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CHARTES DE LA MAISON DE PONS

Publiées par M. Georges MUSSET

La société des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis consentit, dès l'année 1881, à mettre ses volumes à notre disposition pour y publier les archives de la maison et de la

terre de Pons.

Cette faveur était justifiée par l'importance considérable que la ville de Pons et ses seigneurs ont eue depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'époque moderne. Il n'est pas en effet, dans la Charente-Inférieure, de localité qui ait pris une part aussi grande à l'organisation féodale. Alors que les autres villes de la région étaient pour la plupart affranchies de la domination directe et constante de leurs seigneurs, soit par leur indépendance communale, soit par l'éloignement où elles se trouvaient de leurs maîtres, Pons est resté constamment la terre principale et le lieu du séjour d'une des plus puissantes familles féodales de France.

A un double point de vue, l'histoire de Pons présentait donc un intérêt particulier. Par ses seigneurs alliés aux Rodez, aux Périgord, aux Turenne, aux Revel, aux La Trémoille, aux Coëtivy, aux d'Albret, Pons occupe une grande place dans l'histoire de France. Par son contact immédiat avec ses sires, la ville et la terre de Pons conservent en outre des traces de la vie féodale et seigneuriale qu'on ne retrouverait pas ailleurs. Ces conditions particulières rendaient particulièrement curieuses la publication et l'étude des documents ayant trait à la ville de Pons.

Dans le premier volume que nous avons publié (tome 1x des Archives), on retrouve principalement les contrats rappelant l'organisation ecclésiastique et judiciaire de la ville. Ailleurs, dans L'Art en Saintonge et en Aunis, que M. l'abbé JulienLaferrière et nous, publions en collaboration, nous avons étudié le côté topographique et archéologique de la cité. Mais la matière est loin d'être épuisée. Il y a encore de nombreux documents sur la question, soit dans les archives publiques, soit dans les archives privées, qu'il s'agisse des seigneurs de Pons, de la ville ou de ses habitants.

Poursuivant notre dessein, nous avions donc réuni un grand nombre de pièces relatives à cette partie de la Charente-Inférieure, quand la science et l'obligeance inépuisables de notre collègue M. Alfred Richard, ancien élève de l'école des chartes et archiviste départemental de la Vienne, mirent en notre posses sion un fonds particulièrement remarquable. Il s'agissait des archives de la maison de Pons conservées par le duc des Cars, dont nous avons eu tout récemment à déplorer la perte.

Le duc des Cars était le descendant des sires de Pons. Le der, nier représentant, de nom et d'armes, de cette illustre famille fut Charles-Armand-Augustin, vicomte de Pons, chevalier, comte de Roquefort, etc., colonel d'infanterie, menin de Mgr le dauphin, depuis roi de France, né le 1er juillet 1744, époux, par contrat du 1er février 1766, de Pulchérie-Eléonore de Lannion. Charles-Armand-Augustin eut de son mariage avec Me de Lannion, une fille, Augustine-Eléonore de Pons, mariée à Louis-Yves du Bouchet de Sourches, marquis de Tourzel, la célèbre marquise de Tourzel, dont la fille, à son tour, épousa le duc des Cars, François-Joseph de Pérusse, décédé à 72 ans, le 22 septembre 1891.

Cette illustre filiation explique la présence des archives les plus importantes de la maison de Pons dans le chartrier du duc des Cars, qui mit à nous communiquer ses richesses, un empressement dont nous ne saurions être trop reconnaissants.

Laissant donc de côté, pour le moment, les documents conservés dans les dépôts publics, nous pensâmes qu'il y avait intérêt à sauver de l'oubli des documents privés dont l'importance est au moins égale à tous autres. C'est cette série remarquable que nous publions aujourd'hui.

Fidèle aux traditions de la société des Archives, nous avons tenu principalement à publier des textes. Nous avons été en

conséquence très sobre d'annotations. Nous ne pouvions d'une part grossir indéfiniment un volume déjà considérable, ni priver le public de la connaissance même des textes qui profiteront plus à la science historique que nos commentaires. D'autre part, en multipliant les détails sur la famille de Pons, nous risquions souvent de répéter des choses déjà connues, et de faire double emploi avec les travaux considérables qui ont déjà été publiés sur les différents membres de la maison de Pons. Il nous suffira, sur ce point, pour satisfaire la curiosité des lecteurs les plus difficiles, de les renvoyer à la consciencieuse et savante généalogie de la maison de Pons publiée par Courcelles et l'abbé de L'Epine, son collaborateur en ce point, dans le tome ive de l'Histoire généalogique et héraldique des pairs de France et des grands dignitaires de la couronne, etc. Paris, 1824, in-4°.

