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IV. Cependant, comme il y a des gens (d'ailleurs trèsdignes d'estime) qu'une sorte d'entêtement porte à

été obligé de me présenter aux autorités tant civiles qu'ecclésiastiques pour la vérification de mes papiers et passeports, je me présentai avec plusieurs ecclésiastiques qui, pour la même cause, s'étaient rendus à Calahorra, à M. Jean-Autoine Llorente, chanoine pour lors de la cathédrale, et commissionné tant par le gouvernement que par l'évêque diocésain et le tribunal de l'Inquisition, pour examiner et reconnaître nos papiers et passeports. Cette commission, et la connaissance de la laugue française qu'avait seul dans le pays M. Llorente, lui fournirent les moyens d'exercer tout son zèle et sa charité naturelle pour les malheureux. Dès lors il se déclara protecteur des prêtres français; il employa aussitôt tous ses soins pour nous procurer des logemens commodes, faisant lui-même pour nous les marchés et les conventions, prenant en tout nos intérêts, et nous servant d'interprète, puisqu'aucun de nous ne savait la langue du pays, et aucun du pays ne connaissait la nôtre. De suite il fit approuver tous les prêtres pour célébrer la sainte messe et se confesser entr'eux, et avoir par les aumônes des messes quelques moyens de subsistance. Pour cela il fallait leur procurer des honoraires de messes; M. Llorente n'épargna rien, il mit tout en œuvre : il intéressa en faveur des prêtres français MM. les archevêques et évêques de Tolède, de Séville, de Cordoue et de Calahorra, son excellence le commissaire général de la sainte croisade, le collecteur général des économats, et plusieurs autres prélats et personnes de qualité, qui, à différentes fois, lui firent passer des sommes considérables d'argent, tant en houoraires de messes qu'en aumônes libres, pour les distribuer à ceux dont les besoins seraient plus urgens. Les soins

regarder le Saint-Office comme le rempart de la religion catholique, apostolique, romaine, il im

et les bienfaits de M. Llorente pour les prêtres fran çais ne pouvaient rester cachés; le bruit s'en répandit bientôt dans les villes voisines. L'illustre évêque de la Rochelle, M. de Coucy, lui en témoigna plusieurs fois sa reconnaissance pour les prêtres de son diocèse. La renommée encouragea plusieurs autres à venir partager les bienfaits de notre zélé protecteur; dans peu on compta à Calahorra cent cinquante prêtres réfugiés; on en vit des diocèses de Poitiers, Angoulême, Saintes, Limoges, Périgueux, la Rochelle, Bordeaux, Agen, Auch, Dax, Toulouse, et Bayonne. Le nombre était trop grand pour une petite ville qui ne jouissait pas de grandes fortunes. Les besoins augmentaient tous les jours, et tous les jours les moyens s'épuisaient. Notre bienfaiteur ne perd pas courage; son zèle lui fournit un nouvel expédient, et sa charité lui fait surmonter les difficultés qui se présentent d'abord. M. Llorente proposa à M. l'évêque de Calahorra de placer les prêtres français dans plusieurs bourgs et villages de son évêché; il présenta ce moyen comme utile aux fidèles; il fit approuver son projet, et obtint même de sa grandeur que plusieurs de nos prêtres, dont on avait reconnu le mérite et les talens, fussent employés à desservir des bénéfices et des cures. Jo n'étais pas prêtre, je n'avais pas conséquemment les mêmes ressources que ceux qui l'étaient, et ainsi, situation ne pouvait être qu'affligeante: mais la charité de M. Llorente l'avait prévu; dès les premiers jours il m'avait admis dans sa maison: pendant près de cinq ans il m'y a comblé de soins et de bienfaits; il m'a servi d'ami et de père, et enfin il m'a habilité, par des moyens pécuniaires, à entrer en société dans une maison de commerce afin de pouvoir, par une honnête industrie, m'assurer un sort. Enfin, M. Llo

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porte de leur faire voir qu'ils sont dans l'erreur, parce qu'il est incroyable que Dieu produise un tel changement dans les idées, que les moyens adoptés dans les temps modernes pour soutenir la foi soient en contradiction avec tout ce que nous avons appris à cet égard de la doctrine et de la conduite de Jésus-Christ, des apôtres et des pères de la primitive Eglise.

V. Je me propose donc d'insérer ici littéralement quelques textes remarquables, pris parmi un grand

rente a employé tous les moyens que suggèrent un zèle actif et une charité ardente, non-seulement pour procurer les moyens de subsistance à cent cinquante prêtres français réfugiés à Calahorra, mais encore pour adoucir les peines et la douleur que leur caus sait l'éloignement de leur patrie jusqu'au temps où ils y sont rentrés.

