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Robert de Clari est au nroins aussi importante, pour l'histoire de la quatrième croisade, que les fragments déjà connus l'avaient fait espérer. Elle fait connaître avec détails certains faits qui n'étaient qu'indiqués par la Chronique de Villehardouin et par celle de Robert de Valenciennes. Plus intéressante peut-être encore que cette dernière, elle fournit par exemple de précieux renseignements sur deux personnages qui sont à peine mentionnés par les autres chroniqueurs, et qui jouèrent cependant un rôle important durant cette expédition : Pierre d'Amiens et Pierre de Bracheul.

La chronique grecque de Cérigo, qu'adresse M. Hopf, a été écrite à l'époque où Biagio Q. Antonio Venier était seigneur de file, c'est-à-dire de 1424 à 1449. Cette chronique, malgré son titre, ne concerne pas seulement l'île de Cérigo; elle intéresse aussi l'histoire des établissements français en Grèce, et montre, entre autres, dans quels rapports les feudataires français et italiens de la Grèce se trouvaient avec le clergé grec. Malgré sa date, qui semble, au premier aperçu, devoir la faire écarter, il y aura lieu d'examiner si elle ne pourrait pas être publiée en appendice. Toutefois, comme on ne saurait prendre ainsi de décisions partielles à l'égard de chacun des documents qui arriveront successivement, M. de Mas-Latrie propose de réserver provisoirement la chronique de Cérigo, en attendant que M. Hopf ait fait parvenir au comité toutes les pièces qu'il se propose de joindre aux chroniques de Sanudo et de Robert de Clari, pour compléter un volume.

La section, conformément aux conclusions de M. le rapporleur, prie M. le ministre de vouloir bien remercier M. Hopf de son nouvel envoi, et l'inviter à communiquer les copies de la totalité des pièces qu'il destine à faire partie du Recueil de documents originaux sur la domination française en Orient, pendant le moyen âge, dont la publication lui serait confiée.

M. Monmerqué, qui avait été chargé d'examiner les trois pièces envoyées par M. Audé 1, propose l'impression, dans le Bulletin, de la lettre d'Élisabeth à Henri IV, lettre intéressante et fort bien écrite; il fait la même proposition pour le serment prêté par les habitants de Saumur au roi de Navarre, à qui Henri III avait livré cette ville, au mois d'avril 1589. Ce document

Voir ci-dessus, p. 120.

est très-curieux, et les mémoires de la Ligue ne renferment aucun exemple de serments de ce genre.

M. le rapporteur ne pense pas qu'il y ait lieu de publier, quant à présent du moins, la lettre d'Henri IV qui accorde au fils de Duplessis-Mornay la survivance du gouvernement de Saumur. Il croit à propos d'ajourner jusqu'à communication d'autres pièces du même genre.

Ces conclusions sont adoptées.

La séance est levée à quatre heures moins un quart.

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Présidence de M. le marquis DE LA Grange.

La séance est ouverte à deux heures, sous la présidence de M. le marquis de la Grange.

Le procès-verbal de la séance du 28 janvier est lu et adopté.

Correspondance.

M. l'abbé Cochet remercie M. le ministre de l'avoir nommé membre non-résidant du comité, et accepte avec empressement la mission qui lui est confiée de rédiger un Recueil d'instructions sur l'archéologie franque. Il fera en sorte que ce travail, dont il se propose de soumettre le plan et les développements, puisse devenir le manuel de tous les explorateurs, et un guide pratique pour les découvertes qui se font chaque jour par toute la France.

M. de Laborde ajoute que M. l'abbé Cochet sera vraisemblable. ment en mesure de donner lecture de son projet d'instructions lors de la prochaine réunion de la section d'archéologie, et qu'ïl serait nécessaire de le convoquer à cet effet.

Le secrétaire communique un extrait d'une lettre de M. Mathon fils, qui fait connaître que la pierre tombale du sire de Flavacourt n'est pas détruite, comme les ouvriers le lui avaient assuré. La partie gravée est presque intacte; et, pour enlever les effets du

choc qu'a éprouvé la pierre, il suffira de la faire scier sur son épaisseur. L'envoi au musée de Cluny pourra avoir lieu une fois que cette opération aura été terminée.

M. Vallet de Viriville, qui avait été invité à fournir de nouveaux développements, au sujet du projet de publication d'une Iconographie historique des rois de France, dont il a entretenu le comité à diverses reprises, envoie un mémoire où le plan, ainsi que la matière de ce livre, se déroule, avec une certaine étendue, sous les yeux du lecteur. Ce travail, lu par lui à l'Académie des beaux-arts, a été inséré au Moniteur.

Renvoi de ce mémoire à une commission composée de MM. de Bastard, Depaulis, de Laborde et Alb. Lenoir.

M. Samazeuilh avait adressé, pendant les vacances du comité, un rapport, accompagné d'un dessin, sur la découverte faite à Sieuse (commune de Redup, Lot-et-Garonne) de mosaïques, de fragments d'armes et de poteries remontant à l'époque de la domination romaine. Comme M. Samazeuilh réclamait, en même temps, une allocation pour la continuation des fouilles, et que cette demande était appuyée par le préfet du département, le rapport fut immédiatement communiqué à M. le ministre d'État. Ce ministre vient de le renvoyer, en exprimant le regret de ne pouvoir accorder de secours pour la continuation des fouilles.

