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Croît dans les forêts du mont Atlas, et principalement sur les versants exposés au midi.

ARBRE de 5 à 7 mètres de hauteur, présentant un tronc droit de 10 à 40 centimètres de diamètre, à cime étalée. Rameaux à angle droit autour du tronc, plus rarement obliques. Ramilles nombreux, aplatis, articulés, comprimés. Feuilles peu étendues (les premières plus longues), aciculaires, quaternées ou ternées, naissant les unes des autres, inégales, mucronées. Fleurs monoïques, paraissant d'octobre à novembre: MALES, solitaires, en chatons, petits, globuleux, puis ovoïdes, tétragones, à pédicules courts, opposés, décussés sur l'axe. FEMELLES, en chatons isolés à l'extrémité de courtes ramilles, strobiles tétragones, écailles au nombre de quatre, dont deux plus larges, terminées en pointe, opposées, seminifères; et deux plus étroites, tronquées, stériles. Graines petites, entourées d'une enveloppe membraneuse, et perdant promptement leur faculté germinative 1.

Quant aux souches qui présentent la partie de l'arbre la plus précieuse pour l'industrie, elles sont de dimensions très-variables, cependant leur grosseur moyenne peut être assez exactement évaluée à 70 centimètres de diamètre.

M. Abel Carrière, chef des pépinières au Muséum d'histoire naturelle de Paris, qui, par sa position et ses travaux, a été parfaitement à même d'étudier les conifères et de les suivre dans les diverses phases de leur existence, nous donne, entre autres détails intéressants sur le Callitris quadrivalvis, le résumé de quelques observations qu'il a pu faire, en suivant le développement de cet arbre, depuis la germination jusqu'à sa complète maturité. Nous croyons devoir les reproduire ici :

<<< Dans les plus jeunes semis, feuilles primordiales opposéesdécussées, ternées, quaternées, étalées, légèrement épaissies au milieu, très-courtement mucronées, glaucescentes. Plus tard, et dans les individus un peu plus âgés, les feuilles se rapprochent beaucoup et s'imbriquent étroitement, présentant une forme 1 Pour plus de détails: Cf. Flora atlantica, sive Historia plantarum quæ in Atlante, agro tunetani et algeriensi crescunt, auctore RENATO-DESFONTAINES. Parisiis, an vi de la Républ. franç., t. II, p. 353. Synopsis Coniferarum, auctore STEPHANO ENDLICHER. Sangali. 1847, in-8, p. 40.

presque aciculaire, aiguë; les autres, plus courtes, sont moins étalées et munies ou privées de glandes, quoique toutes très-décurrentes. A mesure qu'ils vieillissent, les feuilles se raccourcissent beaucoup, deviennent obtuses, et s'appliquent enfin sur les rameaux; dans ce cas, elles se réduisent à des sortes d'écailles et sont adnées dans toute leur longueur.

« De nombreux semis de Callitris quadrivalvis, ajoute le savant pépiniériste, m'ont démontré que les jeunes plants ne présentaient jamais deux cotylédons, que ces organes variaient de trois à six, et que le nombre le plus habituel était de quatre1. »

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La culture du thuya de Barbarie a présenté quelques difficultés aux personnes qui essayèrent de la pratiquer en France et surtout près de Paris. Les plus grandes précautions durent être prises pour éviter que les graines ne périssent en terre avant de germer; la serre même fut réclamée pour les Callitris pendant certains mois de l'année. On n'est pas encore parvenu à reproduire ce conifère par le moyen de boutures, aussi le multiplie-t-on le plus souvent en le greffant sur des Cyprès ou sur des Biota. Mais la plupart de ces difficultés disparaissent lorsqu'il s'agit de propager le thuya de Barbarie dans son pays natal, en Algérie, sur les penchants du mont Atlas.

