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» plus grand nombre de saints, et le zèle le plus véritable pour la religion. Le nom de Catholique » donné à Votre Majesté, ne lui impose pas d'autres » devoirs que celui-ci. Ce nom fut porté par le grand » Récarède, qui permit aux Juifs, aux ariens et même » aux idolâtres, de demeurer en Espagne: S. Ferdinand » souffrit les Juifs et les mahometans; le papelui-même permet que ceux-là s'établissent, partout où bon leur » semble, dans les Etats pontificaux. Avec la tolérance, » vos sujets seront plus heureux, Votre Majesté elle» même en éprouvera plus de satisfaction dans les soins » qu'elle accorde à ses peuples. Ce bonheur ne peut » être incompatible avec celui qui convient à l'ame dans ce monde et dans l'éternité, puisque Jésus>> Christ s'est montré tolérant à l'égard des Samaritains schismatiques, des saduçéens matérialistes, et des pharisiens superstitieux.

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XXXI. » Ma qualité d'inquisiteur général ne m'empêche point de parler avec franchise à mon şouverain, et mon devoir est de prouver à Votre Majesté › que la nature de mon emploi ne m'a point fait ou » blier ce que je dois à la vérité. »

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XXXII. Quelle gloire le seigneur Mier- Campillo n'eût-il point acquise en faisant entendre ce langage à Ferdinand VII? Je n'ignore pas que mon opinion ne peut plaire aux inquisiteurs en général, ni aux hommes dominés par les préjugés, qui sont persuadés que la plus grande partie de l'Europe est perduc par les doctrines nouvelles et dangereuses qui ont infecté l'Espagne; mais ce n'est point pour obtenir leurs suffrages que j'ai composé cette histoire ; je n'ai ambitionné que ceux des catholiques éclairés qui pe confondent pas la vérité avec l'erreur, la religion aveq

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le fanatisme, ni l'emploi légitime de l'autorité avec ses criminelles entreprises.

XXXIII. Au reste, je déclare que mon intention n'est point d'accuser le seigneur évêque d'Almeria ni les inquisiteurs actuels d'abuser de leur pouvoir. L'édit dont je viens de parler, considéré dans son ensemble, respire l'intention de préférer aux mésures sévères les voies de la douceur ; et il ne m'est pas prouvé que dans tout ce qu'ils ont fait jusqu'à présent, ils n'aient pas été fidèles à cette sage maxime: car je ne puis ajouter foi à certaines nouvelles qui ont circulé dans Paris, ni à ce qu'on a dit en 1815 dans l'Acta Latomorum. L'auteur, après y avoir annoncé le rétablissement de l'Inquisition par Ferdinand VII, ajoute que ce souverain a défendu les loges maçonniques, sous les peines portées contre les coupables du crâne d'état au premier chef; un article du même ouvrage, sur les évènemens de l'année 1814, porte ce qui suit :

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XXXIV. « Le 25 septembre, on a arrêté à Madrid » vingt-cinq individus qu'on a soupçonnés d'être » membres d'une loge de francs-maçons et partisans » des Cortès : on compte parmi eux le marquis de »Tolosa, le chanoine Marina, savant distingué et » membre de l'académie; le docteur Luque, médecin de la cour, et quelques étrangers, français, italiens » et allemands, établis en Espagne. Le brave général » Alava, que le général Wellington choisit pour son » aide-de-camp après avoir reconnu son mérite, a » été traduit dans les prisons secrettes du Saint-Office » comme franc-maçon. » Je regarde cette dernière annouce comine entièrement fausse, parce que des lettres très dignes de foi, et même les gazettes d'Es pagne, ont seulement appris que l'ordre avait été

envoyé, de la part du roi, à ce général, de s'éloigner de Madrid, mais qu'il a été révoqué, Sa Majesté ayant reconnu qu'elle avait été trompée : ce qu'il y a de certain c'est que Ferdinand VII l'a envoyé, quelque temps après, à la cour des Pays-Bas, avec la qualité d'ambassadeur.

