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s'en plaint en le remarquant. Dans ce vague chacun se faisait une habitude à soi. On peut recueillir cependant un certain nombre d'observations générales, notamment l'emploi très-fréquent de l'x dans une quantité de syllabes où nous mettons aujourd'hui des 1. Personne n'a exagéré l'emploi de l'y comme Henri IV; il ne se sert de l'i que pour la consonne j, et dans le mot Dieu. Excepté dans ce seul mot, le son i, dans ses véritables autographes, est toujours figuré par un y. On trouve cependant çà et là quelques infractions à cette habitude, dans des lettres qu'il envoyait comme autographes, mais qui étaient en réalité tracées par le secrétaire de la main, chargé spécialement de contrefaire le plus fidèlement possible l'écriture du roi1. A plus forte raison trouvera-t-on de ces négligences dans les œuvres des faussaires, où la force de nos habitudes fait oublier en quelques endroits les bizarres assemblages de lettres qu'on s'évertue à reproduire.

Il est encore d'autres observations partielles sur l'écriture de Henri IV, qu'il serait difficile de généraliser, et qui ne peuvent servir utilement pour contrôler l'authenticité, qu'au moyen d'une pratique très-assidue.

La plupart des falsifications que je viens de signaler ont eu leur source dans des prétentions mensongères, où souvent la vanité s'accordait avec des intérêts assez réels. Car en se parant d'une illustration usurpée, on a par fois espéré d'imposer par cet éclat trompeur, et de tirer parti de la déception pour quelque riche alliance ou quelque avancement extraordinaire.

On ne saurait donc trop se mettre en garde contre des chances d'erreurs qui, en altérant un texte historique si précieux, nous rendraient les complices involontaires de semblables calculs. Aussi ai-je mis tous mes soins à étudier les véritables caractères de l'authenticité des lettres de Henri IV; et c'est pour cela, Monsieur le Ministre, que j'ai cru devoir répondre à votre demande avec detels développements.

1 M. Jung, dans une thèse soutenue depuis la rédaction de ce rapport, et publiée sous ce titre, Henri IV considéré comme écrivain, a réuni de curieuses observations sur ce point et sur plusieurs autres, par suite d'une étude approfondie de cette correspondance.

Bulletin. 111.

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LVI.

Rapport lu à la séance d'archéologie du 23 juin 1856, par M. L. Renier, membre du comité, sur une communication de M. Jeannel fils, relative au recueil des inscriptions de la Gaule.

M. Jeannel fils, élève de la classe de rhétorique (lettres) au lycée de Montpellier, a adressé à M. le ministre des fac-simile parfaitement exécutés de quatre inscriptions, dont trois appartiennent à l'époque romaine, une à l'époque du moyen âge.

La première de ces inscriptions est encastrée dans le mur de la sacristie de l'église paroissiale du village de Castelnau: c'est un monument d'une grande importance, puisqu'elle peut servir à prouver que l'antique Substantio, sur l'emplacement de laquelle ce village est situé, faisait partie du territoire de la colonie de Nemausus. Elle a été plusieurs fois publiée (par Muratori, p. 356, 2; par Gudius, p. 328, 13; par Maffei, Antiq. Gall., p. 66; par Gariel, Series præsul. Magal., p. 21; par Ménard, Hist. de Nîmes, t. VII, p. 468, etc.); mais jamais encore on n'en a donné de facsimile.

La deuxième et la troisième sont encastrées dans les murs de l'église de Crès, hameau dépendant de la même commune. Ce sont deux bornes milliaires des règnes d'Auguste et de Tibère. Celle du règne d'Auguste n'a encore été publiée qu'une seule fois, et d'une manière inexacte, par M. Auguste Pelet, dans son Mémoire sur les colonnes itinéraires existant encore entre Ugernum et Substantion, p. 29, no 7. L'autre se trouve déjà dans le livre de Gariel (Series præsul. Magal, p. 22) et elle a été reproduite par Ménard (Hist. de Nîmes, t. VII, p. 452) et par M. Pelet (mémoire cité, p. 50, no 8). Le fac-simile envoyé par M. Jeannel n'en sera pas moins utile à la publication du recueil des inscriptions romaines de la Gaule, puisqu'il nous donne la véritable disposition des lignes et des lettres de ce monument et de tous ceux de la même série.

Le quatrième fac-simile reproduit, ainsi que je l'ai déjà dit, une inscription du moyen âge qui se lit au-dessus de la porte de l'église de Maguelonne. Cette inscription me paraît de nature à trouver place dans la partie du recueil qui sera consacrée aux monu

ments de cette époque; mais ce n'est pas à moi qu'il appartient d'en entretenir la section.

Les notes qui accompagnent ces fac-simile sont écrites d'un style clair et correct; elles ne contiennent rien de trop, et l'on y trouve tous les renseignements désirables. Ces notes annoncent une grande netteté d'esprit, une remarquable rectitude de jugement, et elles me semblent promettre à la France un savant distingué, si leur jeune auteur a la volonté et les moyens de poursuivre la carrière de l'érudition. La volonté, il l'a: l'envoi qu'il nous a fait le prouve suffisamment; les moyens, j'aime à croire qu'ils ne lui manqueront pas non plus, et, dans tous les cas, je prie le comité de contribuer à les lui assurer, en le recommandant à toute la bienveillance de M. le ministre.

LVII.

Note sur un recueil manuscrit des anciennes inscriptions de la ville de Sens, lae à la section d'archéologie, le 25 février 1856, par M. le baron de Guilhermy, membre du comité.

