veut que cette première des quatre parties de la tragédie soit toujours la plus proche de la dernière qui est la catastrophe. Il se plaint que la trop grande connaissance des règles l'empêche de se divertir à la comédie. Certainement, si l'on en juge par sa dissertation il n'y eut jamais de plainte plus malfondée. Il paraît bien qu'il n'a jamais lu Sophocle, qu'il loue très injustement d'une grande multiplicité d'incidents; et qu'il n'a même jamais rien lu de la Poétique, que dans quelques préfaces de tragédies. Mais je lui pardonne de ne pas savoir les règles du théâtre, puisque, heureusement pour le public, il ne s'applique pas à ce genre d'écrire. Ce que je ne lui pardonne pas, c'est de savoir si peu les règles de la bonne plaisanterie, lui qui ne veut pas dire un mot sans plaisanter. Croit-il réjouir beaucoup les honnêtes gens par ces hélas de poche, ces mesdemoiselles mes règles, et quantités d'autres basses affectations qu'il trouvera condamnées dans tous les bons auteurs, s'il se mêle jamais de les lire? Toutes ces critiques sont le partage de quatre où cinq petits auteurs infortunés, qui n'ont jamais pu par eux-mêmes exciter la curiosité du public. Ils attendent toujours l'occasion de quelque ouvrage qui réussisse, pour l'attaquer, non point par jalousie, car sur quel fondement seraient-ils jaloux? mais dans l'espérance qu'on se donnera la peine de leur répondre, et qu'on les tirera de l'obscurité où leurs propres ouvrages les auraient laissés toute leur vie. PERSONNAGES. TITUS, empereur de Rome. PHÉNICE, confidente de Bérénice. RUTILE, Romain. SUITE de Titus. La scène est à Rome, dans un cabinet qui est entre l'appartement de Titus et celui de Bérénice. ACTE PREMIER. SCÈNE PREMIÈRE. ANTIOCHUS, ARSACE. ANTIOCHUS. Arrêtons un moment. La pompe de ces lieux, C'est ici quelquefois qu'il se cache à sa cour, ARSACE. Vous, seigneur, importun? vous, cet ami fidèle Ce rang entre elle et vous met-il tant de distance? ANTIOCHUS. Va, te dis-je; et, sans vouloir te charger d'autres soins, Vois si je puis bientôt lui parler sans témoins. SCÈNE II. ANTIOCHUS. He bien! Antiochus, cs-tu toujours le même? Pourrai-je, sans trembler, lui dire : Je vous aime? Mais quoi! déjà je tremble; et mon cœur agité Hé quoi! souffrir toujours un tourment qu'elle ignore! SCÈNE III. ANTIOCHUS, ARSACE. ANTEOCHUS. Arsace, entrerons-nous? ARSACE. Seigneur, j'ai vu la reine; Mais, pour me faire voir, je n'ai percé qu'à peine Les flots toujours nouveaux d'un peuple adorateur, Hélas! ANTIOCHUS. ARSACE. Quoi! ce discours pourrait-il vous troubler? ANTIOCHUS. Ainsi donc, sans témoins je ne lui puis parler? ARSACE. Vous la verrez, seigneur: Bérénice est instruite Qu'à votre empressement elle allait consentir; ANTIOCHUS. Il suffit. Cependant n'as-tu rien négligé Des ordres importants dont je t'avais chargé? ARSACE. Seigneur, vous connaissez ma prompte obéissance. ANTIOCHUS, Arsace, il faut partir quand j'aurai vu la reine. ARSACE. Qui doit partir? ANTIOCHUS. |