Comme nous l'avons dit ci-dessus, plusieurs portions considérables des forêts du sol barbaresque ont été successivement détruites par les incendies. Aussi tandis que, d'un côté, l'on sera occupé à exploiter les forêts de thuya, il est urgent que, d'un autre côté, l'on s'occupe de propager cette riche essence dans les parties les plus dépourvues de végétation: sans ce soin diligent, les colons verraient bientôt disparaître une source de richesses naturelles qui, protégée par d'intelligents sylviculteurs, peut devenir intarissable, et, en même temps, de plus en plus productive. Dans l'état actuel des forêts de l'Algérie, on ne rencontre le plus souvent que des buissons de thuya, au lieu de beaux arbres qui se seraient naturellement développés si le feu incendiaire n'était venu arrêter les progrès de leur végétation. Comme les essences algériennes n'ont pas été exploitées depuis longtemps, cette circonstance ne sera que peu défavorable aux colons; car, si, d'une part, on ne recueille au-dessus du sol que de faibles bran4 Voy. Traité général des Conifères, par ELIE-ABEL CARRIÈRE. Paris, 1855, in-8, p. 82.

ches, trop frêles pour être employées dans l'industrie; d'autre part, on trouvera, enfouies en terre, de larges et belles souches qui récompenseront grandement du défaut des parties supérieures. Mais, aussitôt que ces souches auront été arrachées du sein de leur terre nourricière, il ne restera plus, dans les bois de Callitris, que de fragiles rejetons avortés ou rompus: ces superbes forêts deviendront encore une fois stériles; le bois de thuya sera, de nouveau, épuisé jusque dans la mère-patrie!

Il ne suffit donc point aux colons algériens, d'accourir, la hache à la main, ravir aux collines de l'Afrique du nord leur parure végétale; il faut encore, en cultivateurs intelligents, répandre à profusion sur les parties incultes de la chaîne de l'Atlas les semences de l'arbre qui en constituent la plus belle production et l'une des richesses les plus durables, si l'on ne s'efforce point d'en abuser outre mesure.

Parmi les penchants des collines de l'Algérie, ceux qui regardent le midi paraissent les plus privilégiés sous le rapport du nombre et de la vigueur des Callitris que l'on y rencontre. Que ce soit donc à cette exposition que l'on prépare des ensemencements de thuya. Avec peu de soin et presque sans aucune dépense, on les verra rapidement éclore, croître et parvenir à leur parfaite maturité. Quant à ce qui concerne les opérations générales de sylviculture, nous ne pouvons que renvoyer aux traités spéciaux relatifs à cette science importante. On trouvera, dans le nouvel ouvrage de M. Carrière sur les conifères, une suite de détails intéressants qui ne seront pas lus sans utilité par les colons français qui s'occupent de l'exploitation et de la propagation des essences variées du sol algérien.

Déjà quelques essais de naturalisation du thuya de Barbarie ont été faits avec succès dans le midi de la France. Il a parfaitement réussi en Provence, où il fructifie abondamment, ce qui permet d'en faire de nombreux semis 2.

Le bois de thuya peut être employé massif ou en feuilles (plaquage). Il est susceptible de recevoir un beau poli. Le tronc fournit un bois d'un aspect tout à fait différent de celui de la racine; par sa couleur, d'un rouge tirant un peu sur le jaune, il se rapproche assez de l'acajou neuf, mais il diffère de ce dernier en ce qu'il ne brunit point en vieillissant.

La souche fournit de larges pièces massives dont l'aspect et la teinte varient agréablement suivant les sujets d'où ils ont été tirés. Les plus belles sont assurément celles qui sont les mieux ↑ Voy. Bulletin de l'Algérie, I, p. 53, ligne 30 et suiv. Voy. Revue horticole, 3a série, t. V, 1854, p. 518 et suiv.

mouchetées ou celles qui offrent de longues veines ondulées et de couleur rouge foncé, légèrement orangées dans certaines parties de leurs gracieuses sinuosités.

