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tation entre ceux de Cruninghe et Salomon, abbé de Thosan, au sujet des terres de Morlodelesse et de Crabbendic. Le comte de Hollande y reconnaît les droits. absolus de l'abbé de Thosan ou Terdoest, et, pour éleindre toute contestation ultérieure sur les limites, il s'est mis à cheval et a fait le tour de ces propriétés : « Ipsam terram de Morlodonesse, dit la charte, totamque de Crabbendic, UT MORIS EST, CIRCUM EQUITANTES, ipsam cum omni dominio, officio et jure quod in ea habuimus vel habere potuimus, ecclesie de Thosan totaliter adjudicavimus, libertate possidendam.

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A l'époque dont il s'agit ici, c'est-à-dire, dans la première moitié du XIIIe siècle, cette coutume, ut moris est, comme il est dit plus haut, était tellement entrée dans les mœurs, que les comtes de Flandre l'érigèrent en une espèce de bénéfice en faveur d'un des quatre dignitaires de leur maison, le bouteiller ou échanson (buticularius ou butellarius) qui seul avait le droit et la charge de faire la chevauchée des terres vendues par le Souverain. A ce titre, une rétribution se prélevait sur ces terres, en faveur du dignitaire, C'est ce qui constituait le bénéfice de sa charge. Le cas de prélever cette rétribution devait alors se présenter assez souvent, parce que le Souverain était propriétaire, en vertu du droit féodal, de toutes les terres vaines, incultes et abandonnées non inféodées ; c'était donc à lui qu'on s'adressait pour obtenir de ces terres ; et on devait le faire fréquemment, à cause des développements notables que prenait l'agriculture.

Qu'il nous soit permis d'ajouter ici le texte d'une charte qui, quoique courte, sert admirablement de preuve à nos assertions: « Universis presentes litteras inspecturis, Raso, Dominus de Gavera, butellarius Flandrie, salutem in Domino. Noveritis quod nos abbati et conventui sancti

Bavonis in Gandavo CCCC et quatuor boneria wastine jacentis circa domum de Papinloo, ad legem patrie, ad eorum monitionem, sicut butellarius, intus equitare debėmus, et jus nostrum plenarie habuisse confitemur. Datum anno Domini MCC quadragesimo, dominica post Assumptionem, (19 août 1240). (Archives de la Flandre orientale.) »

Vous voyez, tout est ici nettement expliqué. Rason de Gavere agit en qualité d'échanson de Flandre, sicut butellarius Flandrie, d'après la loi du pays, ad legem patrie, il n'a pas fait la chevauchée, mais il la fera dės qu'on la demandera, dès que la moindre contestation s'élevera sur les limites, ad eorum monitionem. Quoique la chevauchée ne soit pas faite, il déclare avoir reçu la rétribution légale : jus nostrum plenarie habuisse confi

temur.

L'acte par lequel, quelques mois auparavant, Thomas, comte de Flandre et de Hainaut, et Jeanne, comtesse, avaient vendu ces 404 bonniers de la wastine de Papeloo, sise à Maldeghem, à l'abbaye de St-Bavon, à Gand, conservé également aux archives de la Flandre orientale, se trouve entre nos mains; nous croyons inutile de le blier. D'ailleurs, il verra le jour dans le Cartulaire de l'abbaye de St-Bavon, dont M. Serrure a commencé la publication, il y a quelques années.

pu

Il est à supposer que l'évêque est parti de Bruges, pour commencer le voyage. L'officialité diocésaine possédait dans cette ville une espèce d'hôtel, nommé le Consistoire de la cour spirituelle de Tournai. Aujourd'hui c'est la maison qui fait le coin du palais épiscopal actuel.

N°1 DES TEXTES SEULS. Le lundi après la fête de

St-Mathieu. Cette fête est fixée, de temps immémorial dans le Martyrologe, au 21 du mois de septembre.

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Pour savoir quel jour du mois est ce lundi, il importe de connaître la lettre dominicale de l'an 1242. Or, d'après la concordance chronologique, extraite de l'Art de vérifier les dates et insérée dans l'Annuaire de 1847 de l'Université catholique de Louvain, l'an 1242 avait la lettre E. Cette lettre répondant au 21 du mois, la fête de St-Mathieu se célébra donc un dimanche, et c'est le lendemain 22 que l'évêque se mit en voyage.