J'ai l'honneur de mettre sous les yeux du comité un manuscrit qui contient toutes les inscriptions relevées et copiées à Sens, avant la révolution de 1789, dans la cathédrale, dans les églises paroissiales, dans les monastères, dans les édifices publics et particuliers. Ce recueil m'a paru complet pour le moyen âge et les temps modernes. L'auteur ne s'est pas occupé des monuments épigraphiques de l'époque gallo-romaine. Le volume a longtemps fait partie de la collection que M. Tarbé avait formée à Sens, et ce savant y a intercalé un certain nombre de notes. A l'époque de la vente de la collection Tarbé, M. Petit de Julleville, un de nos archéologues les plus zélés et les plus instruits, se rendit acquéreur du manuscrit. Aujourd'hui, Mme de Julleville serait disposée à le céder à l'administration.

Les inscriptions sont figurées telles qu'elles étaient gravées sur les monuments, et même avec les armoiries qui les accompagnaient. Beaucoup de familles bourgeoises s'étaient composé des armoiries parlantes. Des emblèmes curieux sont représentés sur

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quelques épitaphes. Ainsi, une chasse à courre était sculptée au bas de la tombe du chanoine Miles Gibier, mort en 1527. La réunion de toutes ces inscriptions formerait une histoire complète des familles sénonaises. La table ne comprend pas moins d'un millier de noms. Sur cette seule nomenclature, il y aurait toute une étude à faire.

Voici l'indication sommaire de ce qu'on trouve dans ce recueil: Des notes sur les armoiries qui existent dans les verrières de la cathédrale, sur les vitraux attribués à Jean Cousin, sur quelques sépultures remarquables;

Listes très-détaillées d'archevêques, d'archidiacres, doyens, préchantres, celleriers, du chapitre de Saint-Étienne; Suite des abbesses de Notre-Dame de la Pommeraie; Indications des sépultures des archevêques de Sens; Les armoiries de la ville, de l'église, du chapitre, des abbayes de Sainte-Colombe, de Saint-Jean et de Saint-Pierre-le-Vif;

Deux dessins représentant la tour de plomb et la façade de la cathédrale. Ils sont grossièrement exécutés; mais ils ont l'avantage d'indiquer la place des anciennes sculptures que la révolu tion a détruites.

Un grand plan de la cathédrale, dressé à la fin du xvira siècle, indiquant toutes les chapelles, les différentes divisions de l'église, et les principaux monuments funéraires;

Représentation de l'ancien labyrinthe, qui était placé dans la nef, et que le chapitre fit détruire en 1768;

Une note sur le gigantesque saint Christophe de la cathédrale d'Auxerre, et sur la manière dont Nostradamus en avait prédit la destruction deux siècles d'avance.

Le manuscrit passe ensuite en revue toutes les églises de la ville.

A la cathédrale.

Détails sur la statue équestre de Philippe de Valois, sculptée au-dessus d'une des trois portes de la façade;

Inscriptions indiquant des fondations, des réparations, des dons de vitraux; fondations intéressantes d'offices particuliers et chapelles;

Epitaphes de doyens, archidiacres, trésoriers, celleriers, précenteurs, chanoines, magistrats, fonctionnaires publics, cheva

liers et dames, bourgeois et bourgeoises, etc., du xive siècle au XVIII®: un grand nombre de ces épitaphes furent supprimées à l'époque de la réfection du pavé de la nef et du chœur, en 1768; Plans de plusieurs chapelles avec les sépultures qu'elles renfermaient;

Fac-simile de la célèbre inscription du clerc Ragulphe, xra siècle; Plans des sépultures archiepiscopales du chœur et du sanctuaire; épitaphes curieuses, surtout celles de la renaissance, avec leurs réminiscences mythologiques et leurs emblèmes païens, notamment celles de Tristan de Salazard et du chancelier Duprat. Quelques-uns de ces prélats sénonais ont été mêlés aux plus grands événements de notre histoire.

Détails sur l'ouverture, qui fut faite en 1725, du tombeau de l'archevêque Pierre de Corbeil, mort en 1222. On y trouva des restes de vêtements très-riches, une crosse, un calice, un anneau. Ces objets furent déposés dans le trésor de la cathédrale. Il n'y avait aucun indice de coiffure.

Inscriptions relatives à la construction et à la consécration, en 1743, du maître-autel qui existe encore.

Epitaphes, les unes louangeuses, les autres diffamatoires, de l'archevêque Louis-Henri de Gondrin, mort en 1674. Les unes en font un réformateur plein de zèle et de piété; les autres un pape des jansénistes, un fauteur d'hérésie, etc.

Aux Cordeliers.

Inscriptions historiques relatives à la fondation, au déplacement, à la reconstruction du monastère;

Nombreuses épitaphes de moines, prêtres, bourgeois, notaires, procureurs, artisans, marchands;

Inscriptions en l'honneur de deux bourgeois, Pierre Bouquet et Jean de Pollangis, qui furent tués par les ennemis, sur la brèche, les 30 avril et 1er mai 1590, tandis qu'ils faisaient le devoir de bons citoyens. Les ennemis étaient les soldats de Henri IV. On lisait sur deux tombes ces inscriptions grotesques :

Ci-git dans ce tombeau

Un rôtisseur nommé Pineau :
Dieu lui donne autant de pardons
Qu'il nous a taillé de lardons.

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