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trabée, il porte maintenant aussi le diadème 1. Mais, si le processus consulaire ressemble fort aux processions religieuses de la cour, il faut dire, toutefois, qu'on le distingue toujours très nettement des autres cérémonies, à cause des distributions d'argent qui l'accompagnent.

Pline le Jeune dit dans une lettre à Trajan que les magistrats des villes de Bithynie, le jour de leur entrée en fonction, distribuaient à tous les sénateurs et à un certain nombre de simples. citoyens des présents, qui consistaient en des pièces d'un ou de deux deniers 2. Cet usage qui paraît avoir été d'abord limité aux curies ou aux collèges, se répandit très rapidement par tout l'empire il semble que déjà au commencement du second siècle les consuls se livraient à de telles générosités ; sous les successeurs de Dioclétien, les magistrats, les officiers de la cour, les employés du palais sont tous tenus, lors de leur nomination, de faire don à leurs nouveaux collègues de sommes d'argent, dont la loi fixait à la fois le maximum et le minimum. Les consuls n'étaient pas exempts de ces charges. Lorsque les sénateurs et ceux qui devaient faire partie de leur cortège se rendaient chez le nouveau magistrat, il leur distribuait des cadeaux de toutes sortes, dont la nature et la valeur variaient suivant le rang de ceux à qui ils étaient destinés : les tablettes d'ivoire connues sous le nom de diptyques consulaires n'ont pas d'autre origine. Ces présents portaient le nom de sportulae, ou de munera consularia. Julien, dans une lettre, les appelle même les consulats », úzeía: . Plus tard encore, les consuls, pendant leur processus, jetaient euxmèmes ou faisaient jeter des pièces d'argent au peuple le long du parcours du cortège 7. Les rues par lesquelles devait passer Justin étaient bordées d'estrades sur lesquelles le peuple se tenait debout, rangé par factions du cirque ou corporations d'artisans,

1. Corippe, 4, 143 :

Ipse autem consul sacro diademate fulgens,
Ornatus trabea.

2. Epistolae, 10, 116 (117) : Qui virilem togam sumunt vel nuptias faciunt vel incunt magistratum vel opus publicum dedicant, solent totam buien atque etiam e plebe non exiguum numerum vocare binosque denarios vel singulos dare. 3. Juvénal, 10, 46.

4. Loi de 364, C. th., 6, 24, 3.

5. Symmaque, Epistolae, 2, 81. 87; C. th., 15, 9, 1; Sidoine Apollinaire, 8, 6; ef. C. th., V, p. 437.

6. Ad Eustochium (Epistolae, 20, p. 388. éd. Spanheim, Leipzig, 1796). Julien invite Eustochius à prendre part aux distributions consulaires : Hk: Toivuv μelešov της υπατείας αὐτὸς.

7. Sur les diptyques, on représente souvent des serviteurs renversant des sacs remplis de pieces de monnaie; il peut d'ailleurs s'agir des distributions qui accompaguaient aussi les jeux consulaires, Boèce, De consolatione philosophiae, 2.

REVUE DE PHILOLOGIE Juillet 1883.

VII.

11

Divisum in turmas atque in sua corpora vulgus :

l'empereur jetait, dit Corippe, une pluie d'or au milieu de la foule dont les mains étaient toutes tendues vers lui,

Quo veniens late pluat aureus imber.

Le même Corippe raconte que Justin avait promis ces étrennes, ces dona calendarum, le jour de son avènement au trône; c'était, ajoute-t-il, pour tenir la promesse faite aux factions du cirque. pour les satisfaire par cette espèce de donativum civil, qu'il renouvela la cérémonie du processus et restaura le consulat (2, 351):

Ditabo plebes opibus nomenque negatum

Consulibus consul post tempora tanta novabo,

lui fait dire Corippe. En réalité, cependant, il n'y eut pas sous Justin une restauration du consulat, la tradition n'avait jamais été interrompue1. Justin II était le successeur immédiat de Justinien, et c'était sous ce dernier qu'avait été célébré, en 541, le dernier processus, celui de Basile. Depuis, Justinien n'avait plus nommé de consul. Ce n'est pas à dire qu'il supprima la dignité: il demeura seul consul pendant le reste de son règne. Par suite. avec la dignité impériale, Justin recevait aussi le consulat; il était, dans cette magistrature, le successeur de Justinien et de Basile. En montant sur le trône, il avait à célébrer à la fois son avènement comme empereur et son entrée en fonction comme consul.

