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résultat: un fil à plomb suspendu solidement au plafond d'une salle et deux corps solides, comme deux pierres de taille placées à la suite l'une de l'autre, à droite et à gauche de la ligne que devront suivre les oscillations du poids. Ce poids, en passant devant la première pierre, subit une attraction qui le fait dévier à droite, et en passant devant la seconde, l'attraction qu'il subit concourt à le faire dévier dans le même sens. Les premières déviations paraissent peu; mais en renouvelant l'expérience on ne tarde pas à observer une déviation très-sensible vers la droite. Après différentes expériences, soit avec plusieurs masses, soit avec une seule, il termine en disant que pour faire une étude mathématique de ces expériences il vaudrait mieux n'employer qu'une seule masse attractive, parce que les conséquences, qui ne lui paraissent pas faciles à établir, sont, comme celles de Cavendisch, trèsimportantes, puisqu'elles ont servi à mesurer la densité de la terre, et cette densité une fois bien déterminée a servi à son tour à mesurer la masse du soleil, la masse des planètes et de leurs satellites. (Bulletin de la Société nivernaise, tome Ier, 2° fascicule, séance du 28 juillet 1881.)

Il travaillait en même temps au téléphone, à l'aide duquel il cherchait à arriver à calculer la vitesse du son. La maladie qui l'a enlevé est venue mettre fin à ses investigations.

La photographie, pour laquelle la chimie joue un si grand rôle, ne pouvait manquer d'attirer son attention. Il s'y est appliqué dès l'apparition du procédé sur plaque d'argent de Daguerre. Par les perfectionnements qu'il y apporta, il obtint des épreuves d'un modelé plus profond, d'un aspect plus suave et plus velouté. Puis vint le procédé sur papier; il enrichit aussi les épreuves négatives ou clichés de procédés plus prompts et d'un effet plus puissant. Vint ensuite le procédé au collodion, qui a détrôné complétement les clichés sur papier. Il l'a amené en peu de temps à un tel perfectionment que ses procédés ont été adoptés par les meilleurs opérateurs. Les tons noirs, pourprés, violacés des épreuves sur papier sont également une de ses découvertes, et la Société

française de photographie, dont il était une des lumières, lui a décerné, il y a quelques années, une médaille d'argent pour plus de trente perfectionnements qu'il y avait apportés. Mais la plus importante de ses découvertes en photographie est, sans contredit, celle qui l'occupait encore quand la mort est venue l'arrêter, savoir: son procédé sur émail. Les procédés photographiques sont aujourd'hui d'une grande perfection : on obtient des épreuves positives sur papier d'une grande beauté; mais, il faut le dire avec regret, elles ne sont pas durables. Elles s'altèrent plus ou moins promptement, selon les soins avec lesquels elles ont été traitées. En peu d'années on les voit jaunir, s'altérer et disparaître; en passant ses épreuves au four d'émailleur chauffé au rouge il les fixe pour toujours, et elles traverseront le cours des siècles sans s'altérer.

Nous devons mentionner que MM. Geymet et Alker ont, depuis plusieurs années déjà, publié un procédé photographique sur le même sujet; mais les opérations préliminaires sont longues et d'une difficulté telle qu'on obtient rarement une épreuve satisfaisante au premier passage à la moufle. Il faut la retoucher à plusieurs reprises et la repasser au feu après chaque retouche, ce qui explique pourquoi ce procédé, qui est dans le domaine public depuis une dizaine d'années, est si peu répandu et ne peut d'ailleurs être mis en pratique que pour des épreuves de petite dimension. Dans le procédé de notre collègue, qui n'a de commun avec celui de ces Messieurs que le passage au feu, tout est simplifié, et l'on obtient au premier coup, comme dans le procédé sur papier, une épreuve parfaite, quelle qu'en soit la dimension.

N'oublions pas d'ajouter qu'à la reconnaissance des photographes vient se joindre aussi celle de nos artistes faïenciers, pour les nouvelles couleurs dont il a enrichi leur palette, comme celle de nos agriculteurs qui, dans un des concours tenu à Nevers il y a quelques années, lui a décerné une médaille d'argent pour un appareil très simple de son invention au moyen duquel on peut reconnaître, en quelques instants, la quantité d'élément calcaire contenu dans un terrain.

L'amour des arts n'était pas moins vif chez lui que celui des sciences. La musique avait pour lui un tel attrait qu'il l'a cultivée toute sa vie, non-seulement par la manière pleine de charme avec laquelle il maniait divers instruments, mais par la connaissance profonde des règles de la composition et de l'harmonie, dont il a laissé des spécimens pleins de grâce et de suavité. Dès l'apparition des anches libres, il avait entrevu le parti qu'on pouvait en tirer. Il avait composé avec ces lames un instrument portatif d'un maniement facile, auquel il avait donné le nom de mélodino. Il en jouait lui-même avec une grande perfection et n'en employait pas d'autre pour diriger le bel orchestre qu'il avait fondé à Corbigny.