N° 2. Le vrai mot est Wulfsberghe (refuge des Loups). C'est le nom d'une ancienne seigneurie, dont le dernier titulaire était feu messire Louis-Emmanuel LegilIon, baron de Basseghem, seigneur de Snelleghem, Goemaringe, etc. Le château ou manoir féodal existe encore à l'extrémité orientale de la commune d'Oedelem. Il est la propriété de Madame la douairière baronne de Basseghem, née Van der Beke de Cryngen. Le nom des seigneurs de Wulfsberghe se rencontre souvent parmi les magistrats de la ville et du Franc de Bruges. La mauvaise orthographe de l'original nous a longtemps dérouté.

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No 3. La wastine du seigneur Walter de Ames, qu'on nomme DISTELE et non pas Diessele, comme l'écrit le cartulaire tournaisien. Distele est un mot flamand, qui veut dire chardon. C'est donc de la wastine au chardon (en flamand: de woestyne ten distele), que l'évêque vient faire le bornage, en la détachant des paroisses voisines Knesselaere, Oedelem et Beernem, qui toutes trois en revendiquaient une partie. Tout fait croire que ces terres, après cette délimitation, n'ont pas tardé d'être

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érigées en paroisse. Cette séparation semble même impliquer une érection positive et réelle; car les habilants de ces terres, soustraits à la juridiction des curés des paroisses contiguës, se seraient trouvés sans prêtres. - La tradition affirme qu'il existait en ces lieux une chapelle, dès le X° siècle. Elle fut bâtie par un gentilhomme qui, à la chasse au sanglier, échappa, comme par miracle, au fer des brigands, en invoquant saint Georges. C'est pourquoi elle fut dédiée à ce saint patron des archers. La chapelle étant érigée en église paroissiale, la paroisse prit le nom de St-Goerges-au-chardon. Sancti Georgii ad carduum. Dans le Registrum decimæ biennalis, déposé aux archives provinciales à Gand et dont je possède une copie fidèle, on trouve que, déjà en 1330, c'est-à-dire, 88 ans après la séparation, la taxe à charge de la cure de St-Georges était portée à XXX liv. La taxe des bénéfices curiaux de plusieurs paroisses beaucoup plus anciennes, telles que Ruddervoorde, Beernem, etc., n'était pas plus forte.

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No 4.-Knesselaere et, d'après l'original, Kenlers.— Dans une charte de 1287 (cartulaire D, fo 203) on écrit Kneslar. Dans le Registrum decimo biennalis on écrit Kenesselare. Beaucoup de nos noms propres de lieux terminant en laere ont reçu une terminaison française en lers, p. cx. Rousselaere,= Roulers; Boulaere, Boulers; Knesselaere, Kenlers. La terminaison luere, d'après l'Etymologicum teutonicæ linguæ sive Dictionarium teutonico-latinum de Kiliaen (*), est un vieux

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(*) Ce savant lexique ne dit rien de trop, en disant dans son titre : Opus Germanis tam superioribus quam inferioribus, Gallis, Anglis, sive Anglo-Saxonibus, Italis, Hispanis et aliis lectu perutile.

mot saxon qui veut dire locus incultus et vacuus, terres vaines et vagues, nom qui convenait ici parfaitement à une commune, comme Knesselaere, qui se formait au milieu des bruyères.

No 5. - Oedelem. L'observation qui précède s'applique également à Oedelem, et ne fait que confirmer de plus en plus tout ce qui a été dit plus haut sur l'immense étendue primitive de notre bruyère. - D'après le docte correcteur de l'imprimerie des Plantin, que nous venons de citer, oed ou ood est un adjectif d'origine saxonne, signifiant vain, stérile, qui, ajouté au substantif hem ou heim également saxon, donne les deux racines de notre Oedelem moderne habitation dans un lieu stérile.

No 6. Beernem ou Bernehem dans l'original. On a beaucoup écrit sur l'étymologie de ce mot, ou plutôt sur la signification de la première syllabe de ce mot, car sa terminaison, d'après l'avis de tous les auteurs, veut dire: habitation, demeure, résidence. Il y a des écrivains qui traduisent Beernem par habitation brûlée, de bernen, vieux flamand, qui veut dire brûler ; d'autres, par séjour du verrat, du mol flamand beer, mâle du pore; d'autres, par séjour ou résidence du baron, par allusion à l'un des quatre barous ou beers de Flandre, qu'on suppose, sans rime ni raison, avoir résidé dans celle localité. Hâtons-nous de faire justice de toutes ces suppositions, toutes également insoutenables, et contentons-nous de l'explication la plus naturelle, de celle qui soutient qu'à l'époque où les Saxons ont douné le nom à ce village, il y avait beaucoup d'ours en ces lieux. Nous devons rappeler ce qui a été dit au commencement de cet article;

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