Il en fut de même des, successeurs de Justin. La solennité qui commençait leur règne était double. Comme empereurs, ils se faisaient couronner; comme consuls, ils célébraient leur processus, pódos. Ils se rendaient de leur palais à Sainte-Sophie qui était en quelque sorte le Capitole des consuls chrétiens : le long de la route, ils faisaient distribuer des pièces de monnaie au peuple. Ces largesses conservèrent toujours le nom de consulats, mateix:: célébrer le consulat, ὑπατείαν ποιείν, ou encore ὑπατεύειν, c'était distri buer de l'argent au peuple pendant la procession qui suivait le couronnement des empereurs. Quand Constantin Copronyme, en 769, donna le titre de césar à ses fils, les nouveaux princes, raconte l'historien Nicéphore 2, s'acheminèrent solennellement vers Sainte-Sophie, selon la tradition, et célébrèrent leur consulat

1. Migne, Patr. lat., LXIII, c. 673.

2. Nicéphore, 16, p. 86, Bonn : Προόδου κατὰ τὸ εἰωθὸς ἐπὶ τὴν καθολικὴν ἐκκλησία. γενομένης, υπατείαν ἐποιήσαν, καὶ τοῖς παρελθοῦσι χρήματα διένειμαν ἐκ τοῦ παλατίου ἀρξάν μενοι, μέχρι τῆς ἐκκλησίας τοῦτο ἐπιτελοῦντες.

en distribuant de l'argent au peuple depuis le départ du palais jusqu'à l'arrivée à l'église.

Cent ans après, en 867, l'empereur Basile inaugura son règne de la même manière ; et, quoique Constantin Porphyrogénète ne parle pas du processus dans son traité des Cérémonies de la cour byzantine, il n'est guère possible qu'il ait été supprimé dans les cinquante ans qui séparent l'avènement de Basile de celui de son petit-fils le Porphyrogénète (911) 2.

En occident, le processus consulaire se maintint à la cour des rois barbares, aussi longtemps que s'y conserva le souvenir de l'antique magistrature. Un des derniers sans doute qu'il fut donné à Rome de contempler fut celui des fils de Boèce, qui furent tous deux consuls en 521. Il se fit selon l'ancien usage: le sénat entourait en corps les nouveaux élus 3. Quelques années auparavant, en 508. lorsque Clovis reçut de l'empereur Anastase le titre de consul, il voulut se conformer à la tradition romaine: il revêtit les insignes dans la basilique de Tours; puis il se rendit à cheval à l'église de la ville, comme les consuls d'autrefois au Capitole : sur sur son chemin, il fit des largesses au peuple. Ce fut, sans doute, la première et la dernière fois qu'un processus consulaire fut célébré à la cour des rois Francs.

CAMILLE JULLIAN.

1. Continuation de Théophane, 5, 29, p. 256, Bonn: 'Yo, xxi zeńμzta mölla... tsię Omandois diévetues, kai..... ʼn Basthis äμu tot; vists... bпzbozz, etc.; cf. Georges le Moine, De Basilio Macedone, 3, p. 840. Lorsque Michel créa césar son oncle Barda (vers 856), ce dernier, ènì äppatos mopeudeis ëdoney úmatsizy ng piny, Georges, De Mich. et Theodora, 15, p. 824.

2. Voyez les notes de Reiske, dont l'édition est reproduite dans le Corpus de Bonn, II, p. 249.

3. Boèce, De consolatione philosophiae, 2, 3 : Duos pariter consules liberos tuos domo provehi sub frequentia patrum, sub alacritate plebis vidisti, dit la Philosophie à Boèce.

4. Gregoire de Tours, Hist. Francorum, 2, 38: Clodovecus ab Anastasio imperatore codicillos de consulatu accepit et in basilica beati Martini tunica blatea indutus est et chlamyde, imponens vertici diadema. Tunc, ascenso equite, aurum argentumque in itinere illo quod intra portam atrii basilicae beati Martini et ecclesiam civitatis est, praesentibus populis manu propria spargens voluntate benignissima erogavit, et ab eo tanquam consul et angustus est vocitatus. Il est curieux de rapprocher ce texte de celui de Nicéphore.

DES PROPOSITIONS INTERROGATIVES DANS LE STYLE INDIRECT EN LATIN

Additions.

(Voy. plus haut, p. 113-131).