M. Albert Lenoir est prié de rendre compte à la section du rapport de M. Samazeuilh.

Le préfet de la Somme transmet un rapport qui lui a été adressé par M. Dusevel, au sujet des fragments de couvercles de sarcophages chrétiens, signalés au comité1. Ces fragments, qui sont en pierre bleue ou de Tournai, ont été découverts en 1848, en faisant disparaître une terrasse haute de deux à trois mètres, sur huit mètres environ de large, qui tenait au mur de l'église de Nesle, dans la direction du S.-O. On pensa que cette terrasse était le reste d'un ancien cimetière, car on y rencontra un grand nombre de débris humains et de pots de terre contenant de l'étoupe à demi-consumée, et une quinzaine de cercueils, en pierre blanche du pays assez mal taillée, ne portant aucune inscription. Les plus remarquables étaient les restes des deux sarcophages qui font l'objet du rapport, et qui viennent d'être placés dans l'ancienne collé

Voir ci-dessus, p. 25.

giale de Nesle, où ils se trouvent désormais à l'abri de toute détérioration. M. Dusevel joint à son rapport un dessin qui fait connaître la forme et les ornements de ces couvercles, regardés dans le pays comme étant de la première moitié du x11° siècle.

La section désirerait que M. Dusevel pût lui fournir des estampages de ces couvercles, afin d'être mise à même d'apprécier, d'une manière précise, l'époque à laquelle ils appartiennent.

M. Charles Fichot fait connaître qu'il a recueilli les éléments d'un travail complet sur les dalles tumulaires du département de l'Aube, qui existent encore en grand nombre et suffisent pour donner une idée assez complète de ce qu'était cet art en France, du xr siècle au xvII. M. Fichot adresse, comme spécimen, un dessin, accompagné d'une description, de la tombe du seigneur de Barbuise, qui se trouvait dans l'église du village de ce nom. Cette tombe, d'un très-beau travail, date du commencement du XIVe siècle.

Renvoi de cette communication à M. de Laborde.

M. l'abbé Magl. Giraud annonce qu'il vient de recueillir et de préserver de la destruction plusieurs documents historiques des xvio et xvi° siècles; il a déposé ces papiers dans les archives de la paroisse de Saint-Cyr (Var), et il les communiquera successivement au comité. A sa lettre, sont jointes les copies de deux inventaires des tableaux composant la collection de François de Boyer, seigneur de Bandol; ces inventaires portent la date de 1680.

Renvoi pareillement à M. de Laborde.

M. l'abbé André transmet une pièce de monnaie qu'il a trouvée dans son jardin, et donne la description d'une seconde provenant du même endroit.

La pièce envoyée par le correspondant est un de ces jetons de compte de Nuremberg, que l'on rencontre en si grande abondance. M. Chabouillet est prié d'examiner la description, donnée par M. l'abbé André, de l'autre pièce, qui paraît, au premier aperçu, devoir être une monnaie seigneuriale de la maison de Béthune.

M. d'Arbois de Jubainville adresse une note sur l'église SaintLaurent de Fravaux, dont il a déjà entretenu le comité1. Deux

Voir ci-dessus, p. 20.

dessins en couleurs, très-bien faits, exécutés par M. Gaussen et joints à cette note, reproduisent une partie des peintures murales de l'église. Le correspondant rappelle que la découverte de ces peintures est due tout entière à M. l'abbé Tapprest, curé de Fravaux, par les soins duquel le badigeon qui les recouvrait a été enlevé.

M. d'Arbois de Jubainville sollicite en même temps le classement de l'église au nombre des monuments historiques, comme moyen de la préserver des restaurations dont elle est menacée; en effet, les habitants, qui considèrent l'enlèvement du badigeon comme une dégradation, veulent recouvrir les peintures d'un nouveau badigeon. Enfin, M. d'Arbois fait connaître l'intention où est M. Gaussen de donner, dans le Portefeuille archéologique de la Champagne, qu'il publie, des réductions des calques pris par lui des peintures murales de Fravaux.

La section prie M. le ministre de vouloir bien écrire à M. le préfet de l'Aube pour appeler son attention sur les peintures murales de l'église de Fravaux, qui offrent un très-grand intérêt en raison de leur beau caractère. La section désirerait que M. le préfet avisât aux moyens d'assurer la conservation de ces peintures et secondât les efforts de M. le curé Tapprest, dont le zèle mérite des encouragements.

M. d'Arbois fait, en outre, hommage d'une brochure 1.

Remerciments.

M. l'abbé Poquet adresse la copie d'une épitaphe qu'il vient de relever dans l'église d'Ambligny (Aisne). Elle porte la date de 1559, et elle est gravée sur une pierre en losange d'environ oTM,38 de hauteur. « L'inscription, incrustée en ciment rouge, dit le correspondant, est ornée de plusieurs sujets qui occupent les angles, et représentent dans le haut, un cerf affronté de ses branches; au bas, un griffon ailé; sur les côtés, l'agnel ou agnus Dei, avec le nimbe et le porte-étendard, la patte appuyée sur un serpent; de l'autre côté, saint Jean-Baptiste. Un long philactère replié sur lui-même, s'enroulant autour des lettres pour rattacher ces quatre sujets, porte une légende tracée en caractères ordinaires et en chiffres arabes. »

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M. l'abbé Poquet annonce en même temps la découverte qu'il

Voir aux ouvrages offerts, p. 188.

Bulletin. III.

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