu consent à ne plus exiger que les religieux aillent résider à Montiers et leur donne main-levée de toutes les propriétés qui entraient dans la dotation du monastère ruiné. Cet accord fut signé à Saint-Just par Mathieu de Montiers, Mathilde, son épouse, et Bernard, son fils, ainsi que par Raoul, abbé, et Barthélemy, prieur claustral (1).

17o PHILIPPE DE DREUX (1175-1217) (2). Cet évêque vint souvent à Saint-Just. Il était au nombre des croisés en 1190, à la suite de Philippe-Auguste, avec Pierre de Courtenay, son cousin, fils de Louis le Gros. Avant son départ pour la terre sainte, le roi avait donné l'ordre de fortifier les villes et les bourgs, de les entourer de bonnes murailles. A son retour, les Anglais ruinèrent le pays du Beauvaisis et emmenèrent Philippe prisonnier.

18° MILON DE NANTEUIL (1217-1234). Il écrivit à l'abbé de SaintJust, en 1228, d'avoir à excommunier publiquement et sans merci, dans son église et dans toutes celles du voisinage, deux turbulents chevaliers, Hugues de Longbus et Raoul de Montigny. Il voulait que l'abbé leur fît courir sus comme à des gens sans foi, tant leurs vexations envers l'abbaye de Froidmont étaient insupportables (3).

(1) Louvet, t. II, p. 306 lettre, t. I, p. 147.

Hist. mss. de Breteuil, p. 82.

- Abbé De

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V. repro

(2) Louvet, t. II, p. 307. Abbé Delettre, t. 11, p. 176. duction de son sceau (1178 et 1195). Coll. Desmarets, Bibl. Nat., fonds latin, no 9981, avec celui de son prédécesseur, Barthélemy de Montcornet.

(3) Abbé Deladreue Abb. de Froidmont, p. 533.

19o GODEFROI DE CLERMONT (1234-1237). Il mourut en allant à Rome.

20° ROBERT DE CRESSONSACQ (1237-1249). Il termina le différend de ses deux prédécesseurs avec le roi saint Louis et leva l'interdit qui avait été mis par eux sur tout le diocèse.

24o GUILLAUME DE GRÈS (1249-1267). Il acheta de Guy de Milly, chevalier, un fief situé à Essuiles, sur le revenu duquel il accorda dix muids de blé chaque année pour être distribués en pain aux pauvres de Beauvais par le chapitre de la cathédrale (1). 29° REGNAULT DE NANTEUIL (1267-1283).

230 THIBAUD DE NANTEUIL (1283-1304).

21° SIMON DE CLERMONT DE NESLE (1301-1313). En 1305, les habitants de la ville de Beauvais se révoltèrent contre lui, demandant à n'avoir plus affaire aux moulins, ni aux fours banaux de l'évêque, dont les meuniers et autres officiers concussionnaient le peuple à cause du droit de mouture. Pendant que le prélat faisait une enquête juridique sur les faits imputés aux fermiers de ses fours et moulins, des émeutiers, favorisés par la faiblesse du maire de la ville, attaquèrent en grand nombre le palais épiscopal, en forcèrent les portes, pillèrent les meubles, profanèrent les chapelles et tuèrent quelques-uns des domestiques de l'évêque. Simon de Nesle fut contraint de s'enfuir de Beauvais, où ses jours étaient en danger. Il rallia au plus vite tout le personnel dévoué à sa personne, se fit jour à travers l'émeute, renversant les obstacles qui s'opposaient à son passage et parvint à se retirer en son château de Saint-Just (2). Exaspéré de cette défaite, des préjudices causés à ses propriétés et surtout des railleries de ses vainqueurs qui l'appelaient Simon le dévétu, il fit appel à ses hommes de fief, les envoya user de représailles, à mains armées, contre les communiers de sa ville épiscopale. Les feudataires, exécutant à l'envi les ordres qu'ils avaient reçus, saccagèrent les faubourgs de Beauvais. Ce ne fut pas sans coup férir, ni sans qu'il en résultat quelque dommage

