Imágenes de páginas
PDF
EPUB

numéro de la Revue 1. M. Duval signale une lacune importante dans ce travail, c'est le silence gardé par l'auteur sur la possibilité de pouvoir établir une colonie dans un pays où les lois défendent aux chrétiens de posséder des propriétés. Passant ensuite à un autre point du mémoire précité, M. Duval dit avec raison que M. Simon n'aurait pas dû proposer son projet de colonisation de l'Asie-Mineure au détriment de l'Algérie, car les causes de non réussite qu'il signale pour l'établissement d'une colonie en Algérie, existent aussi en Asie-Mineure. M. Duval signale ensuite tous les avantages que peut offrir la colonisation de l'Algérie.

M. le D' AUBERT-ROCHE fait quelques observations sur le même sujet, et donne de curieux détails sur l'état actuel de la Turquie, et les améliorations qui se sont introduites dans l'empire ottoman depuis plusieurs années; il cite à ce sujet les nouvelles concessions que le sultan vient d'octroyer aux sujets chrétiens de son empire.

M. JOUAULT signale à ce sujet différentes réformes très-importantes obtenues dans les derniers temps à Tunis, et cite particulièrement une école fondée par l'abbé Bourgade, où se trouvent confondus des enfants chrétiens, musulmans et juifs qui viennent s'instruire sous la direction de prêtres français.

M L. DE ROSNY communique à la Société quelques renseignements sur l'industrie des Chinois, et principalement sur la fabrication de la porcelaine à l'occasion du livre de M. STANISLAS JULIEN sur l'Histoire de la fabrication de la porcelaine en Chine.

M. DUVAL appelle l'attention de la Société sur la députation de Touâregs arrivée récemment à Alger, et sur les résultats que l'on est en droit d'attendre de cette visite pour le développement de notre commerce avec l'intérieur de l'Afrique. M. Duval donne ensuite des détails fort curieux sur les Touaregs et annonce à la Société que trois Français d'Alger accompagnent les Touaregs dans leur pays pour vérifier l'exactitude de certaines assertions tendant à éclaircir plusieurs points de géographie, tels que l'existence du djebel hoggar et de plusieurs oasis et puits dans l'empire des Sables. M. Duval rectifie aussi l'opinion des voyageurs, qui s'accordent à dire que les Touaregs sont les pirates du désert, tandis qu'au contraire, ces populations se font les protectrices des caravanes, moyennant une redevance fort minime qui assure aux voyageurs la sécurité dans tout le parcours du territoire occupé par les Touaregs. M. Trémaux, qui a dernièrement poussé une reconnaissance par l'Egypte jusqu'au Soudan, présente à ce sujet quelques observations pleines d'intérêt.

M. le président exprime à la Société le regret qu'il éprouve de n'avoir point vu M. l'abbé Huc assister à la séance, et charge le secrétaire archiviste de réitérer au savant missionnaire une invitation pour assister à la prochaine réunion de la Société. La séance est levée à neuf heures et demie.

1 Colonisation extensive dans l'Asie-Mineure.

OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ ORIENTALE.

Par M. le ministre de la guerre.

1o Tableau de la situation des établissements français dans l'Algérie, anné 1852-1854, 2 parties in-folio.

2o Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, par Ibn-Khaldoun, traduit de l'arabe, par M. le baron de Slane, interprète principal de l'armée d'Afrique, 2 volume, in-8°. 3o Catalogue des produits de l'Algérie (exposition permanente et exposition universelle), in-8°.

4° Almanach de l'Algérie, 1856, guide du colon, publié d'après les documents fournis par le ministère de la guerre, in-32.

Par M. le général Daumas.

1o Le Cheval de guerre, in-18°.

2o Du Chameau d'Afrique, broch. in-8°.

3o Sur l'Education du faucon en Algérie, broch. in-8°.

4o Le Grand Désert, 1 vol. in-8° avec une carte.

Par M. Garcin de Tassy.

Discours à l'ouverture de son cours d'hindoustani à l'Ecole spéciale des langues orientales, etc., broch. in-8°.

Par M. Baillet, membre correspondant.

Réflexions sur l'Algérie. L'Exposition universelle, le Tissage à la main, les Nouvelles Machines pour l'agriculture, et sur la nécessité de coloniser l'Algérie, broch. in-8°.

Par M. Wickerhauser (de Vienne).

1° Chrestomathie turque et allemande, in-8°, cart. publiée à Vienne. 2o Recueil de Poésies, traduites du persan en allemand. Leipsig, 1855, in-18, br.

Par M. le ministre de la marine.

Tableau de population, de culture, de commerce et de navigation pour l'année 1852, in-8°, 1855.

La Société a décidé, sur la proposition de M. le président, que le Catalogue de la Bibliothèque serait imprimé dans un des numéros du bulletin de l'année courante. MM. les membres de la Société qui ont reçu des volumes en communication sont priés de vouloir bien les rapporter au bureau de la Revue, pour la vérification du Catalogue.

Paris, 10 février 1856.

Approuvé :

Le secrétaire général, VICTOR LANGLOIS.

Le président : LA ROCHEFOUCAULD duc DE DOUDEAUVILLE.

Paris. Imprimerie de POMMERET et MOREAU, 17, quai des Augustins.

MÉMOIRE

SUR LES

ARCHIVES DU CATHOLICOSAT ARMÉNIEN DE SIS,

EN CILICIE.

[Lettre à AGOP-EFFENDY, conseiller de l'ambassade ottomane à Paris.]

Dans un travail que le Journal asiatique a inséré dans ses colonnes et dont Sis fut le sujet, j'ai fait connaître l'état dans lequel se trouvent les archives du monastère patriarcal de cette ville, qui, pendant toute la durée des guerres saintes, fut la capitale des rois roupéniens et Lusignans.