» C'est le témoignage que je rends bien volontiers, et avec justice et reconnaissance, à M. Llorente, qui mérite le titre d'ami, de protecteur et de père des prêtres français réfugiés en Espagne. Et je ne doute pas que tous, en quelque endroit qu'ils se trouvent, ne rendent le même témoignage. Paris, le 29 juillet 1815. Fais

neau. »

« Je certifie très-bien connaître M. Faisneau, qui a été véritablement déporté en Espagne, comme ecclésiastique, en 1792, et que foi doit être d'autant plus ajoutée aux faits ci-dessus énoncés, qu'il est main tenant dans notre maison de Picpus, pour y terminer ses études théologiques, et recevoir les ordres sacrés. A Paris, ce 31 juillet 1815. L'abbé COUDRIN, protonotaire apostolique (1).

(1). M. Faisneau est déjà prêtre. Il a chanté sa première messe à Bercy près de Paris, le dimanche 23 mars 1817. J'ai eu le plaisir d'y assister.

nombre d'autres du même genre, et qui font voir quel a été le véritable esprit généralement connu de la religion chrétienne et de l'Eglise, avant la révolution qui s'opéra dans les idées, de la manière que j'ai exposée dans les premiers chapitres de cette histoire. Ce travail est, sans doute, inutile aux savans; mais les hommes moins versés dans ces matières me sauront gré, peut-être, de le leur avoir présenté, et liront avec plaisir des textes sacrés et des citations des Pères et des autres défenseurs de l'Eglise, dont l'ensemble ne peut qu'éclairer les ames pieuses et sincères qui aiment la vérité.

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VI. S. Mathieu, chap. 4 de son évangile, dit : «Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon appelé Pierre et André son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs, et il leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai » devenir pêcheurs d'hommes. Aussitôt ils quittèrent >> leurs filets et ils le suivirent. De là, s'avançant, il » vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et » Jean son frère, qui étaient dans une barque avec › Zébédée leur père, et qui raccommodaient leurs >> filets, et il les appela. En mêmet emps ils quit» tèrent leurs filets et leur père, et ils le suivirent. Et » Jésus allait par toute la Galilée, enseignant dans » leurs synagogues, prêchant l'évangile du royaume, » et guérissant toutes les langueurs et toutes les ma» ladies parmi le peuple. Sa réputation s'étant répan» due par toute la Syrie, ils lui présentaient tous ceux » qui étaient malades et diversement affligés de maux » et de douleurs, les possédés, les lunatiques, les paralytiques, et il les guérissait. Et une grande mul

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» titude de peuple le suivit de Galilée, de Décapolis,

» de Jésusalem, de Judée et de delà du Jourdain (1). •

Jésus-Christ, pour convertir les hommes, n'a donc pas recours aux menaces; il se contente de promettre des choses agréables, et d'accorder immédiatement beaucoup de faveurs et de biens.

VII. Le même évangéliste, chap. 5: « Jésus, voyant » tout ce peuple, monta sur une montagne, où, s'étant >> assis, ses disciples s'approchèrent de lui; et ouvrant » la bouche, il les ensignait, en disant : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux leur appartient. Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils possèderont la terre. Bienheu>> reux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront con» solés. Bienheureux ceux qui sont affamés et altérés » de la justice, parce qu'ils seront rassasiés. Bien

(1) Ambulans autem Jesus juxtà mare Galileæ vidit duos fratres, Simonem qui vocatur Petrus, et Andream fratrem ejus, mittentes retia in mare; erant enim piscatores; et ait illi: Venite post me; et faciam vos fieri piscatores hominum. At illi continuo relictis retibus secuti sunt eum. Et procedens inde vidit alios duos fratres Jacobum Zebedei et Joannem fratrem ejus in navi eum Zebedeo patre eorum reficientes retia sua et vocavit eos. Illi autem statim relictis retibus et patre secuti sunt eum. Et circuibat Jesus totam Galileam docens in synagogis eorum et prædicans evangelium regni et sanans omnem languorem et omnem infirmitatem in populo. Et abiit opinio ejvs in totam Syriam et obtulerunt ei omnes male habentes variis languoribus, et tormentis comprehensos, et qui demonia habebant, et lunaticos et paralyticos, et curavit eos; et secutæ sunt eum turbæ multæ de Galilea et Decapoli et de Jerosolimis et de Judæa et de trans Jordanem. S. Math., evang. cap. 4.

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