(1) Jean Le Caron Mém. de l'évêché de Beauvais, mss. - V. dessin de son sceau (évêque crossé bénissant), coll. Desmarets, loc. cit. Bib. Nat. (2) V. God. Hermant, liv. VII, e. XIX, p. 878; Louvet, t. 11, p. 481, sqq.; Loisel, 301, sqq.; Delettre, t. II. p. 381-393.

pour des personnes inoffensives. L'abbaye de Saint-Lucien eut à se plaindre des dégâts commis contre ses tenanciers par les troupes de l'évêque. Ce prélat s'empressa de lui donner satisfaction, par acte authentique en date du samedi d'après la Madeleine, 25 juillet 1305. Le chapitre de la cathédrale avait également des réclamations à faire valoir; l'évêque se chargea de payer 600 livres comme indemnité (1). Mais, en qualité d'évêque et de seigneur de la ville, il avait lui aussi des droits à exercer contre la commune. Il avait à exiger réparation envers la religion et envers l'autorité épiscopale méprisée, malgré les serments, grâce auxquels la municipalité s'était obligée de lui venir en aide. C'est pourquoi le jeudi d'après la Saint-Martin d'été, 8 juillet 1305, il écrivit de Saint-Just une sentence par laquelle il dénonçait comme excommuniés tous ceux qui avaient pillé et profané les chapelles de l'évêché, et citait le maire, Jean de Moliens, les pairs, les conseillers et membres de l'administration communale de Beauvais à comparaître devant le tribunal de l'officialité, à Saint-Just, le samedi avant la Madeleine (13 juillet 1305), pour s'entendre condamner à réparer tous les dommages causés. Ils devaient porter la peine d'excommunication s'ils ne se présentaient pas.

Cette assignation, on ne s'explique pas pourquoi, fut remise aux intéressés trop tard (la veille ou le jour même du 17 juillet) pour qu'il fût possible de se rendre en corps à Saint-Just. Personne ne répondit à la citation. Avant même d'être prévenus de l'audience, le maire et les pairs avaient pris la précaution de se mettre à couvert contre les sentences de l'évèque, en déclarant, par acte dressé à l'abbaye de Saint-Lucien et signifié à Simon de Nesle, le 12 juillet, par Gerbaud de La Fontaine, qu'ils entendaient placer toute la commune de Beauvais sous la protection du Saint-Siège et interjeter appel de toutes les mesures que l'évêque pourrait prendre ou ordonner contre leurs intérêts. Cet appel avait tellement irrité le seigneur prélat que ne voyant point les représentants de Beauvais arriver à Saint-Just le 17 juillet, il les jugea par contumace, « faute de comparence, » excom

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(1) Louvet, t. II, p. 494 et 521. - Abbé Deladreue: Hist. de l'abb. roy. de Saint-Lucien, p. 271.

munia aussitôt les habitants de la ville et jeta l'interdit sur elle, faisant défense, sous les peines les plus graves, à tous les villages circonvoisins, d'y apporter des provisions. Il adressa son mandement aux monastères de Saint-Lucien, de Saint-Quentin, de Saint-Symphorien, de Penthemont, aux chapitres et collèges, à tous les ecclésiastiques et religieux de Beauvais pour qu'ils eussent à s'y conformer (1).

