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■ duire et qu'ils établissent réellement dans tous les » domaines de la monarchie, et sur l'agitation péni» ble où ils tiennent les dépositaires de votre auto» rité...... Que de malheurs n'aurait-it pas pu » résulter de ce qui s'est passé à Carthagène des » Indes, à Mexico, à Puebla, ainsi que dans les » environs de Barcelonne et de Saragosse, si l'at> tention infatigable de Votre Majesté ne les avait éloignés par les mesures les plus efficaces? Et ce» pendant les inquisiteurs n'en persistent pas moins » dans leur système, parce qu'ils sont déjà si ac» coutumés à se tout permettre qu'ils ne comptent » plus l'obéissance pour rien.

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XVI. » Il appartient aux tribunaux qui sont té» moins de ces irrégularités, de faire observer à » Votre Majesté ce qui convient le mieux à son ser¬ » vice. Quant à la junte, elle croit, relativement à » l'objet que Votre Majesté lui a soumis, qu'elle sa¬ » tisfait au devoir qui lui a été imposé en propo»sant les quatre points généraux suivans: 1° que » l'Inquisition, daus les affaires civiles, ne puisse » faire usage des censures; 2° que, dans le cas » où elle les employerait, les tribunaux de Votre » Majesté soient chargés de s'y opposer par les » moyens qui sont en leur pouvoir; 3" que les priviléges de la juridiction inquisitoriale soient réduits » à des limites plus étroites, à l'égard des ministres » et des familiers de l'Inquisition, et des parens des inquisiteurs; 4° qu'il soit établi des mesures pour la prompte expédition des affaires de compétence et de prétentions réciproques. >>

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XVII. Le comte de Frigiliana, conseiller d'état, ajouta qu'il fallait obliger les inquisiteurs de rendre

compte des biens dont jouissait le Saint-Office; car, ayant été chargé de la vice-royauté du royaume de Valence, et ayant voulu employer cette mesure avec ceux de ce pays, il n'avait jamais pu en rien obtenir; comme si les biens qu'ils avaient saisis n'appartenaient pas au roi au même titre que ceux qui avaient été réunis au fisc en vertu de jugemens rendus par les autres tribunaux ! Ces observations et le projet présenté par la junte extraordinaire restèrent sans effet, parce que l'inquisiteur général Rocaberti vint à bout, à force d'intrigues, appuyées par le confesseur du roi, Froilan Diaz, qui lui était subordonné comme religieux, de changer les heureuses dispositions du roi. Que serait-il donc arrivé si la junte eût proposé les mesures rigoureuses qu'elle croyait nécessaires?

XVIII. Cette consultation, qui semblait établie pour ramener les choses aux vrais principes, ne laisse pas d'offrir elle-même quelques erreurs sur la jurisprudence; comme, par exemple, lorsqu'on y dit que si les usurpations que les inquisiteurs se permettent contre les tribunaux ordinaires étaient approuvées par des bulles, il serait permis de les exécuter. Mais ce langage ne doit pas étonner; car le temps dont je parle fut celui des opinions violemment ultramontaines sur la jurisprudence canonique: il est bien plus surprenant que ce qu'on vient de lire ait pu être avancé au milieu de tant d'erreurs, et qu'il se sqit trouvé des hommes assez savans pour soutenir des principes que bien peu de jurisconsultes espagnols de ce siècle auraient osé défendre.

ARTICLE III.

Sermon préché aux inquisiteurs de Saragosse.

I. C'est ainsi qu'on laissa publier, en 1693, un édit de l'inquisiteur général, qui défendit la lecture des ouvrages de Barclay, comme renfermant plusieurs propositions hérétiques, entr'autres celle où l'auteur prétend que le pape n'a pas droit de détrôner les rois, ni de délier les sujets de leur serment de fidélité; et un autre qui met le souverain pontife au-dessous du concile général. Tel était alors le désordre qui régnait dans les idées, et l'état des connaissances, sous le malheureux règne de Charles II. Je citerai à l'appui de ce que je viens de dire un sermon de ce temps-là, qui fut jugé digne de l'honneur de l'impression. Il fut prêché par F. Manuel Guerra Ribera, moine mathurin, docteur en théologie, professeur à l'université de Salamanque, prédicateur du roi, examinateur synodal de l'archevêché de Tolède et du tribunal de la nonciature apostolique; il débita ce sermon dans l'église du couvent des Franciscains de Saragosse, devant les inquisiteurs d'Aragon, le 1 mars 1671, un dimanche de carême, le jour même de la lecture de l'édit annuel des dénonciations. Il choisit pour son texte le passage de l'évangile de ce jour, qui nous apprend que Jésus chassa un démon muet, que les pharisiens en murmurèrent, en disant qu'il le faisait au nom et par la puissance de Béelzebuth, prince des démons. Tout son discours ne fut qu'une suite d'allégories composées à la louange du SaintOffice; mais avec une inconvenance révoltante et en

