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le fils, que Saint-Jacques soutient par les pieds. C'est le père qui semble parler à son fils.

3. Le cœur rempli de joie, après avoir retrouvé leur fils vivant, les pèlerins vont annoncer la bonne nouvelle au juge, qu'ils trouvent dans sa cuisine, au moment où l'on prépare son dîner. Un coq et une poule sont à la broche devant le foyer. C'est le père et non la mère qui adresse la parole au juge; et c'est le moment de la réponse du magistrat incrédule, que l'artiste a choisi pour faire son petit tableau. Le coq et la poule à la broche se trouvent instantanément recouverts de leurs plumes, et se mettent à chanter de plus belle.

Quatrième compartiment.

Une procession sort de la ville de Toulouse. En tête la croix portée par un sous-diacre entre deux gonfalons. Suit un chantre en surplis et un prêtre en chape. On se dirige vers un gibet qu'on aperçoit à une certaine distance, et où est suspendu le jeune homme, toujours soutenu par SaintJacques. Le juge suit le prêtre et après lui, vient le pèlerin qu'on reconnaît à son bourdon et à son chapeau orné de croix séparées par des coquilles; la porte et les remparts de la ville forment, à droite, le fond du tableau.

Cinquième compartiment.

1. Retour de la procession: elle est sur le point de rentrer dans la ville. Le jeune homme, dont la conservation miraculeuse a démontré l'innocence, est ramené avec honneur; et on va à l'église rendre des actions de grâces à Dieu, qui a manifesté en cette circonstance, la puissante protection de Saint Jacques.

2. C'est cette prière à l'église qui complète le petit tableau. L'autel est le même que celui du troisième compartiment. Sur le triptyque qui lui sert de rétable, on a représenté au milieu le crucifix entre la Sainte-Vierge et Saint Jean, et sur les volets, Saint Pierre et Saint Paul. Un reliquaire est au milieu de l'autel.

Sixième compartiment.

La méchante fille, qui a voulu perdre le jeune homme, qui n'avait pas répondu à son amour, est mise en jugement. Elle comparaît les mains liées, et soutenue sous les bras par deux recors, devant le juge, encore assis sous un dais, entre ses deux assistants. Le magistrat est coiffé d'une espèce de turban tricolore. On condamne la coupable au supplice du feu. C'est ce qui s'exécute à côté. La fin du petit drame, est un buchet allumé dont un bourreau attise le feu, et au milieu duquel est la victime qui subit la peine de son crime. Le juge et ses assesseurs sont présents à ce cruel supplice.

Mérite et époque de la peinture.

Il y a sur les différentes parties du triptyque, quelques bonnes têtes. Mais, il faut le reconnaître, la perfection de la peinture n'est pas le principal mérite de cet objet d'art. C'est surtout à cause de la représentation d'une légende qu'il inspire de l'intérêt, et qu'il nous paraît digne d'une complète restauration.

Comme nous l'avons dit, nos peintures ont beaucoup de traits de ressemblance avec celles du manuscrit de l'hôpital Saint-Jacques de Tournai, dont nous connaissons la date. Des deux côtés, c'est une fille qui met la coupe de son père,

BULLETIN T. XI.

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dans le sac du jeune homme. Dans le tableau principal, la disposition de la bataille est la même. Saint Jacques est vêtu du même manteau, coiffé de la même manière, les pieds nus, l'épée haute, il lance au galop un cheval blanc caparaçonné à ses armes, d'argent à une croix de gueules cantonnée de quatre coquilles de même; près de lui un maure renversé de cheval gît par terre.

Les deux artistes ont donné à plusieurs de leurs personnages les mêmes vêtements, et aux soldats chrétiens les mêmes casques; mêmes coloris, mêmes horizons, même genre de constructions représentées; d'un côté comme de l'autre de nombreuses tours. L'autel de Saint Jacques est aussi disposé de la même manière : une statue du Saint, est placée un peu en arrière, à la hauteur du rétable.

