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DU VIII SIÈCLE

APPARTENANT A LA BIBLIOTHÈQUE DE NANCY

CONTENANT DES FRAGMENTS INÉDITS DE VIRGILIUS MARO

La Bibliothèque de Nancy possède un manuscrit de la fin du VIIIe siècle, d'après Thomassy, du Ixe, d'après M. D'Arbois de Jubainville (Bibliothèque de l'École des Chartes, 7 octobre 1861, p. 139). Ce manuscrit porte le n° 356 (59 de l'ancien catalogue); il provient du fonds de Bobbio, comme l'indique l'inscription placée à la première page: Glosa de partibus orationis - Liber Sancti Columbani de Bobio.

Voici la description qu'en a donnée Thomassy, dans le Catalogue de la Bibliothèque : « Format in-8, sur parchemin, de 99 feuillets, écrit sur longues lignes, ayant 22 lignes à la page, réglé à la pointe sèche. Il comprend les ouvrages suivants : 1o Une grammaire; 2o Le traité de finalibus litteris du grammairien Servius Honoratus (cf. Keil, Grammatici latini, t. IV, p. 449-455); 3° Commentarium Sergii de litteris (cf. Keil, ibid. IV, p. 475-485); -4° Commentarium Maximi Victorini de ratione metrorum (cf. Keil, Gramm. lat. vi, p. 216-228), auquel fait suite le chapitre de Cæsuris du même auteur (Keil, ibid. p. 240); -5° Metrorius (cf. Keil, de finalibus metrorum, t. vi, p. 229-239). A la suite de ce traité se retrouve le chapitre de Cæsuris, qui accompagne le commentaire de Maximus Victorinus. Ces quatre derniers traités ne présentent qu'un très petit nombre de leçons qui diffèrent du texte de Keil. D'ailleurs, parmi les manuscrits qu'il a suivis pour son édition figure le codex Vindobonensis, également originaire de Bobbio.

Nous nous sommes attaché surtout à la Grammaire, qui est la partie de beaucoup la plus considérable, du manuscrit. M. Favier, bibliothécaire de la ville de Nancy, a bien voulu en établir pour nous une copie que nous avons ensuite confrontée avec l'original.

Cette grammaire, ou Glosa de partibus orationis, se compose d'une série d'extraits des anciens grammairiens mis bout à bout et souvent avec peu de suite. Quelquefois l'auteur indique la

1. Donné vers 1840, par M. Beaupré, juge au tribunal civil.

source où il a puisé; mais beaucoup de passages sont anonymes et nous avons dû en rechercher la provenance en nous aidant surtout des Grammatici de Keil et des Anecdota Helvetica de M. Hagen. Cette collation nous a permis de donner avec la table des matières de la Grammaire, les noms des auteurs auxquels des emprunts ont été faits. Il reste cependant un petit nombre de passages dont nous n'avons pas encore pu déterminer l'origine.

Plan de la grammaire.

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In Domini nomine incipit glosa de partibus orationis. Liber Sancti Columbani de Bobio. Fo 1 v°. Introduction: Virgilius Maro (Mai, Class. auct. t. v, p. 96). - F° 2-3. Du genre des noms : Charisius. Virgilius. 3 v°. Division des arts libéraux: Isidore de Séville. 3 v°-6. Incipit de nomine: Priscien. Pompeius. Augustinus. Hieronymus. Sergius. - 6-10. De propriis nominibus : Pompeius. Priscien. Consentius. Isidore de Séville. 10 vo-14 vo. De differentiis nominum participiorumque: Paperinus. Pompeius. Priscien. Ars anonyma Bernensis (Hagen, Anecd. Helv., p. 78, 80, 83). Augustinus. Consentius. - 14 v°- 17 vo. De casibus: Priscien. Virgilius. 17 v°. Item interrogandum est de nomine cur præcedit omnibus partibus orationis: Virgilius. 18-20 v°. Incipit de pronomine: Virgilius. 20 v°. De quæstione exorta inter Terentium et Galbunci auditores quam sedavit Eneas: Virgilius. 21. Quid est inter pronomen et articulum: Virgilius. Priscien. - 23 vo. De pronomine quod proprium est illi pro proprio nomine poni: Priscianus. Priscien. Pompeius. 24 v°. Interrogatio. Nouveau début de grammaire : Auteur non déterminé (probablement quelque commentateur de Donat).-26 r°. Des parties du discours: Pompeius. -26 v. De nomine: Pompeius. Isidore de Séville. Auteur non déterminé. Priscien. 30 ro. Item Glosæ de verbo. Pris. Virgil. Priscien. Virgilius. Consentius. - 35 v°. Nomina, modum dicamus: Auteur non déterminé. 36 r°. De Sopino vel Gerundio: Virgilius. Priscien. Consentius. Auteur non déterminé. Donatus. Probus. Cominianus. - 40r°. Quibus distant a se invicem infini. passivus et infini. impersonalis: Priscien. Consentius. Probus.40 vo. Quibus distant impersonal. in ET et tertia persona : Virgilius. Probus. Consentius. Priscien.-41 v°. Quot modis distant imperson. in TUR et tertia persona: Consentius. Virgilius. Priscien. -42 r°. De impersonali modo quod voluerunt aliqui quod fuisset genus verbi et non modus: Consentius. 44 v°. De formis. Isid.:

