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choisira comme arbitre le révérend père en Christ, et seigneur Évêque de Lausanne, si c'est nous Jean-Louis qui sommes défendeur, ou les magnifiques seigneurs, comtes de Neuchâtel ou de Gruyère au cas que quelque sujet séculier de Jean-Louis de Savoie, ou que nous, avoyers consuls des villes de Berne et de Fribourg, ou quelqu'une de nos villes ou de nos sujets soyons dans la position de défendeur. Et si pour absence ou pour d'autres raisons les arbitres étaient empêchés, les deux parties contractantes choisiront un de leurs officiers assermentés qu'elles prieront d'accepter ce mandat. Et si cela ne suffisait pas, les seigneurs eux-mêmes devront les y astreindre. Cela fait, l'arbitre fixera aux deux parties une journée en un lieu de marche commune dans la cité de Lausanne, à moins que, du consentement des parties, une autre désignation ne soit faite. Et les deux parties que concerne le débat devront adjoindre chacune deux hommes probes et honnêtes à l'arbitre, et ces cinq devront promettre par un serment solennel sauf dispense des parties, de prononcer suivant leur conscience, leur intelligence et à forme de justice. Et si les arbitres différaient dans leurs décisions, dans le délai d'un mois, après que les questions avec les réponses auront été rédigées, les arbitres auront à produire leurs décisions devant un Surarbitre. Et ce dernier devra décider dans l'espace d'un mois, et de quelque manière qu'il se soit prononcé, cela demeurera décidé, tout appel étant supprimé.Que si quelqu'un des arbitres ou des surarbitres était mis dans l'impossibilité d'accomplir sa tâche, avant l'expédition de la cause par la mort, ou par quelqu'autre accident, un autre sera choisi à sa place, d'après le mode déterminé plus haut, et ce dernier s'engagera de la même manière que le précédent. Et les deux parties devront payer en commun au surarbitre, et chaque partie séparément à ses propres arbitres tous leurs dépens, et nous, les parties, devrons astreindre les nôtres à acquiescer au jugement prononcé et à acquitter les dépens.

<< Tout cela, cependant, sans préjudice des droits du tribu

nal de nous Jean-Louis de Savoie et de notre tribunal spirituel, et en respectant toutes les libertés, priviléges, immunités, prééminences ecclésiastiques que nous possédons par droit, privilége ou coutume, dans cette notre ville et sur les citoyens et sujets de la dite ville, auxquelles nous ne voulons déroger en aucune façon.

<< En outre, il a été déclaré par une convention spéciale que nous, susnommé Jean-Louis de Savoie, aviserons à ce que les marchands et autres gens des cités susnommées soient traités suivant l'ancienne coutume pour les navires et le prix de la navigation sur le lac Léman. De même tous les délits seront punis dans les lieux et devant le Tribunal où ils auront été commis.

« Et afin que toutes ces choses soient observées, nous, les parties susnommées nous nous engageons par notre nom, notre honneur, nos serments et notre foi, et par l'hypothèque expresse, de toutes nos propriétés présentes et à venir, renonçant à toutes perceptions, actions, défenses, et spécialement à la disposition juridique qui prévoit qu'une renonciation générale a tout son effet lorsqu'une renonciation spéciale n'intervient pas auparavant.

<< Toutes ces choses et chacune d'elles en particulier, nous les observerons de point en point et nous les maintiendrons, nous réservant expressément que si d'un commun accord nous décidions que quelque chose devait être déclaré, augmenté, restreint et changé dans ces conventions, nous le pourrons faire avec l'approbation de toutes les parties contractantes, sans ruse, ni fraude aucune.

« Et

Et pour donner effet à la convention présente nous avons apposé nos sceaux à ces lettres, le 14 novembre de l'année 1477. »

Reste maintenant à vider cette autre question. Doit-on penser, ainsi que l'affirment toutes les histoires de Genève, que T. XV, 1re partie.

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les citoyens ne voulurent pas être compris dans le traité que conclut l'évêque avec Berne et Fribourg.

Observons que Bonivard est muet à cet égard; c'est Savyon qui le premier a avancé cela et, sans s'appuyer sur aucune preuve, en a pris occasion de se récrier sur la stupidité des citoyens. N'aurait-il point fait confusion avec l'accord du mois d'avril dans lequel les citoyens ne voulurent pas être compris, probablement parce qu'ils auraient été entraînés à des déboursés? Pourquoi les registres, qui mentionnent la non-adhésion à l'accord d'avril, ne diraient-ils rien de la résolution bien plus importante de ne pas accéder au traité de combourgeoisie?

