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BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE

MAI 1865

Personnel de la Société.

Depuis notre dernier Bulletin (voyez p. 145), la Société a perdu deux de ses fondateurs MM. Jean PICOT et George MALLET. Chacun d'eux a été l'objet d'une notice lue dans nos séances, et ces notices ont été imprimées. Nous en extrairons ci-après quelques détails en les complétant au point de vue bibliographique.

La Société a eu connaissance du décès de deux de ses membres correspondants MM. le comte COSTA DE BEAUREGARD et Charles MONNARD, professeur.

Elle a reçu au nombre de ses membres ordinaires :

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Elle a élu membre honoraire M. Louis SORDET, aucien archiviste à Genève, et membres correspondants:

1864. MM. HERMINJARD, Aimé.

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DELISLE, Léopold, membre de l'Institut, à Paris.

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POSSELT, Maurice, docteur en philosophie, à Saint-
Pétersbourg.

WARTMANN, H. docteur en philosophie, président de la
Société d'histoire de Saint-Gall.

JEAN PICOT, professeur.

Jean Picot, né le 6 avril 1777, était fils de Pierre Picot, pasteur et professeur de théologie à Genève. Il fit ses études dans le collége et dans l'académie de cette ville, et fut reçu avocat en 1798. Bientôt après, notre "ancienne république étant incorporée à la France, il devint l'un des administrateurs de l'Hôpital et adjoint du maire. En 1802, il fut nommé professeur d'histoire générale et de statistique, et donna dès lors en cettte qualité, puis plus tard comme professeur honoraire, quelques cours sur diverses branches des sciences historiques. Dès 1805 et jusqu'à la Restauration, il remplit les fonctions de conseiller de préfecture. Lorsque Genève eut recouvré son indépendance, M. Picot servit encore son pays: il fit partie du Conseil représentatif de 1814 à 1837; il fut juge au tribunal civil et à celui de l'audience, membre de la Chambre des tutelles, de la direction de la Bibliothèque publique, de l'administration du Musée académique, du Consistoire et du Comité de la Société pour l'instruction religieuse de la jeunesse. Il montra dans ces différentes fonctions un zèle intelligent pour tout ce qui pouvait contribuer au bien public.

M. Picot consacrait ses loisirs aux lettres, à l'histoire, à la statistique, à la numismatique. L'habitude de prendre des notes sur toutes sortes de sujets, une excellente mémoire, une santé qui ne fut jamais atteinte par aucun genre d'excès, une sage distribution de son temps, lui avaient

permis d'acquérir une vaste érudition, dont il ne faisait aucun étalage et paraissait à peine se douter. Sa modestie et sa simplicité en doublaient le prix.

Il conserva toutes ses facultés jusqu'à la fin de sa longue et studieuse carrière. Il est mort paisiblement le matin du 8 décembre dernier, au moment où il venait de prononcer une bénédiction sur ses enfants et petits-enfants réunis autour de lui. Il était dans sa quatre-vingt-huitième année

On doit à M. Picot:

Quelques considérations sur la cause de l'élasticité des fluides et des solides. Genève, 1795; br. in-4°. Thèses soutenues publiquement par l'auteur, encore étudiant.

Histoire des Gaulois, depuis leur origine jusqu'à leur mélange avec les Francs et jusqu'au commencement de la monarchie française. Genève, 1804, 3 vol. in-8o. Le Journal des Débats rendit, en avril 1804, un compte rendu favorable de cet ouvrage.

Tablettes chronologiques de l'histoire universelle, sacrée et profane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde jusqu'à l'année 1808, ouvrage rédigé d'après celui de l'abbé Lenglet du Fresnoy. Genève, 1808, 3 vol. in-8°. M. Picot s'est livré à un travail considérable pour corriger et compléter celui de Lenglet, et il a réussi à faire un ouvrage utile et très-commode à consulter.

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Histoire de enève, depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, accompagnée de détails sur les antiquités de la ville et de son territoire, sur les mœurs, les usages, le gouvernement, les lois, les monnaies, les progrès des sciences et des arts. Genève, 1811; 3 vol. in-8. Il était piquant de voir un conseiller de préfecture du département du Léman retracer l'histoire de l'ancienne république de Genève. L'auteur sut se tirer avec honneur de cette entreprise, sans sacrifier des sentiments qui lui étaient chers et sans susciter de réclamations de la part du gouvernement français M. Picot s'est appliqué à extraire l'œuvre manuscrite de Gautier; puis, dès le moment où ce guide précieux lui a manqué, il s'est servi des registres ou d'extraits de registres du Conseil. On peut regretter qu'il n'ait pas eu plus souvent recours aux sources originales; mais il ne faut pas oublier qu'à cette époque elles n'étaient nullement appréciées et étudiées comme elles le sont aujourd'hui, et son Histoire de Genève est restée un travail méritoire et intéressant.