On est donc fondé à assigner au triptyque de Frasnes une origine Tournaisienne. C'est un motif de plus pour en faire désirer la conservation. La fabrique de l'église de Frasnes-lez-Buissenal est disposée à faire quelques sacrifices, pour le faire restaurer; mais ses ressources sont fort modiques, et l'intervention du gouvernement serait nécessaire pour parvenir à remettre cet ancien rétable dans son état primitif. Nous faisons des vœux pour que cette restauration se fasse le plus tôt qu'il sera possible. C'est un travail que pourrait fort bien exécuter M. Paul Mayer peintre de notre ville.

BIOGRAPHIE TOURNAISIENNE.

Notice sur Maitre Gervais, de Tournai, traducteur de Démosthène, Ciceron, Virgile, etc., par M. le comte de Nédonchel.

Les renseignements que nous avons recueillis sur un littérateur tournaisien du seizième siècle, nous ont paru devoir intéresser nos concitoyens. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à penser qu'il est convenable autant qu'utile, de préserver de l'oubli quiconque a utilisé son temps et employé peut-être ses veilles à servir le public. Que des travaux analogues à ceux de notre écrivain, aient depuis lui trouvé plus de sympathie et meilleur accueil ; qu'une lumière plus claire ait éclipsé celle qui l'a précédée, nous sommes les premiers à le reconnaître; mais qui sait si les écrits de ces premiers traducteurs n'ont pas contribué à guider et perfectionner ceux qui, depuis ont prévalu dans le monde studieux? Notre compatriote mérite donc suivant nous, que son nom vienne aussi préndre sa place dans nos annales littéraires.

Martin Gervais, dut naître à Tournai, le 16 mai 1515; c'est du moins ce qu'on peut induire des actes de baptêmes conservés dans les anciens registres de cette ville. Son aïeul Nicolas Gervais fut son parrain et Magdelaine Perlet sa marraine. Son père N. Gervais était clerc laïque; ce qui dénote qu'il avait reçu de l'instruction. On peut croire que Martin avait commencé à étudier quand sa famille quitta Tournai pour aller s'établir d'abord à Amiens et ensuite se

fixer à Paris. (1) Nous ignorons les motifs pour lesquels elle changea sa résidence. Les Gervais ne durent rester que peu d'années dans la capitale de la Picardie; néanmoins ce séjour ne fut pas sans influence sur l'avenir de Martin et détermina peut-être la carrière qu'il devait entreprendre en la favorisant.

Messire Mathieu de Longuejoue, parent de l'évêque d'Amiens eut occasion d'y voir le jeune Gervais et quand il fut nommé maître des Requêtes en 1523, il favorisa son édu

(1) Joseph-Fr. Foppens, dans son ouvrage : Bibliotheca Belgica usque ad amum 1680 (Bruxellis 1739) cite Gervasius Tornacensis parmi les auteurs belges.

M. Helbig, professeur à Liége, fit paraître dans le Messager des Sciences historiques de la Belgique, (année 1862, 3e livraison p 375) une notice bibliographique où il consacre une mention à notre auteur à cause de sa traduction de Démosthène ; il croit qu'il naquit en Picardie mais que sa famille était originaire de Tournai dont il portait le surnom; nous pensons néanmoins que l'acte de naissance de Martin Gervais peut se rapporter à l'auteur en question : il précédait son nom d'une M qui devait être l'initiale de son nom patronymique et se rapportant à Martin. Les dates concordent en outre parfaitement avec les différentes particularités que nous connaissons de lui et l'on në retrouve plus aucune mention des Gervais à Tournai sur les registres des baptêmes et autres, après que cette famille eut été s'établir en France. Enfin un Nicolas Gervais qu'on aurait pu croire être le nom de notre auteur dont le parrain s'appelait ainsi, mourut à Amiens en 1523 probablement pendant le séjour qu'y fit sa famille avant de s'établir à Paris.

M. Helbig dans l'article que nous avons cité, témoigne l'espoir que M. Lecouvet n'oublira pas cet écrivain dans son intéressant ouvrage intitulé: Tournay littéraire. Ce jeune et laborieux professeur vient de mourir à Anvers, et nous ne croyons pas qu'il ait laissé aucun document nouveau sur Gervais de Tournai. Le premier volume seulement de son ouvrage a paru.

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