« Si j'ai été assez heureux pour obtenir qu'on s'occupat dès à présent de recueillir les matériaux nécessaires à la formation de cette grande collection, j'espère trouver encore quelque sympathie dans le comité pour qu'un travail d'un autre genre, concourant au même but, soit également entrepris. a « L'épigraphie antique n'a de rapport avec les arts que par l'admirable proportion des formes de ses caractères. Le moyen âge réunit à ce même intérêt l'étonnante variété des compositions de toute nature dans lesquelles viennent s'inscrire les caractères des inscriptions. Encadrements ingénieux, banderoles gracieuses, dalles funéraires, balustrades à jour, enroulements finement sculptés, etc., etc., sont autant de motifs charmants qui ne doivent pas être perdus pour les arts, et qui ajouteront beaucoup à l'at trait de notre collection épigraphique. « Je ne voudrais pas que l'on copiât tout; mais je demande que M. Fichot soit chargé de choisir dans le nombre des encadre ments, dans les dalles funéraires, dans les motifs de toutes sortes, ce qui est typique et vraiment caractéristique, et que, dès aujourd'hui, il lui soit donné les moyens de voyager pour remplir cette mission. » La proposition de M. de Laborde donne lieu à plusieurs observations. Quelques membres croient d'abord qu'il serait difficile de donner à une seule personne la mission de dessiner les ornements des inscriptions dans toute la France. D'autres membres font observer ensuite que ce travail devrait suivre et non précéder la formation du recueil dont est chargé M. de Guilhermy. M. Jourdain fait remarquer que cette proposition aurait pour conséquence de substituer une nouvelle publication à celle qui a été adoptée par M. le ministre. Les dessins qu'il s'agirait d'y introduire seraient coûteux à recueillir, à graver; un plus grand nombre de volumes deviendrait nécessaire, et les frais augmentant dans une proportion qui ne serait plus en rapport avec les ressources dont dispose le ministère, l'exécution du recueil des inscriptions de la Gaule et de la France en éprouverait nécessairement des retards. Après de nouvelles explications données par M. de Laborde, l'examen de sa proposition est renvoyé à une commission. M. Alb. Lenoir rend compte d'un rapport adressé par M. Samazeuilh sur l'église de Sieuse, commune de Réaup (Lot et-Garonne): cette église date de l'époque romane, et elle repose sur un établissement romain. On avait déjà trouvé plusieurs colonnes de marbre, près de cet édifice, il y a vingt ans environ; en février 1855, une mosaïque fut pareillement découverte dans un champ qui n'est séparé de l'église que par un étroit chemin. Des tuyaux de terre cuite pour conduire la chaleur, des débris de poteries et de briques à rebords, de nouveaux fragments de colonnes sont sortis des fouilles, que M. Vigier, maire de Réaup, fit exécuter avec intelligence. Les dessins de la mosaïque et d'un tuyau de chaleur sont joints à l'envoi. M. le rapporteur ne pense pas qu'ils soient d'un assez grand intérêt pour être reproduits. Il propose, en conséquence, de se borner à remercier M. Samazeuilh de cette communication. Ces conclusions sont adoptées. par M. de Contencin donne de nouveaux détails au sujet des actes de vandalisme imputés à l'archiprêtre de Saint-Trophime d'Arles, dont le comité a déjà été entretenu à diverses reprises1. De nouvelles accusations ont été produites et en partie confirmées l'enquête à laquelle elles ont donné lieu. Malheureusenient le dommage est irréparable; les objets aliénés sont détruits depuis longtemps et l'on ne peut qu'en déplorer la perte; mais, du moins, de, semblables faits ne peuvent plus se renouveler. Me l'archevêque d'Aix a chargé un des correspondants du comité, M. Clair, de dresser un inventaire détaillé de tout ce que renferme l'église de Saint-Trophime. Désormais l'administration supérieure pourra veiller efficacement à la conservation des objets précieux qui existent à Arles. La section applaudit à une mesure qu'elle appelait de tous ses vœux, et se félicite d'avoir pu contribuer à ce résultat par son intervention. M. de Contencin entretient ensuite la section d'une vente faite sans autorisation, comme cela avait eu lieu à Arles, mais où les acquéreurs ont été contraints à restitution. La section pense qu'il est utile de donner toute la publicité possible à ce fait en le consignant au procès-verbal de la séance. E Il existe, dans l'église de la commune de Villenauxe (Aube), une châsse renfermant les reliques vénérées de saint Alban ou Voir ci-dessus p. 67 et 71. saint Blanchard. Cette châsse n'est pas seulement précieuse au point de vue de la piété des fidèles, elle l'est encore pour les amis de l'art du moyen âge comme travail extrêmement curieux de l'orfévrerie du xır° siècle. Bien qu'elle ait subi, à diverses époques, soit durant les guerres de religion, soit en 1793, des dégradations fort regrettables, on y voit encore de beaux émaux, des colonnettes à chapiteaux et à bases ciselés avec soin et dorés, des nielles, des statuettes et des ornements repoussés et ciselés, d'un travail