Imágenes de páginas
PDF
EPUB

de S'-George, n'étaient que bruyère. Cette position était encore la même, lorsque, à dater de notre émancipation politique, les modifications et changements successifs ont tellement bouleversé l'ancien état de choses, qu'on peut dire avec vérité que la bruyère a cessé d'être et qu'elle n'appartient plus qu'à l'histoire.

En effet, depuis trente ans, il s'est fait autant de défrichements dans la bruyère de Bulscamp, que du temps de Walter de Marvis.

Nous rappellerons d'abord le démembrement de la commune d'Aeltre, en 1848, par suite de l'érection d'une nouvelle paroisse connue sous le nom de Maria-Aeltre ou Aelter's hoekske.

Dans la commune de Wynghene, le château de Wildenbourg (Bourg sauvage) (1), antique manoir de Bulscamp, appartient aujourd'hui à M. Van der BrugghenDe Naeyere, de Gand. Ce catholique dévoué et à l'âme brûlante pour les bonnes œuvres, a senti que, pour la civilisation des habitants de cette contrée, il ne pouvait mieux faire que de leur bâtir une église. Cette église est aujourd'hui entièrement achevée ; on y célèbre le service divin, et tout fait espérer que, dans un avenir peu éloigué, elle deviendra le centre d'une nouvelle paroisse. La Wastina Sancti-Petri (Sint-Pieters-veid), sous

(1) Sanderus, Flandria illustrata, tome III, page 42, édit. de 1735, dit : « Wildenburch adjacet myriceto quod Bulscamp-veld appella» tur. Locus solitudine suâ placet, et quamvis sterilior, frugifer tamen >> reddi potest si, qui vincit omnia, improbus accedat labor et humana » industria. » Wildenburch touche à la bruyère nommée Bulscampveld. Cette localité plaît par sa solitude, et quoique stérile, elle peut devenir productive si le travail opiniâtre, qui dompte tout, et l'industrie humaine s'en emparent.

Ruysselede, ainsi nommée parce que celle Woestyne ou désert avait été la propriété de l'abbaye de Saint-Pierre à Gand, vient de subir la transformation la plus heureuse, la plus complète possible. M. le baron d'Anethan, qui, en 1846, administrait le département de la justice, fit choix de ces solitudes pour y établir les écoles de réforme, dont les heureux fruits ont surpassé toutes les prévisions. Bénie soit la Providence de ce qu'au milieu de cet antique désert il ait été élevé un institut si efficacement réformateur pour toutes ces victimes précoces des vices et des misères de la société moderne! Ces écoles forment deux sections. Celle des garçons est sur le territoire de Ruysselede, celle des filles est sous Beernem. Chacune d'elles peut donner asyle à une population d'au moins cinq cents personnes.

A Ruysselede, il existait encore, du côté de Wynghene, une grande partie de la bruyère dans son état primitif. Un curé, animé d'un zèle admirablement persévérant, M. C. Doom, y érigea, il y a vingt ans, une école nommée de Veldschool (école de la bruyère), desservie par des religieuses dépendantes du couvent-pensionnat de Ruysselede. Ce premier essar fit tellement augmenter la population en cet endroit, nommée 't Haentje, situé entre Wynghene et Ruysselede, à une bonne lieue de ces deux églises, qu'aujourd'hui ce même vénérable prêtre, dont les ressources sont inépuisables, y construit une église et un presbytère, dont la dépense s'élèvera à plus de soixante-dix mille francs.

[ocr errors]

Houthulst, partie de ce fameux Vrybusch, le dernier de ces repaires de brigands dont nous avons parlé au commencement de cet article, a eu aussi le bonheur d'être transformé et de devenir un nouveau centre de population. M. Cassiers, ancien sénateur de l'arrondisse

ment de Saint-Nicolas, pendant vingt ans, qui y possède une étendue de 913 hectares de bois et de sapinières magnifiques, y a fait des dépenses énormes, dans l'intérêt de la civilisation de ses habitants: une église, un presbytère, et une école desservie par des religieuses, y ont élé construits comme par enchantement; cette église est déjà érigéc en paroisse, et le gouvernement y a attaché un traitement de succursale. On s'y attend à la nomination d'un vicaire.

Une lieue plus loin, vers l'ouest, sous la commune de Woumen, se trouve un ancien et vaste domaine, nommé Jonkershove, faisant aussi partie du Vrybusch. Le curé de Woumen est heureusement parvenu à bâtir pour cette localité déserte une nouvelle église, un presbytère, une école, etc. Les habitations s'y multiplient et la commune de Jonkershove sera bientôt une réalité.

La commune de Zedelghem s'étend en partie dans le Bulscampveld, et on y trouve un point éloigné d'une forte lieue de toute église voisine. Le digne curé actuel de celle commune, M. J.-F. Vuylsteke, a conçu le vaste projet, d'abord cru impossible, de faire de cet endroit perdu au milieu des bruyères, un nouveau foyer de population. A l'heure qu'il est, une église, un presbytère et une école sont en pleine voie de construction. Le nom de cette nouvelle commune est déjà trouvé; le public la désigne sous celui de Veldeghem (séjour dans la bruyère).

Nous devons mentionner encore ici le défrichement complet de la bruyère communale, nommée Vrygeweed, et située sous Ruddervoorde et Zwevezeele, qui a une étendue de près de 400 hectares.

En 1842, je publiai, par affection pour le lieu natal, dans le quatrième volume, page 257 et suiv. des Annales de cette Société, une courte notice sur cette bruyère,

pour en provoquer la mise en culture. En 1842, elle était encore dans l'état où l'avait laissé le déluge; aujourd'hui, elle est en pleine production; on y fait de magnifiques récoltes. Peu de temps après, et à l'imitation de ce qui se faisait à Ruddervoorde, on fit subir la même heureuse métamorphose à la célèbre bruyère, nommée Beverhouts-veld, sous Oedelem; nous disons célèbre, parce qu'elle fut le théâtre de la bataille où Artevelde défit le comte de Flandre, Louis de Male, en 1382.

Vers la même époque, une autre bruyère communale disparaissait aux environs de Bruges, celle de Sysseele, el, comme premier bienfait, ce défrichement permit de supprimer le rôle de cotisation, le prix du fermage annuel des terres nouvellement cultivées pouvant aisément faire face à toutes les dépenses de la commune.

C'est ainsi que les derniers vestiges de cette bruyère historique viennent de disparaître, comme son nom a disparu sur la carte de la Flandre. Sur la carte de Ferraris, qui fut éditée en 1777, ce colonel du génie donne le nom de Biscop-veld à un hameau sis sur le territoire d'Oostcamp, peu éloigné d'un autre hameau nommé Hersberghe, situé à la limite des deux communes d'Oostcamp et de Wynghene; sur des cartes un peu plus anciennes, ce même endroit est indiqué par le mot Buscom-veld. Ce mot, ainsi que le précédent ne sont que des variantes du vrai mol Bulscamp. En effet, comme il conste par l'acte que nous analysons (voyez aux notes, no 8), ce nom générique était donné en particulier à une terre assez considérable sise dans ces mêmes localités, el ce n'est que par la suite des temps qu'on est parvenu à lui faire perdre sa véritable désignation, pour en faire d'abord un Buscom, et plus tard un Biscop-veld.

L'itinéraire de l'évêque délimitateur ne trouve pas ici

« AnteriorContinuar »