Employé simultanément avec le palixandre et l'ébène, ou même avec d'autres essences particulières à l'Algérie, le bois de thuya permet de fabriquer, à un prix modéré, des objets de luxe d'une élégance et d'une beauté parfaites. Plus connu en Europe, il sera bientôt préféré à l'acajou, sur lequel il aura des avantages positifs de coût, de qualité, de beauté et de durée.

Non seulement le thuya de Barbarie est appelé a être, bientôt, d'un usage journalier dans l'ébénisterie, mais encore à servir considérablement dans la construction des bâtiments et des édifices publics ou particuliers. Théophraste, ainsi qu'on le voit mentionné ci-dessus, nous apprend que ce bois était employé pour les charpentes des temples. Il jouait également un grand rôle dans la construction de ces élégantes maisons mauresques (qui tendent à disparaître entièrement d'Alger et de la plupart des villes soumises à la domination française), dont les balcons à cage en saillie, dessinés en croisillons qui s'agencent dans une habile confusion, dans un pittoresque plein d'intentions coquettes et de combinaisons artistiques, font l'admiration et le désespoir de nos peintres, désolés de voir disparaître, chaque jour, ces confidents si curieux de la vie cloîtrée, ces complices si étranges de la jalousie musulmane1.

C'est sur le thuya de Barbarie que naît la résine qui forme la SANDARAQUE. Cette gomme, qui est d'une couleur jaunâtre, après s'être échappée de l'arbre d'où elle provient, s'enfouit dans la terre, où bientôt on la retrouve parfaitement blanche et avec des reflets cristallins.

(La fin au prochain numéro.)

L. LEON DE ROSNY.

Deux planches coloriées représentant le thuya de Barbarie seront jointes au prochain numéro de la Revue. NOTE DE LA RÉDACTION.

1 Revue horticole, loc. cit.

2 On sait que la sandaraque est employée dans la préparation des vernis, dans la lithographie, et qu'elle sert également à empêcher le papier non collé de boire l'encre, etc.

SAINT-DENYS-DU-SIG.

Le dernier tableau qui a été publié sur la population coloniale en Algérie constate un accroissement notable et très-satisfaisant. Un pareil résultat démontre, de la manière la plus positive, que le mouvement de l'immigration européenne se soutient et se régularise. C'est la conséquence naturelle de la sécurité profonde dont jouit l'Algérie, de la bonne harmonie qui s'établit de plus en plus entre la population indigène et celle qu'amène dans son voisinage l'esprit de colonisation, de l'accroissement incessant de la zone civile; enfin, des améliorations de toute nature qui suivent le progrès du travail producteur dans la colonie.

Un seul exemple suffira pour faire apprécier la véritable portée du résultat général qui vient d'être signalé, et pour montrer comment tous les progrès se tiennent et s'enchaînent dans le développement successif de notre jeune colonie; nous l'emprunterons à la statistique administrative de l'une des trois provinces de l'Algérie.

SAINT-DENYS-DU-SIG, dans la province d'Oran, est un centre de population dont la création remonte à 1845.

L'administration militaire a présidé à son assiette et à son développement jusqu'à la fin de 1854.

A la fin de 1850, sa population s'élevait à

491 individus.

A la fin de 1851,

A la fin de 1852,

A la fin de 1853,

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A la fin de 1854,

Un décret du 13 janvier 1855, fondé sur le développement soutenu de ce centre colonial, en a fait le chef-lieu d'un commissariat civil. L'administration militaire remettait à l'administration civile cette ville dans des conditions de prospérité telles, que, dès le 31 mars suivant, la population de Saint-Denys-duSig avait à peu près doublé; elle s'élevait à 3,115 individus; six mois plus tard, à la fin de septembre, le chiffre atteignait 3,553, et tout annonçait que ce n'était pas encore là le dernier mot de ce remarquable progrès.

Ce qui mérite surtout de fixer l'attention, c'est que cet accroissement continu de la population de Saint-Denys-du-Sig s'accomplit parallèlement dans tous les éléments de nationalité qui concourent sur ce point à l'agglomération coloniale. Ainsi, en comparant à trois ans de distance les divers éléments de la popu

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