XXXV. On doit ajouter plus de foi à la nouvelle que donne la gazette de Madrid du 14 mai 1816, d'un auto-da-fé célébré par l'Inquisition de Mexico, le 27 décembre 1815, contre le prêtre D. Joseph-Maria Morellos. Ce malheureux s'était mis à la tête de quelquesuns de ses compatriotes avec le projet de soustraire son pays à la domination du roi d'Espagne. Le SaintOffice l'a mis en jugement pour cause d'hérésie, pendant que le vice-roi s'assurait de sa persoune comme coupable de rebellion. Les prisons du Saint-Office ont été préférées à celles du gouvernement, et il s'est trouvé des témoins qui ont déposé de certains faits que les qualificateurs de Mexico ont cru suffisans pour déclarer Morellos suspect d'athéisme, de matérialisme et de plusieurs autres erreurs. On a fait valoir comme preuve de culpabilité que Morellos avait deux enfans: c'est au lecteur à prononcer si la conséquence qu'on a tirée de cette inculpation est digne de la justice. L'accusé a fait une abjuration, et a été absous des censures dans un auto-da-fe, dont on pourrait comparer l'appareil à ceux du règne de Philippe II. Les inquisiteurs, en traitant avec tant de modération le prêtre Morellos, étaient instruits qu'il allait être pendu par ordre du vice-roi; avant cette exécution le coupable a été dégradé comme prêtre par l'évêque d'Antequera en Amérique, dans une messe qui ́a été interrompue deux fois d'abord, pour la lecture du

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procès de foi, l'abjuration et l'absolution des censures; et ensuite, pour la dégradation du condamné au milieu de cérémonies qui auraient bien pu autrefois inspirer une certaine crainte religieuse à des catholiques simples et ignorans, mais qui ne produisent aujourd'hui qu'un effet contraire, par suite des lumières que l'histoire et la philosophie ont répandues sur la véritable origine de ces sortes de rites, et qui ne permettent plus à l'esprit humain de s'en laisser imposer par ces insignifiantes démonstrations.

XXXVI. A l'égard de l'Inquisition d'Espagne, j'ignore si depuis son rétablissement elle a fait célébrer des auto-da-fé. Je dirai seulement que si ses juges veulent suivre plus fidèlement que leurs prédécesseurs l'esprit de l'Évangile, ils doivent éviter d'employer cette mesure et prendre pour modèle la conduite de leur chef suprême, le pape Pie VII. On peut voir dans les feuilles publiques les excellentes mesures que Sa Sainteté vient de décréter à l'égard du Saint-Office; elles sont pour elle un nouveau titre à la reconnaissance publique, et devraient être adoptées par l'Inqui sition d'Espagne. Une lettre de Rome, du 31 mars 1816, annonce que Sa Sainteté vient d'abolir la torture dans tous les tribunaux du Saint-Office, et qu'elle a fait communiquer cette résolution aux ambassadeurs d'Espagne et de Portugal (1). Une seconde lettre de la même capitale, du 17 avril suivant, donne plus de détails, et mérite d'être insérée ici, malgré son étendue : « La réforme des tribunaux de l'Inquisition » se poursuit avec succès, et s'étendra à tous les pays » où elle est établie. Toute sa procédure sera con(1) Voyez la Gazette de France du 14 avril 1816, n° 103.

» forme à celle des autres tribunaux; aucune dénon»ciation ne sera reçue si elle n'est appuyée sur des » faits bien spécifiés. Nul ne pourra être accusé pour » le seul motif de sa diffamation en matière de foi. » On ne pourra entendre comme témoins à la charge » dụ dénoncé les individus affectés d'infamie légale, » ni ceux qui auront été punis par les tribunaux de » justice. On admettra comme témoins à décharge » ceux qu'il aura appelés, quoiqu'ils ne soient pas » catholiques romains. Les parens et les domestiques » du dénoncé ne pourront déposer ni pour ni contre » lui; toute déclaration faite contre l'accusé sera » considérée comme nulle si elle n'est fondée que » sur des ouï-dire. La procédure de toutes les causes » de ce genre sera publique, comme dans les autres

tribunaux. Le cardinal Fontana a plus puissamment » contribué que tout autre à l'établissement du nouveau » système, et rendu un service éminent à la religion » et à l'humanité. On dit que le nouveau code sera » adressé à toutes les couronnes catholiques, à qui » il sera recommandé de le mettre en vigueur. Dans le bref adressé à la congrégation chargée de celle affaire, le pape s'exprime ainsi : Vous ne perdrez » pas de vue que le moyen de rendre la religion puis»sante dans les États, c'est de faire voir qu'elle est » divine, et qu'avec ce caractère elle ne peut pro» curer aux hommes que des consolations et des bien» faits. Le précepte de nous aimer les uns les autres, que notre divin maître Jésus-Christ nous a laissé, » doit être reconnu comme une loi dans tout le

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» monde (1). »

(1) Gazette de France, et Journal du Soir, du 1er mai 1816.

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