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ment beaucoup de pièces analogues à celles dont nous venons de parler. Plusieurs de ces pièces éclairent d'une manière inattendue la politique de Louis XI, alors dauphin, et les premières négociations relatives à la pragmatique.

68 autres pièces tirées de la même source, et qui vont de 1465 à 1498. Les affaires de Bourgogne tiennent une grande place dans cette série. Cette catégorie de documents aurait besoin d'être complétée au moyen des pièces recueillies par M. Rodt pour son histoire de Charles le Téméraire, et d'un certain nombre de dépêches originales qui sont aujourd'hui à Vienne.

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45 lettres missives de Louis XI aux ducs de Milan, de 1468 à 1473, en français, en italien et en latin. M. Sickel n'a transcrit que celles qui présentent quelquè intérêt et a laissé de côté les simples lettres de créance qui n'apprennent rien sur le fond des choses.

28 lettres de Charles VIII au duc de Milan, au duc Louis de Bar et à divers; plusieurs de ces lettres sont écrites pendant l'expédition d'Italie.

Nombreux extraits des registres du grand conseil de Venise, de 1449 à 1479. M. Sickel annonce qu'il a poussé ce travail jusqu'en 1483; mais nous ne retrouvons pas cette fin de ses extraits dans les pièces fournies. Il annonce également 60 pièces relatives à la France et à la Bourgogne, comme ayant été transcrites par lui intégralement aux archives de' Frari. Or, nous ne rencontrons que 25 de ces documents parmi ceux que nous avons entre les mains. Mais il est probable que le surplus parviendra ultérieurement à l'administration.

Ces 400 pièces (évaluées en chiffres ronds) forment la base d'une collection aussi curieuse qu'intéressante, mais qui ne saurait avoir son complément que par l'addition des documents qui ont été, à plusieurs reprises, portés à Vienne. Des circonstances, indépendantes de la volonté de M. Sickel, ont empêché jusqu'ici la mission dont il est chargé dans cette ville, de produire les résul tats que M. le ministre et le comité doivent en attendre. Mais on peut compter, pour regagner le temps perdu, sur l'activité bien connue de M. Sickel et sur les renseignements particuliers dont il est muni.

Tant que nous ne serons pas en possession de ces compléments indispensables, il serait prématuré d'entreprendre un rapport

définitif dont les conclusions pourraient être modifiées par un nouveau contingent de pièces de nature, par leur caractère secret et confidentiel, à donner le dernier mot des relations politiques de Louis XI avec les princes italiens et des princes italiens avec Louis XI. Outre cette raison, qui peut paraître décisive, il en est une autre tirée de la difficulté que présente le travail, même limité aux 400 pièces en question. En effet, pour tirer un parti sérieux de ces documents et surtout pour en exposer avec clarté les principaux mérites, il serait nécessaire de les classer d'abord dans un ordre chronologique rigoureux, puis de les grouper par ordre de matières, de façon à faire voir nettement ce qu'ils renferment et ce qu'ils peuvent apprendre de nouveau sur les affaires intérieures de la France, sur les affaires de Bourgogne, sur les affaires de Savoie, sur les négociations avec le Saint-Siége, sur la politique vénitienne, etc. Si l'on juge qu'il soit utile d'entreprendre ce travail en l'absence de M. Sickel, je me mets bien volontiers à la disposition de M. le ministre et du comité, mais, je le répète, ce travail me semble prématuré et de plus très-difficile à exécuter dans l'état où se trouvent les matériaux si nombreux et si divers qui ont été renvoyés à mon examen.

XXI.

Rapport fait à la section d'archéologie, le 24 décembre 1855, par M. L. Renier, membre du comité, sur des inscriptions envoyées par MM. Germer-Durand, Long, Magloire Giraud, Chaudruc de Crazannes et Boudard.

La section d'archéologie m'a chargé de lui rendre compte de plusieurs envois d'incriptions qu'elle a reçus dans ces derniers temps.

Le premier est dû à M. Germer-Durand, correspondant à Nîmes : il ne se compose que d'une seule inscription, qui, quoique funéraire et fort courte, n'est cependant pas dépourvue d'intérêt. On y voit représenté, à côté d'une ascia, un autre instrument de maçon Bulletin. III.

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ou de tailleur de pierre, un niveau, particularité qui n'est pas commune, et qui a de l'importance, parce qu'elle vient à l'appui de l'opinion suivant laquelle la fameuse formule sub ascia dedicatum ne signifierait pas autre chose que ceci : dédié au sortir des mains de l'ouvrier.

Pendant les vacances du comité, le même correspondant m'avait remis d'autres estampages, que j'ai communiqués à la section dans sa séance du 26 novembre dernier. Les inscriptions que reproduisent ces estampages sont au nombre de quatorze; la plupart sont inédites, et celles qui ont été publiées avaient été copiées avec plus ou moins d'inexactitude. Quelquesunes ont une véritable importance. Je signalerai notamment le cursus honorum d'un personnage qui fut successivement triumvir capital, questeur de la province de Pont et de Bithynie, légat du proconsul de la même province, édile du peuple, préfet des distributions de blé, fétiale, proconsul de la province de Crète et de Cyrénaïque, et qui, par une faveur spéciale de l'empereur, fut élevé à tous ces honneurs avant l'âge fixé par les règlements: Hic hos honores, dit l'inscription, beneficio optami principis, maturius quam per annos permitti solet, gessit.