Il simplifia aussi le jeu de la contre-basse en la réduisant à une seule corde, et par le moyen d'un clavier dont chaque touche agit sur un mécanisme qui pince ladite corde et rend le jeu de ce gros instrument facile, au point qu'après quelques exercices on arrive à exécuter ce qu'on n'obtenait qu'après de longues études. Cet instrument, qu'il fit figurer à l'avantdernière exposition, fixa l'attention des experts, qui lui décernèrent une mention honorable.

Comment parlerons-nous maintenant de ses qualités personnelles? Quel beau caractère ! On admirait en lui le prêtre estimable et sans reproche. Plein de bonté, de bienveillance pour ses semblables, jamais parole d'aigreur ne sortit de ses lèvres. Sa modestie était si grande qu'il ne pouvait souffrir ce qui avait pour lui la moindre apparence d'éloges, Ce savant, que ses découvertes avaient mis en rapport avec les sommités scientifiques contemporaines ne s'en est jamais prévalu. En un mot, cet homme de bien ne laisse après lui qu'un sentiment d'admiration pour son savoir et de vénération pour ses

vertus.

L'abbé POT.

SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1883.

Présidence de M. ROUBET, président.

Étaient présents: MM. Roubet, président; l'abbé Boutillier, Ernest de Toytot, l'abbé Pot, l'abbé Fouché, Massillon Rouvet, Canat, Robert Saint-Cyr, le docteur Subert, Duminy, de Rosemont, de Lespinasse, de Maumigny, de Lafargue, de Flamare, de Pierredon, Marandat.

M. le Président annonce en ces termes la mort d'un de nos regrettés collègues, M. Léonard :

Avant de reprendre nos paisibles travaux, nous avons le devoir de consacrer quelques paroles à la mémoire de l'un de nos collègues, Victor Léonard, que la mort vient de nous enlever.

Il fut quelque temps mon condisciple au collège de Nevers, où il obtenait, notamment en la classe de philosophie, des succès incontestés; après quoi, suivant le programme rétrospectif du ci-devant collége des Quatre-Nations, il voulut recommencer vaillamment son cours de rhétorique sous M. l'abbé Sergent.

Doué d'un caractère facile, Victor Léonard se faisait aimer de tous ses camarades, et nous pouvons ajouter que, dans la durée de sa vie privée, il fit toujours preuve d'aménité et d'une abnégation sans limites.

Travailleur modeste, collectionneur intelligent, il ne demeura jamais indifférent à tous les travaux publiés par notre Société; il ne négligeait point d'y apporter son tribut et de faire connaître toutes les intimités qui intéressaient notre histoire locale.

Il aimait surtout à lire et relire les Commentaires de César,

qui furent quelque temps son vade mecum. Il y puisa souvent des remarques utiles et judicieuses.

Nous ne voulons pas ici entreprendre la biographie de notre regretté collègue; elle trouverait naturellement sa place à l'occasion de la lecture qui vous sera donnée d'un travail qu'il avait préparé sur la vie et les œuvres de Marchangy, dont il revendiquait la glorieuse parenté.

Confié il y a quelques mois à M. l'abbé Boutillier et à moi, ce manuscrit vous sera bientôt présenté, et nous espérons que son insertion sera agréée au Bulletin.

Ce sera là une marque de sympathie en même temps qu'un hommage posthume accordés à la mémoire de Victor Léonard, qui fut l'un des fondateurs de notre Société et l'un de ses membres des plus zélés.

M. Duminy, à l'occasion du projet de catalogue des livres de la Société, signale un certain nombre de livres qui, empruntés à la bibliothèque, ne sont pas rentrés. Cette liste des ouvrages qui manquent à nos archives devra être publiée, afin de les présenter à l'attention de ceux qui pourraient les avoir en leur possession. Désormais il sera tenu un registre des livres prêtés, et chaque ouvrage devra être timbré d'un timbre humide.

M. Massillon Rouvet demande la parole. Il allègue qu'à une précédente séance il a présenté diverses observations verbales, notamment au sujet de l'épée à mains déposée par lui sur le bureau de la Société au nom de M. Périer, dont il n'était le mandataire. M. Massillon Rouvet estime que cette observation verbale n'a pas été reproduite au procèsverbal d'une façon suffisamment explicite. Il

que

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