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Ruyaulx faict à messire lou Comte, par Guillelme des Ruyaulx, chevalié, homme du roy de France en sa marine Normande. L'an de grâce M. CCLXXXIIII (1). »

C'est donc en travaillant à l'abatage des terres qui recouvraient les bancs de pierre de cette carrière que les ouvriers. rencontraient d'abord les substructions d'un mur construit en petit appareil, au long duquel s'étendait un carrelage formé de dalles et de carreaux d'argile. A huit mètres du mur ils reconnurent l'existence d'un puits creusé dans la roche et comblé jusqu'à son orifice.

Sur le dallage ils recueillirent des tuiles faîtières (vertices), un débris de vase à deux anses en poterie d'un beau rouge, et enfin plusieurs chapiteaux et bases de colonnes qui firent présumer aux travailleurs qu'ils se trouvaient sur l'em placement d'une ancienne chapelle. Vitruve n'a pas encore été adopté comme auteur dans l'instruction obligatoire ; il est donc permis d'ignorer que dans l'édification des demeures. romaines, les colonnes y figuraient toujours à titre d'utilité, c'est-à-dire de soutènement, plutôt qu'à titre purement ornementatif, comme le comportent les édifices religieux.

Voici au surplus la description de ces restes lapidaires :

1. La base d'une stèle, ou d'un pilier rectangulaire, ayant 90 centimètres de haut, 32 de côté et 40 de largeur. Une moulure peu saillante, composée d'une gorge et d'une plinthe, existe sur les quatre faces. Serait-ce une pierre altarique? Nous ne le pensons point. Sur la face antérieure sont gravés les caractères suivants (Figure 1):

XIIV.

S'i's indiquent une expression numérique, elle n'est point régulièrement tracée; un hardi interprète a lu DUODECIM VIXIT ? Nous ne saurions adopter cette leçon, d'autant moins qu'Orelli, reproduisant une peinture de

ANNOS

(1) Archives d'Apremont.

Communiqué à La Chesnaye-des-Bois

qui a reproduit la charte originale, sans la réintégrer.

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Pompée représentant des gladiateurs, offre dans la légende l'expression XIIX comme lettres numérales.

2. Deux chapiteaux, ordre toscan; le diamètre de la colonne dans sa partie haute, est de 32 centimètres. (Fig. 2 et 3.)

3. Partie supérieure ou abacus d'un chapiteau corinthien (Fig. 6.)

Cet abacus est, conformément à son style propre, taillé en arc sur les quatres côtés ; à chaque angle se trouvent de petites s; volutes hélices; au milieu de l'arc, au lieu d'un petit fleuron ou rosette, flos? le sculpteur a placé une petite tête couronnée de feuillages; on reconnaît que l'artiste a cherché surtout à produire ce que nous nommons du noir; les yeux de cette petite tête sont profondement fouillés.

4. Deux bases de colonne, dont l'une a 1 m. 10 c. de hauteur. Le diamètre de la base prise à partir du tore inférieur est de 65 centimètres, et le diamètre du fût au-dessus de la base étant de 50 centimètres, nous pouvons calculer exactement que la colonne devait mesurer 4 mètres et demi de hauteur (à raison de sept fois le diamètre). Nous présumons qu'elle était d'ordre dorique.

Cette énorme base a été extraite du puits dont nous avons parlé. (Fig. 4 et 5.)

Le puits a restitué entre autres choses, un débris de petite statuette de pierre qu'il convient de décrire. (Fig. 7.) Elle est haute de 13 pouces ; elle représente un personnage assis. Il est vêtu de cette tunique gauloise à larges manches, descendant à mi-jambes, qui se nommait caracalla. Il tient de la main droite un gâteau à croûte mamelonnée que les Romains appelaient mazonomum et quelquefois panis artopticius parce qu'il cuisait daus un moule nommé artopta.

La tête, le bras gauche et la jambe droite ont été brisés. Les archéologues ne sont pas encore complètement d'accord sur la personnification de ces statuettes assises.

Les uns y voient une imago funeraria propre à orner un T. II, 3' série.

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laraire; d'autres les acceptent comme une divinité topique rappelant par certains détails une des grandes divinités gauloises. Le musée de Saint-Germain contient dans la salle no XIX un bon nombre de ces petites statuettes; nous avons fourni le moulage de deux de ces imagines.

L'une d'elles détient une bourse d'où s'échappent des monnaies, tandis que la main gauche s'appuie sur un gâteau semblable à celui que nous avons décrit plus haut, qui se nommait mazonomum et se faisait avec de la farine d'orge.

Nous osons supposer que cette petite divinité devait représenter le Plutus-Statius, — stable, constant, certain. Comme il est assis, on ne saurait présumer sa claudication mythologique. C'était le dieu des richesses, fils de Cérès Jasion, célèbre agriculteur. Il symbolisait cette vérité de tous les temps, c'est que l'agriculture est la source véritable des richesses réelles, préférables aux richesses de convention, agréées par les hommes réunis en société.

On aime sur le sol fécond de nos contrées à retrouver les images de cette divinité.

Il a été en outre extrait du fond du puits :

1 Plusieurs fragments de poterie à reflet métallique, revêtus d'une ornementation faite au pointillé (Fig. 8, 9 et 10);

2o Un vase de bronze fortement oxydé en dedans et en dehors, aux parois duquel adhèrent de nombreux petits cailloux; sa forme n'offre point un caractère bien déterminé ; cependant on pourrait lui donner le nom de situla, c'està-dire seau à puiser eau; dont le fond se terminait en pointe, pour faciliter l'immersion (Fig. 10);

3o Une chaîne de fer, dont les anneaux ont la forme d'un 8;

4° Une clé dont le pène est recourbé en angle droit ;

5o Une articulation en fer, ayant dû s'adapter à un fléau à battre le grain;

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