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DE L'ACADÉMIE

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES

DE DIJON

PARTIE DES LETTRES

ANNÉE 1878

DIJON

IMPRIMERIE DARANTIERE, HOTEL DU PARC

65, RUE CHABOT-CHARNY, 65

1879

DE L'ACADÉMIE DE DIJON

PARTIE DES LETTRES

EXPÉDITION DES PORTUGAIS

CONTRE

LA COLONIE FRANÇAISE DU MARAGNON entreprise par ordre de Sa Majesté Philippe III l'an 1614 (1).

PRÉAMBULE

<< Sous l'heureux et paisible règne de Henry-leGrand, roi de France et de Navarre, un capitaine français, nommé Riffault, ayant équipé trois navires, se partit pour aller au Brésil, le quinzième du mois de l'année 1594, avec l'intention d'y faire quelques conquêtes... mais la discorde survint parmi ses gens, et le principal vaisseau ayant échoué, Riffault s'en retourna en France.

« Cependant, voyant que le vaisseau qui lui restait n'était suffisant pour contenir le nombre de Français qu'il avait amenés, il fut contraint d'y en laisser une bonne partie, entre lesquels un jeune

(1) Ce curieux document, attribué à Diogo de Campos Moreno, un des chefs de l'expédition, a été publié par l'Académie des Sciences de Lisbonne, d'après un manuscrit provenant de la bibliothèque du comte da Ericeira, dans les Noticias para a historia e geografia das Nuçoës ultramarinas, t. I, 1812.

Acad., Lettres, 3 série, t. V, 1878.

1

gentilhomme nommé M. des Vaux, natif de SainteMaure, en Touraine, lequel, avec d'autres Français, s'accompagnant de quelques Indiens, marcha si valeureusement en guerre contre d'autres Indiens, qu'il y conquit plusieurs insignes victoires, se façonnant toujours aux mœurs du pays, et se rendant facile l'usage de leurs langues. Finalement, après s'être généreusement comporté en diverses et périlleuses rencontres, et fait un long séjour au dit pays, après avoir reconnu la beauté et les délices de cette terre, la fécondité et fertilité d'icelle, en ce que l'homme saurait désirer, tant pour le contentement et récréation du corps humain, à cause de la tempérie de l'air et de l'aménité du lieu, que pour l'acquisition de tout plein de richesses qui, avec le temps, en pourraient provenir à la France. Outre la promesse que les Indiens lui firent de recevoir le christianisme, ils acceptèrent aussi du dit des Vaux l'offre qu'il leur fit de leur envoyer de France quelques personnes de qualité pour les maintenir et défendre de tous leurs ennemis, jugeants l'humeur française plus sortable à la leur qu'aucune autre, pour la douceur et la conversation.

<< Donc, un capitaine de haut courage conduisit les Français, et ils vinrent s'établir dans l'ile de Maragnon, et, en peu de mois, la ville de SaintLouis fût fondée. »

Ce passage, que j'abrége, est extrait d'un livre devenu fort rare, publié en 1614 sous ce titre : Historia navigationis et adventus Capucinorum cum nobilibus de regno Galliæ in insulam de Maragnon et adjencia loca, par Claude d'Abbeville. On

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