Lorsque j'ai écrit l'article contenu dans la précédente livraison, je ne connaissais malheureusement pas le travail de M. Kraz sur la même question (Ueber den Modus der rhetorischen Frage in der lateinischen oratio obliqua, Programme du gymnase de Stuttgart. 1862, p. 2-19). Depuis, l'obligeance de M. J. H. Schmalz a mis à ma disposition cette dissertation intéressante, et j'ai vivement regretté de n'en avoir pas eu connaissance plus tôt non que la lecture du travail de M. Kraz ait modifié l'opinion à laquelle j'ai cru devoir m'arrêter, mais d'une part j'y aurais trouvé quelques passages qui m'ont échappé, et d'autre part il y a certaines opinions de l'auteur que je ne partage pas, mais qui auraient mérité d'ètre mentionnées et discutées. Du reste, la manière dont M. Kraz et moi avons considéré la question est tellement différente que je ne saurais regretter d'avoir cité, au complet. tous les passages que je connaissais je les ai en effet groupés suivant un tout autre principe que lui, sans compter que j'en ai cité aussi quelques-uns qui manquent dans sa dissertation et qu'on peut, de plus, reprocher à M. Kraz de n'être pas toujours très exact dans ses citations. Quoi qu'il en soit, voici des passages qui sont à intercaler dans les différentes listes d'exemples qui ont été données plus haut:

A. INTERROGATIONS QUI CONTIENNENT UNE QUESTION RÉELLE.

b) L'interrogation directe serait à la 3e personne.

P. 117, ajoutez :

TACITE, Hist. 2, 74 « quis (= qualis) ille dies foret, quo sexaginta ætatis annos et duos filios juvenes bello permitteret ? »

B. INTERROGATIONS QUI NE Sont qu'une FORME ORATOIRE.

Catégorie no 3.

c) L'interrogation directe serait à la 3o personne.

P. 120, ajoutez :

TACITE, Ann. 2, 15 « aliud sibi reliquum (esse) quam tenere libertatem aut mori ante servitium ? »

Catégorie no 5.

c) L'interrogation directe serait à la 3e personne.

TACITE, Ann. 16, 28 « pacem illi per orbem terræ an victorias sine

damno exercituum displicere? » (ni l'une ni l'autre de ces hypothèses n'était évidemment admissible).

Catégorie no 6.

c) L'interrogation directe serait à la 3o personne.

T.-LIVE, 21, 53, 3 « quem tertium consulem, quem alium exercitum exspectari? »; 35, 48, 13 « quo enim illum unquam imperatoris functum officio esse? » (style direct: « quo ille..... functus est?», plutôt que « quo tu... functus es? »); 43, 8, 5 « ea neque facta neque fieri voluntate senatus quem non posse existimare.....? »

TACITE, Hist. 3, 2 « quid tum claustra montium profutura (esse)? quid tractum in æstatem aliam bellum ?»; 4, 76 « Gallos quid aliud quam prædam (esse) victoribus ? »; Ann. 16, 27 « quid mirum (esse),

etc.?»>

Catégorie no 7.

b) L'interrogation directe serait à la 3o personne. T.-LIVE, 26, 29, 4 « nullo suo merito eum ante implacabilem in se fuisse : quid iratum quod Romam de se questum venisse Siculos sciat facturum (esse)? » (Kraz considère la proposition quid... facturum comme étant exclamative, ce qui serait également très admissible); 33, 27, 10 « in futurum etiam metum ceperunt cum ad portas prope sedente exercitu Romano ea fierent, quidnam se futurum esse profectis in Italiam Romanis....? »; 38, 22, 5« cum levis armatura prælium tale ediderit, quid ab legionibus..... erspectari? (réponse : « multo majora profecto »). TACITE, Ann. 4, 7 « et quantum superesse ut collega dicatur? » (réponse : « haud sane multum ») 1.

(

Catégorie no 8.

b) L'interrogation directe serait à la 1re personne.

P. 129, on pourrait aussi penser à citer TACITE, Hist. 3, 2 « quin potius eo ipso uterentur quod, etc.?» (st. dir. « quin... utimur... ? »); mais, ici encore, il semble plus naturel de considérer cette proposition comme n'étant pas interrogative (st. dir. « quin... utamur... »), c'est-à-dire de prendre quin dans le sens exhortatif.

c) L'interrogation directe serait à la 3 personne.

TACITE, Hist. 3, 2« unde interim pecuniam (fore) et commeatus? »; 3, 66« quod nomen, quem statum filio ejus Germanico fore? »

Je reconnais, de plus, que les deux passages cités p. 126 et où il y a quid futurum...?» ou « quid fore..... ? » (Tac., Ann., 3, 34; Q.-Curce. 5. 9. 12) pourraient aussi être considérés comme étant des exclamations (quid = quanto graviora !); toutefois, je préfère mon explication, à cause du passage de T.-Live, 33, 27, 10, où

1. M. Kraz cite encore Agr., 15, mais là 1 texte des mss. est celui-ci : « Quantulum enim transisse militum, etc. ", et la phrase est exclamative,

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