Essai de statistique du canton de Genève. Zurich, 1817; 1 vol. in-12.

-Ce joli petit volume, accompagné de carte, vues, etc., fut publié par les libraires Orell, Fussli et Ce sous le titre de : Étrennes pour le canton de Genève, et suscita, de la part du clergé catholique, beaucoup de désagréments à son auteur, bien connu cependant par sa grande modération.

Statistique de la Suisse, ou état de ce pays et des 22 cantons dont il se compose, sous le rapport de leur situation, de leur étendue, de leur climat, de leur population, de la nature de leur sol, de leurs montagnes, de leurs lacs et rivières, de leurs eaux minérales, de leurs produits, de leur histoire, de leurs antiquités, des mœurs et du langage de leurs habitants, de leurs constitutions politiques, de leurs impôts, de leurs revenus, de leur industrie et de leur commerce, de leurs monnaies, poids et mesures, du culte et de l'instruction, de leurs établissements publics et particuliers, de leurs hommes célèbres, des ouvrages qui les concernent, etc. Genève, 1819; 1 vol. in-12o.- 2e édition, 1830, in-12o.

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Histoire de la gravure à Genève. Cet ouvrage, demeuré manuscrit, est souvent mentionné dans le Recueil de renseignements sur les beauxarts à Genève de M. Rigaud. (Voyez notamment Mémoires, tomes IV, 1re part., p. 65; V, id., p. 52, 71; VI, id., p. 44, 91, 93.)

Enfin M. Picot, suivant l'exemple de son père, a consigné dans un journal embrassant une période de 70 années, tous les faits intéressants qui se sont passés sous ses yeux. Peut-être la famille de MM. Picot consentira-t-elle à déposer dans quelque dépôt accessible au public un extrait de ces précieuses annales, qui comprennent un siècle. Notre véné rable collègue a lui-même fait cet extrait, pour la période de la domination française, et en avait lu plusieurs fragments dans la séance du 29 mars 1860. Le travail de M. Picot comprenant un cahier in-4o, a été, conformément à ses instructions, déposé par sa famille dans la bibliothèque de la Société d'histoire.

GEORGE MALLET.

Né à Genève en juin 1787, Jean-George Mallet suivit dans cette ville le collége et l'académie. De 1810 à 1814, il fut adjoint du maire de Genève, M. Maurice, et devint, en 1816, un des Auditeurs nommés par la république restaurée. Mais sa carrière publique se borna à ces modestes

emplois, et il ne tarda pas à se consacrer complétement aux lettres et aux œuvres philanthropiques.

Sa première publication date du régime français, et il ne posa la plume que peu de semaines avant sa mort. Une de ses constantes préoccupations fut de faire apprécier et aimer son pays, de peindre les mœurs de ses habitants. Aussi l'histoire nationale attira de bonne heure son attention. Dans Genève et les Genevois, publié en 1814, on trouve un aperçu de l'histoire de Genève, principalement extrait de l'ouvrage publié par M. le professeur Picot, son beau-frère. Dans ses récits de voyages, les souvenirs historiques s'unissent à la description des pays qu'il parcourt. Plus tard, la forme à laquelle il donna la préférence fut celle des scènes historiques, qui lui permettaient de dérouler sous les yeux du lecteur les événements accomplis durant quelques époques décisives de notre histoire, et surtout de peindre la vie intime de la nation, les mœurs, les idées dominantes. Un procédé analogue fut appliqué à divers épisodes de la Révolution française.

Membre de notre Société, dès son origine, George Mallet, tout en sympathisant avec les travaux de ses collègues sur l'histoire politique de Genève, s'attacha surtout à relever les droits de l'histoire anecdotique et l'intérêt des travaux biographiques. Il recommandait à ce double point de vue l'investigation des mémoires de famille et des correspondances intimes. Quelques pages insérées dans les Mémoires de la Société, renferment le programme d'une histoire de Genève conçue au point de vue des développements religieux, moraux et intellectuels. Il a souvent en outre communiqué à la Société des morceaux qui n'ont point été livrés à l'impression, en particulier des fragments empruntés à ses souvenirs personnels.

Le patriotisme élevé de M. Mallet, l'aménité de son caractère, sa cordiale bonhomie, l'avaient entouré chez tous ses concitoyens d'une grande considération, et lui ont permis, dans diverses circonstances, d'exercer une influence salutaire. Il concourut, même dans un âge avancé, à fonder ou à diriger plusieurs institutions philanthropiques ou religieuses. Mais, depuis quelques années, la maladie le retenait de plus en plus au sein de sa famille et de ses amis, et il s'est éteint le 11 février 1865.

Les ouvrages et opuscules publiés par George Mallet sont :

Lettres sur la route de Genève à Milan par le Simplon, écrites en 1809 et en 1810. Genève, 1 vol. in-12; 2e édit. 1816.

Genève et les Genevois. Genève, 1814. In‐12.

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