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faisant une violence ridicule aux paroles de l'évangile.

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II. On en jugera par les passages suivans. On lit dans l'exorde : « Le premier jour de mars, Moyse » ouvrit le tabernacle, Aaron se revêtit des habits » pontificaux, et les anciens des tribus promirent d'obéir à ses lois, parce que c'était au premier » jour du mois de mars qu'on devait ouvrir l'église » de Saint-François-d'Assises de Saragosse, afin d'y » promulguer les décrets apostoliques, qui ordonnent » de dénoncer les hérétiques aux inquisiteurs qui » sont les vicaires du souverain pontife, et où les principaux habitans de la ville devaient faire la pro» messe d'accomplir ces ordres fidèlement. Aaron » était inquisiteur dé la loi, et il est représenté aujourd'hui par ceux du royaume d'Aragon. = =Jésus» Christ est accusé de superstition : ce crime est celui » des inquisiteurs. Je réduirai donc mon discours à >> deux points: le premier, l'obligation de dénoncer » le second, la sainteté des fonctions du juge-inqui>> siteur.

III. Premier point. La religion est une milice; » chaque soldat doit avertir son chef s'il sait où il y » à des ennemis; s'il ne le fait pas, il mérite la > peine due aux traîtres le chrétien est soldat; s'il » ne dénonce pas les hérétiques, il trahit: il sera > justement puni par les inquisiteurs. Saint » Etienne pria Dieu, pendant qu'on le lapidait, de ne » point imputer à ses persécuteurs leur péché; mais » ees hommes en commettaient deux; ils péchaient » contre lui en le lapidant; ils péchaient contre l'In>>quisition en résistant au Saint-Esprit. Il demande » grâce à Dieu en faveur de ses ennemis pour le

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⚫ crime de sa mort, parce qu'il peut le faire; mais » il ne cherche point à obtenir le pardon de l'autre

péché, parce qu'il regarde l'Inquisition, et qu'il est » déjà dénoncé à Dieu même. Jacob quitte la mai› son de Laban son beau-père, avec Rachel, sans

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prendre congé de lui; pourquoi manque-t-il aux » égards dus par un gendre? Parce que Laban est idolâtre; et lorsqu'il s'agit de la foi, il fant préfé» rer la religion aux considérations humaines : donc, › un fils doit dénoncer à l'Inquisition un hérétique, lors même qu'il s'agit de son père. Moyse fut inquisiteur contre son aïeul d'adoption, le roi Pha» ràon, en le faisant noyer dans la mer, parce qu'il » était idolatre; et contre son propre frère Aaron, en » lui reprochant d'avoir consenti à la fabrication du › veau d'or : donc, lorsqu'il y a délit contre l'Inqui»sition, il ne faut avoir égard ni à la qualité de » père, ni à celle de frère. Josué fut inquisiteur > contre Achan, en le faisant brûler pour avoir volé » une partie du butin de Jéricho, qui devait être » livré aux flammes: donc, il est juste que les hé» rétiques meurent dans le feu. Achan était prince » de la tribu de Juda, et cependant il fut dénoncé : » donc, tout hérétique doit être dénoncé, fût-il prince > du sang royal.

IV. » Second point. Pierre fut inquisiteur contre » Simon le magicien; donc, les délégués et les lieute» nans du vicaire de Pierre doivent châtier les magi» ciens. David fat inquisiteur contre Goliath et » contre Saül; il fut inquisiteur sévère à l'égard du premier, parce que Goliath insultait volontaire»ment la religion; il fut indulgent avec le second, » parce que Saül n'était pas entièrement libre, puis

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