Il nous paraît d'ailleurs très-improbable que Jean de Savoie, qui traita toujours les citoyens avec beaucoup de hauteur et chercha toujours à se passer de leur assentiment (les registres des conseils ne justifient en aucune façon les éloges que lui décernent Bonivard et Savyon), ait songé à faire intervenir directement les représentants des citoyens dans le traité conclu avec Berne et Fribourg; c'eût été reconnaître à ces derniers une importance que tous ses antécédents et sa politique bien connue avaient constamment tendu à leur dénier complétement. Ce prélat entendait englober dans sa personne toute la communauté; aussi stipule-t-il pro se et civibus et subditis suis. C'est pourquoi, jusqu'à ce qu'on nous prouve le contraire, nous pensons que les citoyens ne furent nullement consultés par l'évêque lorsqu'il signa le traité de bourgeoisie, qu'ils n'eurent point à décider s'ils voulaient acquiescer à ce traité et par conséquent ne firent point preuve de la stupidité que leur impute Savyon.

AMÉDÉE ROGET.

RECHERCHES

SUR

L'ORIGINE DES GENEVEZ

VILLAGE

DE

L'ANCIEN ÉVÊCHÉ DE BALE

Le voyageur qui, par une belle matinée d'hiver, se rend de Bienne à Porrentruy, ne tarde pas à suivre les contours d'une magnifique route moderne taillée dans les flancs de la montagne. A ses pieds, dans un ravin profond, coule la Süss dont le cours accidenté offre à son regard tantôt un gracieux paysage, tantôt un site agreste, ici une blanche cascade aux échos bruyants, là les ondes d'un lac tranquille et le silence du repos. Aussi longtemps que la route suit la vallée de la Süss, on jouit d'un coup d'œil charmant, mais au moment où, non loin de Pierre-Pertuis, la rivière tourne brusquement à gauche pour arroser le val de Saint-Imier, le paysage change peu à peu. Ce ne sont plus ni forêts épaisses, ni rochers surplombants, ni collines aux pentes douces, ni ravins cachés et solitaires. Bientôt le pays se découvre, l'horizon s'étend, de longues plaines commencent et les accidents de terrain deviennent de plus en plus rares. Là aussi la neige est tombée en plus grande quantité et le froid y est plus vif. On se trouve déjà à plus de 3000 pieds au-dessus de la mer.

C'est à l'extrémité d'une de ces plaines, bornée au couchant par une petite colline boisée, qu'est assise l'antique abbaye de Bellelay, dont le triste état et les pauvres ruines cadrent bien avec une mélancolique nature. A gauche, sur le prolongement de la colline, on aperçoit un village aux blanches maisons dont les toits reluisent au soleil. Placé ainsi sur la hauteur, il semble défendre l'entrée de son petit vallon. Ce village s'appelle les Genevez.

Il y a déjà plusieurs années que des auteurs neuchâtelois, MM. de Montmollin et de Chambrier, entre autres, ont recherché quelle pouvait être l'origine de deux villages de même nom, quoique d'orthographe différente, les Hauts-Geneveys et les Geneveys-sur-Coffrane situés au-dessus de Neuchâtel. Ils se basent tous sur une tradition regardée par les uns comme vraie, par les autres comme apocryphe, et assignent à ces localités en termes plus ou moins affirmatifs une origine genevoise. Un seul auteur genevois, M. Pictet de Sergy, a consacré aux Geneveys de Neuchâtel un chapitre dans lequel il n'a fait que reproduire les diverses données des écrivains cités plus haut, sans chercher davantage à élucider la question.

A l'égard des Genevez du Jura Bernois, M. Auguste Matile ajoute 3: «< : « Non loin de Bellelay est la commune de Genevez <<< dont les habitants s'attribuent la même origine. » Guidé par cette indication, M. Moratel, chargé de revoir le dictionnaire de la Suisse de Lütz traduit par Leresche, a inséré, à son article les Genevez, les lignes qui suivent: « Les Genevez « [Berne, Moûtiers] village paroissial au milieu d'une contrée « boisée et un peu sauvage; ses chalets donnent cependant << des produits qui rentrent dans les meilleurs du Jura, et l'on

↑ Mémoires sur le comté de Neuchâtel, II,
2 Histoire de Neuchâtel et Valengin, p. 65.

p. 143.

5 Histoire de la seigneurie de Valengin, p. 40.

↳ Dictionnaire géographique et statistique de la Suisse, par Marc Lütz, traduit par Leresche, revu par J.-L. Moratel. Lausanne, 1859.

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