1. Les titres indiqués en latiu dans ce sommaire figurent seuls dans le manuscrit de Nancy.

Isidore de Séville. 45 ro à 52 v°. Des conjugaisons: Priscien. Consentius. Auteur non déterminé. Virgilius Maro. Flavianus.

Ainsi qu'on peut le voir en parcourant cette table des matières, la Grammaire qui nous occupe est une compilation faite par quelque moine d'après les indications d'un maître ou résumant ses leçons. Le copiste est inexpérimenté et même inintelligent. Il passe des mots, en estropie d'autres ; il se contente souvent de citer les premiers mots d'un passage de Priscien ou de Virgile, et renvoie pour le reste à l'auteur lui-même: in alias glosas require, ou : reliqua require. Alors même qu'il donne une citation de quelque étendue, il l'abrège d'ordinaire, supprimant des exemples, écourtant les commentaires. L'auteur paraît avoir voulu faire une sorte de memento, comprenant, avec les définitions et quelques paradigmes, les décisions des principaux grammairiens sur les questions qui lui ont semblé les plus difficiles. Le manuscrit ne représente pas en effet une grammaire complète. Il ne contient, par exemple, aucun chapitre sur la préposition, la conjonction, l'ad verbe, l'interjection, etc. De plus il y a une grande disproportion entre les parties qui sont traitées. C'est ainsi que la question du verbe impersonnel tient 16 pages sur 102. L'auteur s'en occupe à deux reprises. Sur les modes impératif et conjonctif nous ne trouvons au contraire qu'un petit nombre de lignes.

Le plan est donc peu rigoureux. La division des arts libéraux d'Isidore de Séville vient bizarrement s'intercaler au milieu de citations de Charisius sur le genre des noms. Après avoir traité une première fois du nom, l'auteur y revient, reproduisant même des passages déjà cités. Ainsi un texte de Pompeius: Nomina dicuntur quæ sunt communia, transcrit f°6 v°, est répété f° 28 et 29. Il en est de mêmed'une citation de Priscien: Prænomen est quod præponitur nomini, etc. (f° 6 vo) que l'on retrouve textuellement f° 28 ro. On pourrait induire de ces répétitions que nous avons sous les yeux deux compilations différentes réunies dans le manuscrit. L'une, ne comprenant que les noms, irait du fo 1 au fo 24 v°; l'autre, plus complète, du f° 24 à la fin.

Les auteurs auxquels le compilateur a fait des emprunts figurent presque tous dans le Catalogue d'ailleurs incomplet de la Bibliothèque de Bobbio que cite Muratori (t. III, Antiquitat. Italiæ medii ævi. Mediolani, 1740). Le manuscrit de Nancy que nous appellerons désormais Codex Nanceiensis pourrait être un de ces Libri diversorum de Grammaticu XX dont parle le Catalogue cité par Muratori, ouvrages anonymes parce qu'ils sont peu originaux. Ils servaient probablement à l'enseignement.

Sans insister sur ces conjectures, nous nous bornerons à extraire du Codex Nanceiensis quelques leçons nouvelles ou quelques fragments inédits choisis parmi le petit nombre de ceux que nous avons pu y relever jusqu'ici.

Nous n'avons rencontré que des leçons insignifiantes dans les citations de Priscien, Donat, Consentius, Pompeius, etc., et encore ces différences de texte paraissent plutôt provenir d'erreurs du copiste.

Pour Sergius, nous avons retrouvé le complément d'un passage cité comme inédit par M. Hagen (Anecdota Helvetica, p. cxcm). Le Codex Nanceiensis nous offre d'abord une correction pour la ligne 9 Sunt autem verba, quorum scripturam præteritorum confudit error». Il porte imperitorum.