Cette inscription n'était pas inconnue; elle a été publiée par Baumes et Vincent, dans la Topographie de Nîmes, p. 574, no 35; et ces deux auteurs nous apprennent qu'elle avait été découverte, en 1802, dans les ruines de l'église Sainte-Perpétue. Mais il y avait lieu de douter de l'exactitude du texte qu'ils en ont donné, et l'on ignorait ce que le monument était devenu. Nous savons maintenant qu'il est conservé dans l'intérieur du lycée de Nîmes; et l'estampage qui m'a été remis par M. Germer-Durand en donne un texte exact et parfaitement certain.

J'ai copié, dans les papiers de Séguier, un fragment d'une autre inscription gravée en l'honneur du même personnage, lorsqu'il n'était encore que préteur, et qui se termine également par cette phrase: Hic hos honores, beneficio optumi principis, maturius quam per annos permitti solet, gessit; ce qui prouve que la dispense d'âge qui lui avait été accordée était, en effet, une faveur tout à fait exceptionnelle, et peut servir à démontrer un fait dont il est facile de se convaincre quand on a fait une étude attentive des inscriptions de l'époque impériale, à savoir, qu'il existait pour les grandes fonctions de l'empire romain une hiérarchie parfaitement établie,

et que l'administration était loin d'être livrée, comme on le croit généralement, à l'arbitraire absolu des empereurs.

Ces deux inscriptions nous montrent d'ailleurs, dans la carrière administrative de ce personnage, une autre exception aux règles de la hiérarchie des fonctions publiques; nous y voyons qu'il n'avait point satisfait à l'obligation du service militaire, qui, jusqu'au commencement du siècle de notre ère, fut imposée à tous ceux qui aspiraient aux fonctions sénatoriales; et comme cette exception n'est pas justifiée, ainsi que l'autre, par la mention d'un privilége spécial de l'empereur, il faut en conclure que la date de ces inscriptions doit être abaissée jusqu'à une époque où cette obligation avait cessé d'être en vigueur, c'est-àdire au moins jusqu'au règne de Caracalla. C'est une induction qu'on peut également tirer des titres de questeur et de légat du proconsul de la province de Pont et de Bithynie, qui sont donnés au personnage dont il s'agit. Il n'y avait de questeurs et de proconsuls que dans les provinces sénatoriales; or, la province de Pont et de Bithynie, classée par Auguste parmi les provinces de cet ordre, devint province impériale sous Hadrien, et ne fut rendue au sénat que vers le milieu du règne de Caracalla.

Les deux inscriptions qui ont donné lieu à ces remarques sont accentuées, ce qui n'indique pas une époque antérieure à la date que je viens de leur assigner. On a trouvé, en effet, et l'on conserve à Nîmes, une inscription datée du règne d'Alexandre Sévère, et qui, outre qu'elle a avec celles-ci, pour la forme des lettres, une très-grande ressemblance, présente également cette particularité. C'est aussi à ce règne que j'attribue ces deux inscriptions; il fut assez long pour que, pendant sa durée, le personnage dont il s'agit ait pu parcourir tous les honneurs qui y sont énumérés, et qu'il parcourut, il ne faut pas l'oublier, en moins de temps qu'on n'en mettait ordinairement pour cela; enfin, Alexandre Sévère est le seul des empereurs de cette époque auquel convienne le titre d'optumus princeps, titre qui lui est, en effet, donné sur d'autres monuments 1.

Parmi les autres estampages que m'a remis M. Germer-Durand,

je citerai encore celui d'une inscription funéraire destinée à per

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Voyez notamment une inscription de Capoue, publiée par M. Mommsen, Inser. R. Neap. lat., no 3604, et que j'ai reproduite dans mes Mélanges d'épigraphie, p. 22.

pétuer la mémoire de deux époux, et que je crois devoir reproduire ici 1.

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D(iis) M(anibus) Attiae Exoches D(ecimus) Iulius Philadespotus uxori pientissimae.

Decimus) Iulius Philadespotus v(ivus) s(ibi) p(osuit).

Le côté de cette inscription qui est consacré à la femme est décoré à sa partie inférieure d'une couronne et de deux palmes. La présence de ces symboles sur ce monument, dont ils détruisent toute la symétrie, ne me paraît pas pouvoir s'expliquer par un simple caprice de l'artiste, et j'y vois, avec M. Germer-Durand, sinon une preuve bien positive, du moins un très-puissant motif de croire que cette femme était chrétienne 2. Son mari était resté païen, c'est ce qui explique la présence des sigles D M, à la partie supérieure du monument. Si cette conjecture est admise, ce monument, qui présente tous les caractères paléographiques des belles inscriptions rustiques du r° siècle et du commencement

1 Cette inscription a déjà été publiée par Baumes et Vincent, Topographie de Nimes, p. 578.

2 Les symboles dont il s'agit, lorsqu'ils sont figurés sur un monument funéraire, sont considérés par le plus grand nombre des antiquaires italiens, nonseulement comme une preuve de christianisme, mais même comme un signe certain de martyre. (Voy. Boldetti, Osservazioni sopra i cimiterj, p. 236 et suiv.)

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