Les rares notes que nous ajouterons à notre texte auront uniquement pour but de fournir quelques renseignements inédits ou de rectifier quelques erreurs de nos devanciers. Nous serons peut-être plus prolixe une autre fois; ce sera quand il nous sera possible de compléter cette série des archives de Pons par la publication des documents conservés dans les dépôts publics. Nous prendrons la liberté, ce jour-là, de présenter aux lecteurs un tableau d'ensemble des différents faits mis en lumière par nos publications successives ou celles que d'autres personnes auront données, soit dans les volumes de la société des Archives, soit ailleurs.

I

1245, 23 octobre. — Bail à cens par P..., prieur de l'hôpital vieux de Pons, d'un ménil situé à Pons, au sieur Etienne Julien, moyennant un cens de huit sous et à la condition que le censitaire construise avant la Saint-Michel, une maison suffisant à l'exploitation. — Original sur parchemin. Sceau perdu, suspendu originairement à un cordon de chanvre.

Omnibus presentem cartulam inspicientibus, P., tunc prior humilis veteris domus helemosinarie de Ponte 1, perpetuam in Domino, salutem. Noveriat universitas vestra quod nos, cum assensu et voluntate fratrum nostrorum, publice dedimus et concessimus Stephano Juliani maynile quod habebamus et possidebamus, nomine dicte domus helemosinarie de Ponte, situm apud Pontem inter domum Oudoini Lo Mosner et domum Gaufridi Chantareu, prope ipsam domum helemosinariam, habendum, a dicto Stephano, jure hereditario, perpetuo et pacifice possidendum, ad annuum et perpetuum censum octo solidorum, monete currentis, quorum medietas nobis reddi debet annuatim et successoribus nostris, a possessoribus dicti maynilis, in festo paschatis, et altera medietas in festo sancti Michaelis. Et sciendum quod dictus Stephanus, ex pacto inter nos et ipsum apposito, debet, infra festum beati Michaelis proxime venturum, in dicto maynili, domum competentem construere ad expensas suas, ct constructam cultam tenere, quam domum cum maynili idem Stephanus, vel heres suus, licite potest vendere atque dare, juxta tamen usus et consuetudines Pontenses, secundum quos usus et consuetudines,

1. L'aumônerie vieille de Pons.

eidem Stephano et heredi suo ipsam domum guarire tenemur. Ut autem que predicta sunt plenum robur optineant perpetue firmitatis, predicto Stephano dedimus et concessimus presentem cartulam sigillo dicte domus helemosinarie, quo in contractibus nostris communiter utimur, sigillatam. Actum et datum die lune ante festum apostolorum Symonis et Jude, anno Domini Mo CCo quadragesimo quinto.

Au revers, d'une écriture du XIVe siècle : De ung vergier qui est près l'ospital vieulx.

Pons.

II

1250, entre le 18 juin et le 1er juillet. Bulle d'Innocent IV accordant des dispenses de mariage, pour consanguinité au quatrième degré, à Renaud, fils de Renaud, sire de Pons, et Marguerite, fille d'Hélie Rudel, sire de Bergerac. Original sur parchemin. Bulle perdue, suspendue originairement à des lacs de soie jaune et rougebrun.

Innocentius 1, episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio nobili viro Reginaldo de Ponte 2, nepoti nobilis viri

1. Innocent IV, pape (Sinibalde de Fiesque), 1243-1254.

2. Renaud de Pons, IIIe du nom, sire de Pons, Bergerac, Gensac, Montignac, Martel, etc. Il était fils de Geoffroi de Pons, V du nom, et d'Agathe d'Angoulême-Lusignan, fille de Hugues le Brun, comte de La Marche et d'Angoulême, sire de Lusignan, et d'Isabelle, comtesse d'Angoulême, veuve de Jean-sans-Terre, roi d'Angleterre. Le grand-père de Renaud était Renaud dit le jeune, IIe du nom, sire de Pons, Cognac, Pérignac, etc., d'abord sénéchal de Guienne pour le roi d'Angleterre, puis conservateur des trêves pour le roi de France; sa grand'mère, Marguerite, dame de Montignac, qui avait élu sa sépulture au prieuré de Saint-Thomas de Montignac (Gallia christiana, tome II, col. 1510, a). Renaud de Pons, le petit-fils, fut lui-même conservateur des trêves pour le roi de France, auquel il resta toujours fidèle. Il était prisonnier en Angleterre en 1254, époque à laquelle sa ville de Bergerac était assiégée par le roi d'Angleterre. Un procès était alors pendant pour la mouvance du château de Bergerac, dû soit au

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