remarquable. Elle était ornée, autrefois, de pierres précieuses qui ont disparu. Un pareil monument devait tenter la cupidité des spéculateurs, et sa conservation, dans l'église de Villenauxe, devenait d'autant plus difficile, que la fabrique est pauvre, que l'église elle-même menace ruine et nécessite une prochaine reconstruction. • Aussi arriva-t-il qu'un jour l'autorité diocésaine apprit que, malgré ses recommandations, le curé, d'accord avec la fabrique, avait vendu la précieuse châsse à deux marchands d'antiquités moyennant la somme de 2,025 francs. Averti sur-le-champ, M. le ministre des cultes invita M. le préfet de police à prendre les mesures nécessaires pour faire réintégrer dans l'église de Villenauxe un objet qui, aux termes de plusieurs circulaires et décisions ministérielles, ne pouvait être aliéné sans une autorisation de l'évêque du diocèse et du préfet du département. a Les dispositions prises avec activité par M. le préfet de police ont eu un plein succès. Le curieux monument a été retrouvé, et les amis de l'art religieux pourront le voir encore dans l'église de Villenauxe, jusqu'au moment où il sera possible de donner suite à une proposition de M. l'évêque de Troyes. Le prélat exprime le vœu que, la petite paroisse une fois désintéressée, la châsse de saint Alban puisse reposer désormais dans la cathédrale, qui l'avait possédée d'abord, et où l'on veillera avec une plus grande sollicitude à sa conservation. » La séance est levée à cinq heures un quart. xi RÉUNION GÉNÉRALE DU COMITÉ. Séance du 5 mai 1856. Présidence de M. le marquis DE PAStoret. La séance est ouverte à deux heures et demie, sous la prési dence de M. le marquis de Pastoret. Le procès-verbal de la séance générale du 7 avril est lu et adopté. Le secrétaire fait connaître l'état des impressions, et communique la liste des ouvrages dont il a été fait hommage depuis la dernière réunion du comité en assemblée générale. Des remercîments sont adressés aux auteurs des envois. M. Guigniaut rend compte des travaux de la section de philologie durant le mois d'avril. La section a tenu deux séances. La première a été consacréc à entendre la lecture d'un rapport adressé à M. le ministre par M. Guessard, sur le plan du recueil des anciens poëtes de la France. La section s'est assemblée une seconde fois pour discuter le plan du rapport qui lui avait été communiqué. Elle a soumis quelques observations à M. Guessard, et c'est ce rapport, revêtu de la complète adhésion de la section, dont la lecture est à l'ordre du jour de la séance. M. le marquis de la Grange indique successivement les diverses propositions que la section d'archéologie présente à la ratification du comité. La section demande au comité de préciser davantage le vœu émis, lors de la dernière réunion générale, au sujet des dessins de Gaignières, qui se trouvent en Angleterre. La section est d'avis que le comité devrait prier M. le ministre d'envoyer des artistes à Oxford, avec la mission spéciale de copier tous les dessins que renferment les volumes appartenant à la bibliothèque Bodléienne. La section propose au comité d'appuyer auprès de M. le ministre la demande de souscription au Recueil des inscriptions de la Gaule antérieures au vir siècle, adressée par l'auteur, M. Leblant. Le comité adopte ces propositions et s'unit à la section pour remercier M. le ministre d'avoir bien voulu adresser au ministre d'État une recommandation en faveur de la conservation des murailles gallo-romaines de la ville de Dax. Enfin, le comité adhère à la proposition de publier dans le Bulletin: Des additions au mémoire de M. l'abbé Cochet sur les croix en plomb trouvées sur les morts; Une notice de M. de la Fons de Mélicocq sur l'horlogeur Jacquemart; Le dessin d'un verre antique trouvé dans la Vendée, avec une notice de M. de la Villegille; Le dessin sur bois d'un écusson figuré sur la tombe d'un architecte du xv° siècle, à joindre au procès-verbal où il en est fait mention; L'insertion d'une note relative à l'annulation de la vente faite sans autorisation d'une châsse appartenant à une église du diocèse de Troyes. Le comité adopte également, après en avoir entendu la lecture, le plan des instructions sur la musique, dont une récente déci sion a chargé M. de Coussemaker. A cette occasion, M. de la Grange ouvre l'avis de publier in extenso, dans le Bulletin, les plans des instructions sur l'archéologie franque et sur la musique, afin de mettre les correspondants du comité à même de transmettre à MM. Cochet et de Coussemaker les indications particulières qu'ils auraient pu recueillir sur ces sortes de matières. Cette proposition est adoptée. Enfin, M. de la Grange donne un rapide aperçu des autres objets dont s'est occupée la section d'archéologie, mais à l'égard desquels la sanction du comité n'est pas nécessaire. Le secrétaire présente un résumé analogue des travaux de la section d'histoire. Les propositions que la section d'histoire soumet à l'approbation du comité sont les suivantes : Mise sous presse du tome III de la Correspondance, etc. du cardinal de Richelieu, par M. Avenel. |