Le roi Philippe le Bel n'ignora pas longtemps ce qui se passait à Beauvais; il envoya le bailli de Senlis intimer aux deux parties l'ordre de terminer leur différend par un prompt accommodement, faisant d'ailleurs enjoindre à l'évêque de révoquer la défense d'approvisionner la ville, comme attentatoire aux droits de l'autorité souveraine. Le commissaire royal n'ayant pu amener à composition le maire de la commune et le bailli de l'évêque, les fit mettre tous deux en prison et prit entre ses mains l'administration des affaires qui étaient du ressort de l'une et l'autre juridiction. Cependant la commune, qui en avait appelé au Pape, voulut aller plaider sa cause à son tribunal suprême. Elle envoya, par délibération du 3 novembre 1305, une députation de quatre mandataires. Ils arrivèrent à Lyon pour le sacre du successeur de Benoît XI, Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux, qui prit le nom de Clément V. Simon de Nesle, de son côté, quitta Saint-Just afin de se rendre également à la capitale du Lyonnais. Les délégués de la ville de Beauvais comprenant que ce qu'il y avait de mieux à faire pour leurs commettants c'était de donner satisfaction à l'évêque et d'obtenir de lui qu'il voulût bien user d'indulgence, l'allèrent trouver à Saint-Just, près Lyon, promirent, par serment sur les Evangiles, de lui payer l'amende à laquelle ils seraient condamnés, lui demandant l'absolution des censures encourues, ainsi que la levée de l'interdit sur la ville, et promettant de faire ratifier et accomplir ces promesses par la commune, sous peine de 10,000 livres tournois de dédit. Le conseiller du roi, présent à ces promesses, en garantissait l'exécution. A ces conditions, Simon de Nesle absout la commune, révoque l'interdit et promet de n'exiger d'autre amende que celle qui aura été taxée par le roi en son conseil.

(1) V. dans God. Hermant, p. 830, les effets de cette excommunication.

T. XII.

5

Le lendemain, les parties comparurent devant un notaire apostolique, renouvelèrent solennellement l'engagement déjà pris et signèrent l'acte authentique à Saint-Just, près Lyon, le 8 décembre 1305.

Après cette longue et violente tempête, dont les deux tours qui dominent encore l'ancien palais épiscopal de Beauvais ont perpétué le souvenir, le calme reparut enfin. Simon de Nesle put administrer en paix son évêché. Il était en jouissance de la terre seigneuriale de Saintines que Regnault de Nanteuil avait donnée à l'église de Beauvais. Cette propriété valait environ 30 livres parisis de revenu annuel; mais elle était située hors du diocèse et éloignée des autres domaines de l'évêché. Simon de Nesle, qui voyait les choses en administrateur, estima qu'en l'aliénant on pourrait employer le capital d'une manière plus utile et plus agréable aux évêques de Beauvais, en rattachant au domaine de Saint-Just plusieurs portions de terrain qui étaient en vente à ce moment. Il offrit donc la terre de Saintines au chapitre, qui s'en rendit acquéreur par contrat passé le samedi après la Saint-Barnabé 1308, moyennant 500 livres parisis, forte monnaie. Cette somme fut sur le champ convertie en propriétés complémentaires du domaine épiscopal de Saint-Just, avec l'autorisation du roi (1).

Avant Simon de Nesle et de son temps encore, les seigneurs de Plainval et de Lévremont étaient obligés d'envoyer leurs hôtes au château de Saint-Just pour y faire les exécutions des criminels soumis à des peines afflictives. A cause de cette singulière corvée ils étaient exempts de payer le tonlieu à Saint-Just et d'autres redevances. En 1309, une femme, coupable d'un larcin très grave, fut condamnée à mort par les officiers de la justice de la châtellenie. Elle devait être exécutée sur la place du pilori, à Saint-Just. Les seigneurs de Plainval et de Lévremont se refusèrent à fournir un exécuteur parmi leurs hôtes, « parce qu'ils << trouvaient que c'était chose vilaine. » Simon de Nesle s'en plaignit au roi, qui ordonna au bailli de Vermandois d'y pourvoir. Les seigneurs, après avoir pris conseil, supplièrent le

(i) Abbé Delettre, t. 11, p. 393 et 391. D. Carlier: Hist. du Valois, t. III. Pièces justificatives, LXXVII.

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