J'ai dit que ces archives, loin d'être gardées avec le soin qu'exige la conservation de documents souvent utiles, quelquefois précieux, étaient ou perdues, ou entassées pêle-mêle dans un grenier humide où les eaux pluviales, pénétrant par la toiture, les avaient, sinon complétement détruites, au moins détériorées de telle sorte qu'aucune pièce de ce dépôt n'était intacte.

Admis par le patriarche Mikaël II à visiter les manuscrits de la bibliothèque du monastère, j'en dressai le catalogue et lui demandai ensuite à voir les archives; mais il me répondit que le monastère n'en possédait pas. Croyant que le catholicos voulait me cacher ce dépôt, et ne m'en expliquant pas la cause, j'insistai sans obtenir d'autre réponse que celle-ci : « Les Turcs ont tout brûlé, nous n'avons plus << rien en fait d'archives ! »

Dès lors, je soupçonnai que toutes les bulles émanées de la cour de Rome, et en partie publiées dans les Annales ecclésiastiques de Raynaldi, les réponses des catholicos de

'Cinquième série, tome V, page 257 et suiv. - Voyage à Sis, capitale de l'Arménie au moyen-âge.

III. Mars 1855.

13

Sis, les lettres écrites aux papes, pendant toute la période entre l'établissement du catholicosat à Roum-Kalah, Zn.nu en arménien ', et la fin du quatorzième siècle, époque de la conquête de l'Arménie-Mineure par les Musulmans; les cartulaires des églises et des monastères, dépendant de la juridiction du catholicos de Sis, la correspondance des rois, les registres d'impôts, ceux des revenus et des dîmes ecclésiastiques; les copies des 4nGqwy ou bulles des catholicos, etc., je soupçonnai, dis-je, que tous ces documents n'existaient plus et ne tardai pas à en acquérir la certitude.

Introduit dans la bibliothèque, je n'y trouvai que des manuscrits de peu d'importance, dont on connaît déjà la liste, publiée à la suite de mon Voyage à Sis 2. Les archives proprement dites, auxquelles les patriarches attachaient peu de prix sans doute, avaient disparu, et avec elles les anciens cartulaires et registres qui auraient dû s'y trouver.

Je cessais d'inutiles recherches quand un moine du couvent, auquel j'avais donné un bakchisch pour quelques petits services qu'il m'avait rendus, vint me prévenir que d'assez grandes quantités de papiers étaient entassées et abandonnées dans un grenier où les infiltrations des eaux les avaient détériorées; puis, après avoir ajouté qu'on n'attachait aucune importance à leur conservation, il me

En 1147, le patriarche Grégoire III qui résidait dans la forteresse de Dzovkk de la quatrième Arménie, l'abandonna pour aller à Romgla, auprès de la femme du comte d'Edesse, Josselin, qui, depuis la prise de sa capitale par les Atabeks, résidait à Tell-Bascher. En 1150, le patriarche acheta la possession du fort de Romgla, du fils du comte d'Edesse. Ce fort fut la résidence des patriarches d'Arménie jusqu'à l'an 1298, qu'il fut pris par Aschraf, fils de Bondokdar, sultan mamelouk, qui emmena le patriarche Stephanos IV prisonnier au Kaire, où il mourut. (Tchamitch, t. III, p. 71 et 287.- Saint-Martin, Mémoire sur l'Arménie, t. I, p. 196.) Après la prise de Romgla par les Egyptiens, on transporta le siége patriarcal à Sis. Mais en 1441, ce même siége fut transféré dans le monastère d'Edchmiadzin, cependant il resta à Sis un patriarcat particulier qui subsiste encore aujourd'hui, concurremment avec le catholicos d'Edchmiadzin.

2 Journal asiatique, lieu cité.

proposa de me conduire dans la pièce où était ce dépôt. J'acceptai la proposition du religieux, qui, après m'avoir fait traverser plusieurs salles désertes servant de refuge à tous les oiseaux de nuit de la contrée, me fit entrer dans la petite chambre où étaient les papiers dont il m'avait entretenu et qu'il mit à ma disposition. Au milieu de cette pièce où l'air pénétrait à peine, était un monceau de feuilles détachées et à demi pourries provenant d'ouvrages liturgiques arméniens et de livres d'église détériorés et hors d'usage.

Nous fimes un choix de papiers manuscrits que les eaux n'avaient pas complétement détruits, le moine les transporta dans la chambre qui m'avait été donnée, et que M. Ch. Texier, aujourd'hui membre libre de l'Institut, avait occupée quelques années avant mon arrivée en Cilicie.

J'examinai de nouveau cette charge de papiers du poids. de quinze à vingt livres, et après un nouveau triage, les archives délaissées du couvent patriarcal de Sis, réduites à leur plus simple expression, formèrent la matière de deux cahiers in-folio contenant soixante-dix à quatrevingts pièces. Inutile de dire que dans ces papiers ne se trouvait pas une seule pièce historique, ni même une lettre ayant plus de cinquante années de date.

Les archives de Romgla, détruites peut-être dès la fin du règne de Léon VI de Lusignan, celles du royaume d'Arménie, les dépôts des églises et des monastères, etc., sont à jamais perdus, à moins toutefois que certaines pièces ayant trait aux rapports des Arméniens avec les Vénitiens, les Génois et les princes d'Occident, ne se trouvent quelque jour dans les liasses encore ignorées des archives de Venise, de Turin ou de Rome.

Si les anciennes archives du monastère patriarcal de Sis sont aujourd'hui perdues, il est naturel de se demander ce que sont devenues celles des temps qui suivirent la conquête musulmane, à partir de la fin du quatorzième siècle. Dès cette époque, la Cilicie avait subi le joug des infidèles,

« AnteriorContinuar »