Hagen: Accedo per e de abeundo......

Cod. Nanc. [scribitur].

Après ces mots : de accessu, hoc est de adproximando et reliqua, se trouve dans le Cod. Nanc. fo 5 vo, le fragment suivant: [Discedo de discessione atque abeundo, decedo de casu mortis. Abscedo idem et discedo; abscido autem per i discidoque sive excido ad scisuram et ad interfectionem pertinebunt. Succido per i arborem, in mutando deponens: succedo in hereditatem. Incido quoque in mutando discernens : Incedo iter agens, sive: [incido] in manus adversantis. Occidit qui proximum suum activum per i scribendum est at solo cedit neutraliter per e scribes].

M. Hagen (An. Helv. p. CCLII, 1. 10.) cite un fragment de Paperinus, extrait de l'Ars prima codicis Bernensis 123, qui porte le nom de Clément Scot. Le Codex Nanceiensis contient le même fragment sans indication d'auteur. La fin du passage, altérée dans le texte que donne M. Hagen et rétablie en note par conjecture, est ici plus complète et plus intelligible.

Hagen Participia enim nec conparatis ex nominibus appellativis fiunt. »

Cod. Nanc. fo 10 vo: Participia enim nec comparationem nec superlationem habent, sed nec adverbia ex se faciunt quemadmodum adverbia qualitatis ex nominibus appellativis fiunt. » M. Hagen relève dans le Codex Bernensis 123, un passage attribué à Hieronymus (p. CCLIII): « Accidentia uniuscujusque partis non extrinsecus, etc. » Le Codex Nanceiensis donne le même passage en l'attribuant à Donat et à Priscien (f° 5 v°): « Donatus, Priscianus dicunt. »>

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Pour ce qui est de Charisius, négligeant quelques différences de texte insignifiantes, nous signalerons seulement une ligne qui ne se trouve pas dans Keil. Ex Charisii arte grammatica excerpta (I., p. 538, 1. 37) : « Item illa appellativa quæ feminina in a faciunt, velut superbus, superba, celsus, celsa. [Nam si feminina non faciunt, sine dubio quartæ sunt declinationis ut senatus, accensus]. Cod. Nanc. f 2 r'.

Un autre passage donné dans Keil comme étant de Charisius, est attribué par le Codex Nanceiensis, fo 51, à Flavianus : « Tertia conjugatio, secundum Flavianum, in perfecto VIII formas habet, dicendo: Alia sunt quæ in i litteram cadunt nulla duce consonante, ut colo, lui, etc. » Cf. Keil., ed. Charis., p. 244, 1. 22. C'est un argument de plus en faveur de l'assertion de M. Hagen qui a démontré que Flavianus et Charisius ne sont qu'un seul et même auteur. Cf. Anecd. Helv., p. CLXIV.

Voici quelques-unes des différences que présente avec le texte de Charisius dans Keil (I, p. 244-246) la liste de verbes que donne le Cod. Nanc. (f° 51-52) comme tirée de Flavianus.

Keil., p. 244, 25. diruo. [metuo]. Nanc.

245, 3. pungo. [et expunxi facit]. Nanc.

Ibid. 5. fallo, fallis, fefelli. [sallo, sisilli]. Nanc.

5. tollo, tollis, tetuli. [sicut et tulivi]. Nanc.

9. [extingo, extinxi]. Nanc.

Pag. 244, 26. [posivi et ui, secundum consuetudinem. U littera subtrahitur et i geminatur ut cupii, petii.] Nanc.

La liste de verbes suivante manque dans le Charisius de Keil: Cod. Nanc., fo 51 vo.

[Item communia et deponentia adepiscor... advertor, adgredior, amplector, conplector, conloquor, congredior, commorior, consequor, eloquor, elaboror, enitor, evertor, fungor, gradior, gredior, innitor, inlabor, irascor, inepiscor, invechor. ingredior, labor, loquor, morior, nitor, nanciscor, nascor, plector, perfungor, perfruor, queror, renitor, obnitor, reminiscor, revertor, sequor, utor, vertor, ulciscor, vivor.] »

Après un résumé de Charisius (Keil. p. 246, 16-21, 247, 1–21) nous trouvons encore une liste de verbes déponents qui ne figure pas dans le Charisius de Keil.

Nanc. f 52 r: « [Item communia et deponentia ut mentior, metior, dimetior, blandior, amitior, adsentior, largior, languior, ordior, sortior, partior, bipartior, tripartior, quadripartior, conpartior, inretior, mollior, operior, vincior, et interdum orior et potior.]

D

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